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expérience de l'auteur, qui, par état, avoit » été à portée de bien obferver une certaine » claffe d'animaux, & qui, comme il le dit lui-même, avoit fait fon cours de philofophie dans les bois. <

Le Phyficien de Nuremberg prononce en faveur de l'intelligence des animaux, » Ce systême ( dit >> M. Ricard) ne doit pas, à ce que je pense, » bleffer ceux qui pourroient croire qu'il inté

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reffe la religion, & qu'il paroit ou trop re> lever la brute au-deffus de fa condition, ou > trop rabaiffer l'homme, en ne lui accordant » que la même intelligence qu'on accorde à la » bête. Mais eft-ce 'à nous à borner le pouvoir de l'auteur de la nature, à déterminer les limites qu'il lui a plu de pofer entre les divers êtres animés qui peuplent la terre, & le degré d'intelligence qu'il leur a départi ? Lorfqu'il forma cet univers, qui, felon l'expreffion du fage, fut le jeu de fa toute-puiffance, ne fut-il pas libre de donner aux animaux une ame effentiellement différente de la nôtre, quoique capable, à un certain degré, des mêmes opérations?.... Quelque opinion » qu'on embraffe fur la nature du principe qui fait agir les bêtes, les vérités que la religion, Dous enfeigne fur la deftination & fur la fin > derniere de l'homme, ne peuvent être com>> promises toutes les fois qu'on n'en outre pas » les conféquences.... Que l'ame des bêtes foit » immatérielle ou non, il est toujours certain qu'elle ne peut avoir la deftination glorieuse qui eft réfervée à la nôtre ainfi la religion

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» n'eft nullement intéreffée dans l'examen qu'on » peut faire des facultés dont les animaux font > doués. <<

Plutarque ne traite qu'incidemment cette queftion. Il fait plaider contradictoirement la cause des animaux, & l'arbitre du plaidoyer décide qu'il eft prouvé qu'on ne peut refufer la raison aux animaux. Nous ne citerons rien des deux diálogues où l'on balance les prérogatives des animaux de terre, & des animaux aquatiques; mais on ne lira pas fans étonnement tout ce que l'orateur de ceux-ci fait valoir en faveur de leur intelligence.

Le chapitre, que les bêtes ont l'ufage de la raifon, eft un jeu d'efprit fous lequel le philofophe cache un but moral, celui de prouver aux hommes à quel point ils fe dégradent par l'abus des paffions. Même forme de dialogue. Les interlocuteurs font, d'un côté, Ulyffe, le plus ⚫ célebre des anciens héros par fa prudence & » son habileté, & de l'autre, un de ces Grecs que les breuvages empoifonnés de Circé avoient > changés en bêtes. Ce n'eft pas encore affez : Plutarque a choifi celui des animaux qui paffe pour le plus vil & le plus méprifable, le pourceau..... Il faut favoir que ce pourceau qui, fous le nom de Gryllus, raisonne avec > tant de jufteffe, étoit autrefois un homme > inftruit, & qu'il conferve fous fa nouvelle > forme les connoiffances & les lumieres qu'il » avoit dans fon premier état. « Les inductions manquent fouvent ici de jufteffe; mais il en réfulte que, fur-tout à l'égard de la tempérance & de la fociabilisé, les animaux peuvent

quelquefois être pour les hommes d'utiles précepteurs.

