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de noyers dans les environs de Valence, le prix de l'huile de noix y eft confidérablement augmenté, ce qui met les pauvres dans le cas de ne pouvoir le procurer cette denrée néceffaire à plufieurs ufages. Pour obvier à cet inconvénient, il propofe d'y établir la culture de la navette & du colfat, dont il résulteroit que, le prix de l'huile revenant aux taux ordinaires, les pauvres pourroient s'en procurer relativement à leur befoin. L'auteur en a démontré la poffibilité en expofant le genre de culture convenable à ces plantes, & la maniere d'extraire l'huile de leurs graines avec les preffoirs pour l'huile de noix dont on fe fert dans le pays.

La féance a été terminée par la lecture qu'a faite M. Sucy, commiffaire des guerres, membre adjoint, d'un mémoire ayant pour titre : Quels doivent être les rapports des arts de peinture, fculpture & architecture avec notre nouvelle conftitutution, avec cette épigraphe : Par-tout où il n'y a pas de partage de terres ou de communauté de biens, il y a des oififs, & les arts font utiles. L'auteur a prouvé dans la premiere partie, que la culture des beaux-arts n'étoit point chez un peuple libre un élément deftructeur de fon gouvernement; dans la feconde, il a difcuté leur influence & leur application.

(Journal encyclopédique.)

I I I.

'ACADÉMIE des Sciences, arts & belles-lettres de Dijon.

Le 28 août dernier, l'académie a tenu fa féance publique. M. Chauffier, fecrétaire-perpétuel, en a fait l'ouverture par le difcours qui fuit.

» L'académie avoit propofé pour sujet d'un prix qu'elle devoit décerner dans cette féance, de déterminer les raifons qui, de nos jours, rendent les fievres catarrales fi fréquentes, tandis que les fievres inflammatoires & les bilieufes, maladies trèscommunes dans les fiecles précédens, deviennent chaque jour plus rares. «

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>> En propofant cette queftion à l'émulation des favans, l'académie avoit fenti combien la folution qu'elle défiroit, exigeoit de recherches, connoiffances, de méditations. En effet, il ne fuffit pas de raffembler quelques préceptes généraux, quelques obfervations ifolées fur la nature, la marche des maladies; mais il faut déterminer quelles révolutions fe font opérées dans nos climats, dans nos tempéramens, pour amener ainfi un changement fenfible dans le caractere des maladies; &, pour parvenir à ce point, il faut examiner l'influence du régime, des habitudes, des mœurs, & même du mode de gouvernement: car à la longue toutes ces caufes agiffent également fur le moral, fur le physique des peuples; leur action eft lente, il eft vrai; mais leur impreffion n'en eft pas moins reconnoiffable pour

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qui fait obferver auffi voyons-nous, & l'hiftoire nous le prouve, que chez un peuple énervé par le luxe, accablé fous le joug du defpotisme, les maladies font fréquentes, longues, irrégulieres; elles exigent des fecours multipliés, & toutes ont un caractere qui annonce la débilité & l'excès de fenfibilité, tandis que chez un peuple libre & qui jouit de toutes fes facultés, nonfeulement les maladies font plus rares, moins longues, mais encore elles ont dans leur marche unc régularité, un caractere qui annonce la force & l'énergie de la nature. En fuivant ces confidérations, nous pouvons annoncer fans crainte de nous tromper, qu'un tems viendra, & ce tems n'eft pas éloigné, où l'on verra disparoître toutes ces maladies de langueur & de débilité, routes ces affections nerveufes, fi fréquentes de nos jours, & ce fera à la régénération des mœurs, ce fera à notre régénération politique, à la fageffe d'une conftitution libre, que nous devrons encore ce bienfait. <

» Envifagée fous ce point de vue, la question propofée par l'académie mérite également l'attention la plus férieufe des médecins & des philofophes; mais, quelque intéreffante que foit cette queftion, un intérêt plus grand, plus puiffant encore a fixé l'attention générale, a fufpendu les recherches des favans. L'académie l'a bien fonti auffi, pour ne pas abandonner cette queftion importante, pour laiffer aux concurrens le tems de donner à leurs ouvrages toure la perfection dont ils font fufceptibles, elle a arrêté de proroger jufqu'à l'an prochain le concours

qu'elle avoit ouvert; elle prévient donc qu'elle admettra au concours jufqu'au 1er avril 1792, tous les mémoires qui lui feront adreffés sur cette queftion. Le prix eft de la valeur de 600 liv. & l'académie efpere avoir la fatisfaction de le décerner dans la féance publique qu'elle tiendra au mois d'août 1792. <

> Elle diftribuera dans la même féance un autre prix dont le fujet tend à perfectionner les procédés d'un art néceffaire à nos befoins journaliers. Tout le monde fait que les chapeaux font fabriqués avec des laines, ou différentes efpeces de poils d'animaux dont on forme une forte d'étoffe connue fous le nom de feutre; mais pour parvenir à former un feutre, les moyens mécaniques connus jufqu'à préfent ne fuffifent pas; il faut une opération préliminaire que les fabricans' défignent fous le nom de fecretage, parce que long-tems ils en ont fait un fecret. Cette opération, qui eft fondée fur des principes chymiques, confifte à humecter légerement les poils avec une broffe trempée dans une diffolution de mercure par l'acide nitrique, ou eau-forte. Cette diffolution a bien l'avantage de faciliter le feutrage; mais, outre la dépenfe qu'elle entraîne, elle exige des foins dans fon apprêt; elle altere la qualité des chapeaux, &, ce qui eft plus impor tant encore, elle n'eft pas fans danger pour la fanté des ouvriers. L'académie n'a pas vu avec indifférence cet objet. Elle propose donc pour fujet d'un prix, non-feulement de déterminer quelle eft Paction des diffolutions acides métalliques fur les poils employés dans la fabrication des chapeaux

mais encore elle demande d'indiquer, d'après l'expé rience, les moyens de remplir le même objet par des préparations plus fimples, plus économiques, & fursout moins nuifibles à la fanté des ouvriers. <

Ce difcours a été terminé par une Adresse aux agriculteurs pour les inviter à communiquer à T'académie leurs vues, leurs obfervations fur, les différentes méthodes de cultiver ainfi que fur tous les objets d'économie rurale.

M. Groffart a lu yn Mémoire fur les moyens.de faire des inftrumens de gomme élastique avec les bouteilles qui nous viennent du Bréfil.

Depuis long-tems le caoutchouc, ou gomme élaftique de Cayenne, a fixé l'attention des favans & des artistes. L'élafticité finguliere de cette fubftance, fa flexibilité, le peu d'altération qu'elle. éprouve de la plupart des corps, ont fait penser qu'elle pourroit être utile dans plufieurs arts; mais elle nous parvient du Bréfil façonnée en bouteilles, oiseaux & autres figures bizarres qui en rendent l'ufage très-circonfcrit. On fait bien que cette fubftance finguliere eft formée par le fuc d'un arbre de la famille des euphorbes, qui croît naturellement à Cayenne, & que depuis peu on a trouvé à l'ifle de France. Ce fuc, que l'on retire de l'arbre par incifion, devient concret comme les gommes, & fi on l'avoit dans fon état de fluidité, on s'en ferviroit aisément pour faire des vafes, des tuyaux, & on lui donneroit toutes les formes convenables pour les befoins de nos arts; mais ce fuc s'altere avec le sems, fe décompose par la chaleur, & perd alors fes propriétés. Sans doute l'addition de l'alcohol,

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