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pouvant empêcher la mort de Timagene, que le tyran veut faire périr fur un échafaud au milieu de la nuit, il fe décide à prendre fa place : couvert de fon manteau, il va s'offrir à la hache du bourreau; mais il eft reconnu : le tyran lui-même, qui tremble pour les jours, lui accorde la vie de fon ami, & promet de l'adopter pour fils. Trafime, au comble de la joie, vient délivrer Timagene ce dernier époufe Ericie, & tous deux remercient Trafime des preuves qu'il leur a données de fa touchante amitié.

Ce fujet heureux eft traité avec beaucoup d'intérêt il y a de l'action & du mouvement dans l'ouvrage ; & fi l'auteur veut en effacer quelques longueurs dans le premier acte & dans le quatrieme, nous ne doutons pas que le public, qui l'a applaudi avec tranfport, ne le voie refter avec plaifir au théatre. Le menfonge, dont fe fert Memnon, pour tromper Trafime, a paru trop groffier; on peut lui donner une plus grande apparence de vérité, foit par une fauffe lettre foit par tout autre moyen. Il faudroit auffi retrancher tout ce qui fuit la fortie d'Ericie au quatrieme acte, & faire dire, au cinquieme, à Trafime, en quatre vers feulement, qu'il a puni Memnon de fa trahison, &c. Alors l'action marcheroit avec plus de rapidité. Quoi qu'il en foit, cette tragédie eft eftimable & du côté des développemens & du côté du flyle.

(Journal de Paris; Chronique de Paris; Affiches, annonces & avis divers.)

ANGLETERRE.

THE Woodman, &c. Le garde-de-chaffe, opéracomique, représenté fur le théatre de Covent-Garden. Paroles de M. BATE DUDLEY, mufique de M. SHIELD.

Emilie, élevée avec le jeune Wilford & fa fœur, eft devenue l'objet de l'amour le plus tendre, & elle et loin d'y être infenfible. Mais le jeune homme, ayant eu le malheur de perdre fa fœur, perdit auffi tout prétexte de voir fon amante; & auffi-tôt qu'un oncle, dont il dépend, s'apperçoit de fa paffion, il l'envoie en pays étranger pour empêcher un mariage peu avantageux du côté de la fortune. L'oncle meurt pendant l'absence du jeune homme, & celui-ci, fe voyant libre de fuivre le penchant de fon cœur, revient en Angleterre pour unir fon fort à celui de fa chere Emilie. Mais cette généreuse amante, fachant combien toute la famille de Wilford eft indifpolée contre elle, prend la ferme réfolution de facrifier fon propre bonheur, plutôt que d'être la caufe d'une brouillerie entre de proches parens; &, dans le deffein de fuir fon amant, elle abandonne fa maison, & va chercher un afyle au fond de la forêt voifine, où elle eft accueillie par un honnête garde-dechaffe & fes enfans. Le feigneur à qui appartient la forêt, voit par hafard la belle étrangere, & en devient amoureux. C'eft un vieux garçon qui, ayant occupé une place de magif

trature, s'eft retiré dans son canton, où il exerce encore l'emploi de juge de paix. Son clerc, qui eft l'amoureux d'une des filles du garde-de-chaffe, & dont le frere eft auffi épris des charmes d'Emilie, travaille de fon mieux à détourner l'amant furanné de fon projet, en lui infinuant des foupçons fur la conduite de la belle inconnue en même tems qu'il fait en vain tout ce qu'il peut pour fervir fon frere auprès d'elle. Le magiftrar, auffi zélé pour les bonnes mœurs qu'irrité par les refus d'Emilie, ordonne au garde-de-chaffe de la faire fortir de chez lui; & lorfque celui-ci fait des repréfentations, il lui fignifie qu'il lui ôte fon emploi, & qu'il ait à fe pourvoir ailleurs. Le clerc voyant que fes plaifanteries vont avoir des fuites aufli férieufes, en a bien du chagrin, & forme des projets de défabufer le magiftrat fur le compte d'Emilie. Dans cette fituation des affaires, arrive Wilford avec fon ami le capitaine Odonel. Ayant eu quelques foupçons du lieu de la retraite d'Emilie, ils la cherchent dans ces environs; après être convenus d'un point de rendez vous, ils prenent des chemins différens dans le bois. Odonel arrive le premiere à la chaumiere qui cache le tréfor perdu. Il devient éperduement amoureux d'Emilie, fans favoir qui elle est. Pour s'en affurer, il s'adreffe au frere du clerc qui, craignant la concurrence d'un rival qui lui paroît affez dangereux, lui dit que c'eft la fœur du feigneur du village, & fe charge même d'une lettre pour celle-ci, où l'amoureux capitaine la conjure de lui accorder un moment d'entrevue. La démoi

