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X II I.

Pour toute jeune débutante

Qui veut entrer dans les ballets,

Quatre examens au moins; c'eft la forme conftante:
Primò, le duc qui la préfente,
Y compris l'intendant & les premiers valets :
Ceux-ci, près de la nymphe ont droit de préféance,
Secundò, nous, fes directeurs ;

Tertiò, fon maître de danfe;
Quarid, pas plus de trois a&eurs:
Total, onze examinateurs.

XI V.

Fieres de vider une caiffe, -
Que celles qu'entretient un fermier-général,
N'infultent pas dans leur ivresse

Celles qui n'ont qu'un duc; l'orgueil fied toujours mal,
Et la modeftie intérefle.

XV.

X V I.

Le nombre des amans limité déformais :

Défense d'en avoir jamais

Plus de quatre à la fois; ils fuffent pour une.
Que la reconnoiffance égale les bienfaits;

Que l'amour dure autant que la fortune (1).

(1) Puifque nos femmes ont le droit de ruiner leurs amans, la nation les invite à préférer les financiers.

X VI I.

Que celles qui, pour prix de leurs heureux travaux,

Vivent déja dans l'opulence,

Out un hôtel & des chevaux,

Se rappellent parfois leur premiere indigence,
Et leur petit grenier, & leur lit fans rideaux.
Leur défendons en conféquencè
De regarder avec pitié

Celle qui s'en retourne à pić;
Pauvre enfant dont l'innocence
N'a pas encor réuffi,

Mais qui graces à la danfe,
Fera fon chemin auffi.

XVIII.

Item, ordre à ces demoisellas

De n'accoucher que rarement ·

En deux ans une fois, qu'une fois feulement;
Paris ne goûte point leurs couches éternelles.
Dans un embarras maudit,

Ces accidens-là nous plongent :
Plus leur taille s'arrondir,

Plus nos vifages s'alongent.

XIX,

Item, très folemnellement

Prononçons une juste peine

Contre le raviseur qui vient infolemment
L'or en main dépeupler la fcene.
Taxe pour chaque enlevement;
Cette taxe impofée à raifon du talent,
De la beauté fur-tout: tant pour une danfeufe,

Tant pour une jeune chanteuse;

Rien pour celles des chœurs, nous en ferons préfent (1).

(1) Sans garantie.

NS

Et pour qu'on ne prétende à faute d'ignorance,
Sera la préfénte ordonnance
Imprimée, affichée à tous nos corridors,
Aux murs des loges, aux coulisses,
Aux palais des Rolands, aux chambres des Médors,
Et dans les boudoirs des actrices.
De plus, en nos foyers fera ledit arrês
Enregistré dans la formé ordinaire

Pour le bien général & pour notre intérêt ;.
Détruifant, annullant, autant que befoin eft,
Tout réglement à ce contraire.

L'an de grace, foixante-sept.

Fait en notre château, dit en langue vulgaire
Le magasin, près du palais-royal.

Signés, Lebreton & Trial.

Plus bas Joliveau, fecrétaire.

:

LE TEMS ET L'AMOUR,

ALLEGORIE adreffée à Mlle. AIMÉE DE VIL......

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z Tems fe plaignoit au Deftin Du dieu qu'on adore à Cythere :

Oui, difoit-il, l'enfant malin,

Sitôt que je parois, fuit d'une aîle légere;

Il affecte de m'éviter,

Il femble craindre ma préfence,

Et quoi que je puiffe inventer,

Nous ne fommes jamais de bonne intelligence.
Hélas! dit l'enfant fedu&teur,

A quitter les lieux que j'habite,

Tu ne montres pas moins d'ardeur ;

Quand l'Amour eft préfent, le tems paffe bien vite. Par Ave, CH. DE LA SERRIE

VERS

A. Mlle. ADELINE, jouant une demi scene dans les Elpiégleries de Garnison.

Qu
QUOI

uoi! l'on fait des espiégleries

Et toi, nonchalante Marton,

Que l'on a mise, avec raison,
Au nombre des femmes jolies
Tu ne fais aucunes folies,
Au milieu d'une garnison!

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C'en eft trop... Je romps le filence,
Et crois, d'après ce trait nouveau
Que l'auteur étoit en démence,
Lorfqu'il deffina ce tableau.

Ah! s'il eût fu mieux re connoltre,
Il t'eût fait jouer plus d'un tour,
Il 'eût fait balotter l'Amour,
Qui pense n'avoir point de maître :
Enfin, il eût fini l'erreur

De celle qui regne à Cythere;

Des deux enfans dont elle eft mere,

Vénus auroit vu que la fœur

Eft plus efpiegle que le frere.

Par M. VICTOR-Auguste de Bourow;

ODE

A un prince qui m'invitoit à vivre auprès de lui; par M. MALLET de Geneve.

GRAND prince ! à qui les déftinées

Ont accordé de fi beaux jours,

Et qui voit couler tes années
Entre la gloire & les amours,

Ta cour auroit pour moi des charmes
De l'amitié j'entends la voix,

Mais à l'amour je rends les armes,
Ce dieu me retient fous fes loix.

Crédit, grandeurs, gloire, fortune !
Je réfifte à tous vos attraits,
Votre éclat en vain m'importune
*** feul à mes regrets.

C'eft pour lui qu'eft faite la gloire,
Pour lui formé du fang des dieux.
Moi, dans les faftes de l'histoire
J'écrirai fon nom glorieux.

Ce héros, Fortune superbe!
Pour te plaire, a franchi les mers.
Le vermiffeau rampe fous l'herbe
L'aigle s'éleve au haut des airs.

Si je ne puis, dans ma carriere,
Avoir de brillans fuccès,

Je veux au moins dans ma cháumiere,
Vivre obfcur & mourir en paix.

Trop heureux qui fous les ombrages;
Plantés des mains de fes ayeux,

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