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qui eft bien en foi-même peut devenir ridicule lorfqu'il contrafte avec d'autres ufages, & que Fenfemble de l'habillement préfente un tout & hétérogene & bizarre. Je dirois à nos jeunes pa triotes: fi vous refpectez la parure naturelle & primitive en laiffant à vos cheveux leurs ondulations & leur couleur, pourquoi l'outrager dans nos habillemens interrogez un peintre ou un fculpteur, & demandez-lui s'il pourra retrouver les formes du corps humain dans ce gilet qui s'arrête à votre eftomach, & dans ces culottes qui doublent la longueur de vos cuiffes aux dépens de votre ventre & de vos jambes. Croyez-vous en paroître mieux faits? Regardez les proportions de l'Apollon & de l'Antinous, & n'ordonnez plus à vos tailleurs de perfectionner ou de gâter la

nature.

LE VIEILLARD.
(Journal de Paris. >

Ile. LETTRE DU VIEILLARD.

ON

Na dit fouvent que, pour avoir une bonne légiflation, il n'étoit pas toujours néceffaire de créer des loix nouvelles, & qu'il fuffiroit quelquefois de remettre en vigueur les loix anciennes que le tems avoit vieillies, & dont l'exécution étoit négligée. Cette opinion doit plaire aux vieillards, qui font bien aifes de voir qu'il n'eft pas néceffaire d'êure moderne pour être fage.

L'affemblée nationale doit s'occuper des moyens d'abolir le duel, cette coutume barbare qui naquit chez les peuples polis; je demande s'il ne fuffiroit pas de mettre en vigueur l'édit que Pharamond, fuivant un auteur grave, publia il y a plus de 1300 ans ; je le tranfcris ici, fans en garantir cependant l'authenticité, pour le foumettre à l'opinion publique & à la fageffe des législateurs.

Pharamond, roi des Gaules, à tous les bons » & fideles sujets, falut. D'autant qu'il eft venu » à notre connoiffance royale, qu'au mépris de > toutes les loix divines & humaines, la coutu

me s'eft introduite, parmi la nobleffe & les. > gentilshommes de ce royaume, fur la moindre légere occafion, de même que pour de grieves infultes, de s'appeller en duel, afin de terminer ainfi leurs demêlés par eux-mê✦ mes & de leur propre autorité. Nous avons > cru qu'il étoit de notre devoir de remédier à

cet abus; & après une recherche exacte des caufes qui produifent d'ordinaire de fatales di> vifions, nous trouvons que, malgré toutes les regles que l'humanité, le pardon des injures, qu'on peut regarder comme le plus grand ef fort de l'efprit humain, eft avili & rendu infame, par cette malheureuse coutume; que > tous les devoirs de la fociété civile & d'une > converfation honnête font renversés par-là ; que > les hommes fiers, les impudens & les débauchés > infultent ceux qui font modeftes, difcrets & > d'une vie exemplaire; qu'enfin la vertu eft > foulée aux pieds & le vice encouragé, dans

» cette feule démarche, qui rend un homme > capable d'affronter la mort. Nous avons remar

qué d'ailleurs avec un extrême chagrin, que, >par une longue impunité, caufée par des affaires plus importantes qui nous occupoient alors, ces cruels défis font devenus honorables, & qu'il y a de la honte à les refufer. » Nous voyons auffi que les perfonnes qui ont > le plus de mérite & de capacité, de même » qu'une plus forte paffion pour la véritable > gloire, fe trouvent plus expofées au péril qui > nait de cette licence effrénée à ces caufes, > après avoir mûrement réfléchi fur tout ce qui › et allégué ci-deffus, & confidéré qu'il eft déja » pourvu, par des loix antécédentes, à tous les > cas de cette nature, où il arrive que l'injure > eft trop fubite ou trop criante pour pouvoir

:

la foutenir; & que de moindres injuftices, qui ⚫ naiffent de l'ingratitude, ou de quelqu'autre > mauvais principe, ne fauroient tomber fans » un réglement général, nous avons réfolu de bannir de l'efprit de tous nos fujets cette cruelle mode, qui ne refpire que la vengean>ce, & d'ordonner ce qui s'enfuit :

1o. Toute perfonne qui enverra ou qui acceptera un cartel, ou la poftérité de l'un & de l'autre, quoiqu'il ne foit pas fuivi de la » mort d'aucun des combattans, deviendra in> capable, après la publication de cet édit, > voir aucun emploi dans les terres & pays de > notre domination.

d'a

2o. Toute perfonne qui donnera des preu>ves convaincantes de l'envoi ou de l'accepta

tion d'un cartel, obtiendra la jouiffance de tous > les biens meubles des deux parties intéreffées, » & leur hérier immédiat fera d'abord mis en poffeffion de leurs biens immmeubles, comme s'ils étoient actuellement morts.

3°. » Dans tous les cas, où il s'agit d'un meurtre, & où les loix que nous avons déja don-', > nées, admettent un appel; fi le prévenu eft > alors condamné, non-feulement il fouffrira la > mort, mais tous les biens, meubles & im> meubles pafferont auffi-tôt à l'héritier immé> diat de la perfonne dont le fang a été répandu. » 4°. » Qu'il ne fera plus à l'avenir au pouvoir de notre perfonne royale, ni de nos fucceffeurs, de pardonner un tel crime, ou de > rétablir les coupables dans leurs biens, hon»neurs & dignités.

> Donné à notre cour de Blois, le 8 février » 420, & la feconde année de notre regne. (Journal de Paris.)

DETAILS curieux fur les chiffres.

THEOPHANE, hiftorien de Conftantinople,

qui vivoit dans le neuvieme fiecle, dit expreffément que les Arabes ont retenu les fignes numériques des Grecs, n'ayant pas de caracteres pour marquer tous les nombres. Quand on réfléchit aux progrès & à la communication des arts & des fciences de premiere néceffité, on eft

auffi fouvent émerveillé de la ftérilité que de la fécondité, de l'indigence & de l'opulence de l'efprit humain. Dix figures manquoient aux Arabes, qui pour tout étoient très-ingénieux; ils les ont empruntées; & nous, nous n'avons pu en imaginer Aujourd'hui qu'on calcule tant & bien, que tout eft foumis à des calculs, qu'on n'entend parler que de tarifs, que tout enfin s'exprime rigourenfement en chiffres, la plus grande occupation de la plupart des hommes! teroit-it déplacé de raisonner un peu für l'origine & fur la forme primitive de nos chiffres arabes ?.....

Les Romains n'ont compté que fur leurs doigts comme les Sauvages, même en écrivant, en peignant la pensée & les nombres, & particuliérement dans leurs monumens. Voyons un peu comment il pouvoient calculer avec leurs doigts : leur I, un, eft l'index tout droit; II, deux font deux doigts; III, treis, trois doigts; IIII, quatre, quatre doigts; V, cinq, les deux pouces cachés dans la main, & les deux index qui fe touchent par le bout, en montrant le dos de la main, le tout vu par celui à qui l'on parle; IV,

, quatre, les deux index dont les bouts le tou chent, & le troifieme doigt de la main droite levé; VI, fix, les deux index dans la même pofition, toujours regardant en bas & fe touchant par le bout, & le troifieme doigt de la main gauche levé; VII, Sept, VIII, huit, le quatrieme & le cinquieme de la gauche, levés; X, dix les deux index croifés l'un fur l'autre ; IX, neuf, le troifieme doigt de la main droite, tendu à côté des deux index croifés: on peut effayer ces

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