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felle, à laquelle le villageois délivre fidélement la lettre, eft véritablement la foeur du magiftrat, mais c'eft une vieille folle très-peu faite pour inf pirer de l'amour. Ayant appris par l'émiffaire que l'amant en queftion eft un jeune cavalier trèsaimable, elle fe réfout à vaincre tous fes fcrupules, & lui donne un rendez-vous dans la houblonniere du garde-de-chaffe. Odonel extafié de fa bonne fortune y vole, pendant qu'une troupe de jeunes filles s'y raffemble auffi d'un autre côté, pour s'exercer à tirer de l'arc. C'eft Emilie qui remporte le prix, & Wilford, attiré par le bruit des acclamations, reconnoît fa maîtreffe, fe jette à fes pieds, & lui annonce qu'il a fu vaincre tous les obftacles qui s'oppofoient à leur union. Odonel les joint, tour confus de fa méprife & poursuivi par fa belle, qui demande réparation de l'infulte faite à fes charmes. Le magiftrat qui furvient, renvoie fa fœur chez elle renouvelle connoiffance avec Wilford, fait des excufes à Emilie, rend fa faveur au garde-dcchaffe, & confent à ce que la fille de celui-ci époufe auffi fon amant.

Cette piece a été très bien jouée, & a reçu beaucoup d'applaudiffemens. Auffi les entrepreneurs n'ont-ils rien épargné de ce qui peut contribuer à l'effet théatral. Les décorations ont fait beaucoup d'honneur au pinceau de M. Richards. La fortie de la forêt, avec un moulin, & la campagne en perspective, a fait l'illufion la plus agréable. La cour ruftique, devant la maifon du garde-de-chaffe, & la houblonniere avec un vieux chêne, ont aufli remporté tous les fuffrages.

The modern antiques. Les Antiques modernes,

médie de M. OKAFFE, pour le théatre de Covent-Garden.

Un prétendu connoiffeur eft la dupe & la rifée de tout ceux qui l'environnent. Son neveu l'engage à acheter pour des antiques quelques pots caffés de fa propre cuifine, & pour de la toile d'Otaheity un morceau de fa robe-de-chambre, que le rusé neveu a eu l'adreffe de lui couper, fans qu'il s'en apperçoive, devant les spectateurs. Plufieurs autres tours de cette nature, encadrés avec des incidens qui n'y ont nul rapport, font de cette comédie une piece peu réguliere, mais qui a plu par fa gaieté, & l'on peut dire même par fon extravagance, qui a fait rire jusqu'aux cenfeurs les plus féveres.

STOCKHOLM.

Suite du répertoire de l'affociation dramatique. Penelope, tragedie i fem acter, &c. Pénélope; tragédie en cinq actes & en vers, représentée pour la premiere fois fur le théatre de la cour, le 22 fep

tembre 1791.

Homere nous a peint Ulyffe, errant sur les mers pendant dix ans, après la deftruction de Troye, & cherchant en vain sa patrie. La conftance du héros, fupérieure à tous les revers, le ramene enfin à Ithaque, mais féparé de tous fes guerriers, & privé de toutes les marques qui auroient pu le faire reconnoître après vingt ans d'abfence. Ayant fait naufrage fur les rochers qui environnoient

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