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de l'empire qui lui eft confiée, & les loix au maintien defquelles il s'eft attaché fans retour.

Il a notifié fes intentions aux princes fes freres; il en a donné connoiffance aux puiffances fur le territoire defquelles fe font formés des raffemblemens des François émigrés. Il efpere que fes inftances auront auprès de vous le fuccès qu'il a droit d'en attendre. Mais s'il étoit poffible qu'elles fuffent vaines, fachez qu'il n'eft aucune réquifition qu'il n'adreffe aux puiffances étrangeres; qu'il n'eft aucune loi jufte, mais vigoureufe, qu'il ne foit réfolu d'adopter, plutôt que de vous voir facrifier plus long-tems à une coupable obftination le bonheur de vos concitoyens, le vôtre & la tranquillité de votre pays.

Fait à Paris, le 12 novembre 1791. Signé LOUIS. Et plus bas, DELESS ART.

LETTRE DU ROI aux princes François, fes fieres. PARIS, le 16 octobre 1791,

JAURO

'AUROIS cru que mes démarches auprès de vous, & l'acceptation que j'ai donnée à la conftitution, fuffifoient, fans un acte ultérieur, de ma part, pour vous déterminer à rentrer dans le royaume, ou du moins abandonner les projets dont vous paroiffez être occupés. Votre conduite depuis ce tems devant me faire croire que mes intentions réelles ne vous font pas bien connues, j'ai cru devoir, à vous & à moi, de vous en donner l'affurance de ma propre main.

Lorfque

Lorfque j'ai accepté, fans aucune modification, la nouvelle conftitution du royaume, le vœu du peuple & le défir de la paix m'ont principalement déterminé ; j'ai cru qu'il étoit tems que les troubles de la France euffent un terme; & voyant qu'il étoit en mon pouvoir d'y concourir par mon acceptation, je n'ai pas balancé à la donner librement & volontairement : ma' réfolution eft invariable. Si les nouvelles loix exigent des changemens, j'attendrai que le tems & la réflexion les follicitent je fuis déterminé à n'en provoquer & à n'en fouffrir aucun par des moyens contraires à la tranquillité publique & à la loi que j'ai acceptée.

Je crois que les motifs qui m'ont déterminé doivent avoir le même empire fur vous je vous invite donc à fuivre mon exemple. Si, comme je n'en doute pas, le bonheur & la tranquillité de la France vous font chers, vous n'hésiterez pas à concourir par votre conduite à les faire renaître. En faifant ceffer les inquiétudes qui agitent les efprits, vous contribuerez au rétabliffement de l'ordre, vous affurerez l'avantage aux opinions fages & modérées, & vous fervirez efficacement le bien que votre éloignement & les projets qu'on vous fuppofe ne peuvent que

contrarier.

Je donnerai mes foins à ce que tous les François qui pourront rentrer dans le royaume y jouiffent paifiblement des droits que la loi leur reconnoît & leur affure. Ceux qui voudront me prouver leur attachement ne balanceront pas. Je regarderai l'attention férieuse que vous donnerez Tome ler.

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à ce que je vous marque, comme une grande. preuve d'attachement envers votre frere & de fidélité envers votre roi; & je vous faurai gré, route ma vie, de m'avoir épargné la néceffité d'agir en oppofition avec vous, par la réfolution invariable où je fuis de maintenir ce que j'ai annoncé.

Signé LOUIS.

LETTRE du roi à LOUIS-STANISLAS-XAVIER, prince François, frere du roi.

PARIS, le 11 novembre 1791.

E vous ai écrit, mon frere, le 16 octobre dernier, & vous avez dû ne pas douter de mes véritables fentimens. Je fuis éronné que ma lettre n'ait pas produit l'effet que je devois en attendre. Pour vous rappeller à vos devoirs, j'ai employé tous les motifs qui devoient le plus vous roucher. Votre abfence eft un prétexte pour tous les malveillans, une forte d'excufe pour Tous les François trompés qui croient me fervir en tenant la France entiere dans une inquiétude & une agitation qui font le tourment de ma vie. La révolution eft finie, la conftitution eft achevée, la France la veut, je la maintiendrai; c'eft de fon affermiffement que dépend aujourd'hui le falut de la monarchie. La conftitution vous a donné des droits; elle y a mis une condition que vous devez vous harer de remplir, Croyez

moi, mon frère, repouffez les doutes qu'on voudroit vous donner :fur ma liberté. Je vais prouver par un acte bien folemnel, & dans une circonftance qui vous intéreffe, que je puis agir librement. Prouvez-moi que vous êtes mon frere & François, en cédant à mes inftances. Votre véritable place eft auprès de moi; votre intérêt, vos fentimens vous confeillent également de venir la reprendre; je vous y invite, &, s'il le faut, je vous l'ordonne.

Signé LOUIS.

LETTRE du roi à CHARLES-PHILIPPE, prince François, frere du roi.

PARIS, le 11 novembre 1791.

Vous avez fûrement connoiffance du décret

OUS

que l'affemblée nationale a rendu relativement aux François éloignés de leur patrie; je ne crois pas devoir y donner mon confentement, aimant à me perfuader que les moyens de douceur rempliront plus efficacement le but qu'on le propose & que réclame l'intérêt de l'état. Les diverfes démarches que j'ai faites auprès de vous ne peuvent vous laiffer aucun doute fur mes intentions, ni far mes vœux. La tranquillité publique & mon repos perfonnel font intéreffés à votre retour. Vous ne pourriez prolonger une conduite qui inquiete la France & qui m'afflige, fans manquer à vos devoirs les plus effentiels. Epar

gnez-moi le regret de concourir à des mefures féveres contre vous; confultez votre véritable intérêt; laiffez-vous guider par l'attachement que vous devez à votre pays; & cédez enfin au vœu des François & à celui de votre roi. Cette démarche de votre part fera une preuve de vos fentimens pour moi, & vous affurera la continuation de ceux que j'ai toujours eus pour

vous.

Signé LOUIS.

QUESTIONS EMBARRASSANTES.

e. Nous demanderons aux émigrans, dans quelle hiftoire ils ont lu qu'il foit glorieux pour le fujet d'une monarchie, d'abandonner le momarque qu'on aime & auquel on est attaché par les liens de la reconnoiffance, au milieu de ceux qu'on regarde, à tort fans doute, mais avec conviction, comme fes affaffins & fes perfécuteurs ? Si cela eût été vrai, ils expoferoient donc le roi à un danger certain, pour lui procurer des fecours lents ou incertains? Ils comparent, avec raison, la monarchie à un gouvernement paternel; mais des enfans dont le pere eft en danger, commencent – ils par calculer leurs bras font trop foibles pour le fecourir? Ne doivent-ils pas, s'il le faut, expirer en le défendant? Et s'ils lui fuppofent des torts, s'ils different d'opinions, eft-ce là le moment de fe les rappeller?

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