Voici quelques-unes des preuves que Gryllus donne à Ulyffe pour établir, fous plufieurs rapports, la fupériorité des animaux. >> Si vous vous

croyez, (lui dit-il) plus que les animaux, » pourquoi vos poëtes comparent-ils ceux d'entre > vous qui combattent le plus vaillamment contre leurs ennemis, à des loups, à des lions, à des fangliers en furie, & qu'aucun que je fache n'a encore comparé la force d'un lion ou d'un fanglier à celle de l'homme? Mais fans doute, comme dans leurs exagérations poétiques, ils difent de ceux qui font légers » à la course, ou qui ont une beauté diftinguée, » que leurs pieds font plus vîtes que le vent,

ou qu'ils reffemblent aux dieux, de même, > pour relever le courage des braves combat

tans, ils les affimilent à ce qu'il y a dans la > nature de plus courageux. La caufe de cette » fupériorité vient de ce que le courage étant > comme la trempe & le fil de l'ame, les ani> maux, dans leurs combats, l'emploient toute > fimple & toute pure, au lieu que chez vous * tempérée par le raifonnement, comme le vin left par l'eau, elle cede aux dangers, & vous > manque dans l'occafion. «

Gryllus appuie encore fa thefe fur la facilité qu'ont plufieurs animaux d'apprendre & de faire des exercices. Je ne parle (dit-il) ni des chiens, qui fuivent les bêtes à la trace, ni des jeunes, chevaux qu'on dreffe à marcher en cadence, > ni des corbeaux à qui l'on apprend à parler

y ni des chiens qui fautent dans des cerceaux qu'on fait tourner; mais nous voyons fur nos > théatres des bœufs & des chevaux danfer, fe > coucher, fe tenir fur leurs pieds de derriere , & faire avec une étonnante facilité des mou⚫ vemens & des tours que les hommes auroient › bien de la peine à exécuter.... Si tu doutes > que nous apprenions les arts, j'irai plus loin

& je te dirai que nous les enfcignons. Les perdrix, en fuyant, montrent à leurs petits à > fe renverfer fur le dos & à mettre devant, eux, avec leurs pieds, une motte de terre » qui les cache. On voit fur les toits des mai> fons les cicognes les plus âgées apprendre aux

jeunes à voler. Les roffignols forment leurs, > petits à chanter. Ceux qu'on prend tout jeunes, & qui font élevés par les hommes > chantent moins bien, parce qu'on les a trop > tôt ôtés à leurs vrais maîtres. «

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Si de ce traité on paffe aux Queftions platoniques, on trouvera des points de vue bien attachans fur Socrate, & une excellente critique des fophiftes, à laquelle M. l'abbé Ricard ajoute en note ce morceau fur leur égoïfme » Il s'allie › avec un défir extrême de commander aux opi> nions des autres.... Cette efpece de defpo

tifme eft la plus commune, & des gens qui > fe difent philofophes, en font peut-être les moins exempts. Vrais tyrans des efprits, nonfeulement ils ne pardonnent pas qu'on combatte leurs fyflèmes; ils ne fouffrent pas même » qu'on penfe autrement qu'eux. Ils vouent une haîne irréconciliable à quiconque n'eft pas leur

partifan ou leur flatteur. Heureux leurs adverfaires, quand cette haine ne va pas jufqu'à » la perfécution, & qu'elle fe borne à cet ana> thême connu, dont il eft facile de fe con>> foler :

Et nul n'aura d'efprit que nous & nos amis ! œ

Le compte que nous venons de rendre n'eft qu'une invitation pour nos lecteurs à fe familiarifer avec la morale & le génie du philofophe de Chéronée, qu'ils ne peuvent connoître plus agréablement que par cette nouvelle trction. (Journal encyclopedique.)

ment,

REPORT from the felect committee, &c. Rapport du comité choifi pour examiner & arrêter les différens comptes & mémoires préfentés à la chambre des communes, pendant cette féance de parle relativement au revenu & aux dépenses publiques, & pour en rapporter à la chambre la fomme amiere pendant les cinq dernieres années ; & de déterminer en même tems, quel en fera probablement le montant annuel à l'avenir; eomme anfi de déclarer les changemens qui ont pris place dans la dense publique, depuis le 5 janvier 1786. Imprimé par ordre de la chambre, le 10 mai 1791. &ve. 5 sh. Debrett, 1791, Londres.

L

OES établiffemens frayeux, introduits par la police des royaumes modernes, ont chargé de

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