Page images
PDF
EPUB

la province de Lancafter, parmi les ouvriers des manufactures. Touché de cette fituation, & animé par le défir d'oppofer des barrieres à leur dévaftation, M. Clerke a espéré trouver dans les préceptes diététiques, des reffources qui pourreient, en grande partie, prévenir ces fléaux. Il a, en conféquence, confulté les auteurs d'hygiene; il a fait des obfervations, & s'eft convaincu qu'on pourroit tracer un plan général qui, non-feulement, convînt à un endroit, à une manufacture, à une ville, mais à toute la contrée en général. Il s'eft, pour cet effet, adreffé à M. le docteur Percival, & ce célebre médecin lui a communiqué l'efquiffe fuivante, que nos lecteurs feront fans doute bien aifes de trouver ići...

» Pour modérer, éteindre & prévenir les fievres épidémiques, il faut recourir aux moyens fuivans :

}

1o. » Etre très-attentif à la premiere apparition de la fievre. <<

2. Porter les foins convenables aux malades & à ceux qui les entourent, & veiller à la police de l'enterrement des morts. «<

3. Affujertir la famille du malade, & ceux qui en approchent, à une police qui obvie à la propagation de la contagion. «

49.» Accorder une attention particuliere à l'état général du corps entier des pauvres. <<

1°. » Il fera dénommé des officiers de fanté, chargés de faire des recherches pour connoître les malades attaqués de cette fievre, comme auffi de fe procurer des informations promptes. fur

l'invasion de cette maladie; ils feront autorisés à accorder des récompenfes aux perfonnes qui leur donneront ces inftructions, ou leur prêteront des fecours effentiels pour leurs recherches. <

» Ces officiers de fanté feront chargés du fervice journalier des malades, & de leur prefcrire tels remedes que les circonftances peuvent exiger. Ils recevront une rémunération proportionnée à l'exercice de leurs fonctions; & pour obvier à tout relâchement dans les foins, comme auffi à toute tentation de fe livrer à quelqu'écart relativement, foit à la quantité, foit à la qualité des médicamens, on fixera un prix modéré pour chaque vifte, & on rembourfera les avances pour les remedes aux prix de la facture. «

» Les malades auront le privilege de choisir l'officier de fanté qu'ils voudront, pourvu que ce foit un de ceux qui auront été dénommés pour traiter ces maladies. L'opinion eft la base de la confiance, la confiance celle de l'efpérance, & l'efpérance le fouverain cordial des malades. Mais il faut que cette liberté de choix foit limitée parce que la crédulité des pauvres ne les rend que trop fouvent le jouet des impofleurs entreprenans en raifon de leur ignorance. <

[ocr errors]

» 2°. Les officiers de fanté, commiffionnés, feront prendre fans délai une dose de poudre de James, de tartre émétique, ou de tel autre remede que les circonftances exigeront, & que l'expérience a prouvé être fouvent capable d'arrêter la fievre. «

» Ils donneront les inftructions relatives au régime & aux vêtemens des malades, à la ven

tilation, la température & la propreté de leurs chambres, aux précautions relatives à leur linge fale, à leur féparation, autant que faire le peut, d'avec le refte de la famille, & à l'interdiction abfolue de toute vifite. ❝

» Si la fievre menace d'être maligne, ils adminiftreront à chaque perfonne qui aura foin des malades, une dofe de rhubarbe, & enfuite une décoction de quinquina. «

> On lavera les chambres des malades avec du favon (qui n'a pas de mauvaise odeur) & de l'eau chaude, afin qu'elles fechent d'autant plus vite. Il faut que les malades aient du linge propre, tant fur leur perfonne que dans le lit & fi les draps de lit font fales, ou qu'ils fentent -mauvais, il faut leur en donner d'autres. Toutes les fois qu'on les change de linge, ce qui doit être fouvent, il faut plonger celui qu'on a ôté dans de l'eau froide, à laquelle on aura ajouté un peu de leffive des favonniers, ou un peu de chaux vive, & avant que de le laver, il faut le rincer plufieurs fois dans de la nouvelle eau. 11 faut d'ailleurs qu'on le lave au grand air, à l'aide de la machine appellée dolly. «

» Lorsque les malades iront à la felle, le baffin dont ils fe ferviront contiendra un peu d'eau froide, & auffitôt que les excrémens feront vidés, il faut y verfer de la nouvelle eau froide, & l'emporter hors de la chambre fans perdre de

[merged small][ocr errors]

Il eft effentiel pour la pureté de l'air, de le renouveller; il faut encore pour le rendre faJúbre, avoir égard à fa température; car le froid

eft non-feulement désagréable aux fens des malades communément très-délicats; mais il eft encore plufieurs maladies dans lefquelles il nuit par fa qualité fédative, & on l'a fouvent foupçonné de donner de l'énergie à l'infection. Il faut recourir à la ventilation, fans que les malades foient exposés aux courans d'air, attendu que fans inquiétude, fur le danger des effluves morbifiques, ils font fortement prévenus contre les courans d'air froid, fur-tout lorfqu'ils font au lit ou qu'ils dorment. Ces préjugés, s'ils méritent cette dénomination, demandent de la condefcendance; car quand même l'autorité les réduiroit an filence, ils agiroient fourdement & puiffamment fur l'ame, en caufant de l'appréhenfion, des anxiétés & des infomnies. Un feu modéré contribue à la purification d'une chambre; mais en été, où le feu feroit à charge, on placera une groffe lampe ou une chandelle fous la cheminée, pour produire un courant réglé d'air. <

> On ne recommande pas des odeurs ni des fumigations antiseptiques dans les chambres des malades, parce que de la maniere dont on en fait ordinairement ufage, elles n'ont pas beaucoup d'efficacité pour corriger la contagion fébrile, & qu'en outre, elles font toujours nuifibles au fyftême nerveux des malades. «

» Dans tous les cas de mortalité, il faut laver le corps mort avec de l'eau de chaux, l'envelopper dans un drap enduit de poix, & l'enfermer dans une biere. Il faut l'enterrer dans une foffe d'une profondeur confidérable, & on jettera fur le cercueil une quantité fuffifante de

chaux nouvellement éteinte, pour le couvrir en tiérement. Cette précaution a pour objet de préferver du danger de la contagion, lorfque dans la fuite on pourra rouvrir la foffe. «<

» Après la guérison ou la mort d'un malade, on blanchira la chambre avec de la chaux nouvellement éteinte, & on appliquera ce blanc encore chaud. Il faut également laver, avec de l'eau de chaux, le plancher & tous les meubles de bois. Si le lit de plume a été gâté par les excrémens du malade, il faut le brûler; quant au chalft, aux draps de lit, &c. il fuffira de les laver, & de les purifier à l'air, avec des précautions indiquées. «

3°. Si dans la maifon d'un malade attaqué de fievre il y a plus d'une chambre, il ne faut laiffer entrer dans celle où couche le patient, que les perfonnes néceffaires à fon fervice, & on interdira à chaque membre de la famille du malade, l'entrée dans la maifon des voifins, & autant qu'iLeft poffible, le commerce avec les autres citoyens. «

» La même regle fera obfervée à l'égard du commerce des voifins ou des étrangers, avec la famille du malade. «

Dans les cas de malignité particuliere, s'il y a plufieurs malades, & qu'ils foient ferrés dans la même chambre, & que d'ailleurs la facilité de les foigner, & les reffources pour prendre les précautions néceffaires afin d'obvier aux progrès de la contagion, foient difproportionnées aux befoins, il faut les tranfporter dans une autre maison mieux aérée, & où il y aura moins de

« PreviousContinue »