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titre 12). Cette Ordonnance a amélioré le sort des gens de mer pour les pensions et gratifications à accorder à eux, à leurs veuves et à leurs enfans (titre 15 et 17). Elle a prescrit des fonds particuliers, tous les trois mois, pour donner des à-comptes dans chaque quartier aux familles des gens de mer employés sur les vaisseaux de

guerre article premier, titre 16 ). Il est spécialement enjoint de laisser aux Matelots qui ne seront point employés au service de l'Etat, la plus entière liberté de s'occuper à la navigation marchande ou à la pêche (article 3, titre 11, et art. 2, tit. 14). Elle défend de lever les Capitaines reçus au grand cabotage, et même les Maîtres du petit cabotage, lorsqu'ils commandent des bâtimens (article 5 et 6 du titre 12). Enfin, il est enjoint aux Syndics de garder le rôle du tour de service qui leur sera remis par le Chef des classes, de l'afficher dans un lieu apparent de leur maison, et d'en laisser prendre des copies qu'ils ne pourront refuser de collationner, s'ils en sont requis, aux Officiers Municipaux des lieux et à toutes autres personnes (art. 9, titre 2).

Le réglement du premier Janvier 1786, concernant la réception des Capitaines de navire de commerce (article 31), restreint à neuf mois le temps nécessaire de navigation sur les bâtimens du Roi pour être reçu Capitaine ; et ces neuf mois de navigation peuvent être faits en qualité de Volontaire, par les dispositions des articles 1 et 2 de l'Ordonnance de la même date, concernant les Volontaires.

Il reste à augmenter la solde du Matelot; ce seroit un nouvel adoucissement que les réformes actuelles rendent possible; c'est un devoir de s'en occuper, mais ce n'est qu'en réglant les autres

dépenses, que augmentation.

L'on pourra fixer quelle seroit cette

Les relations des Matelots à terre avec leur Commissaire ne sont donc que des relations de bon ordre, nécessaires pour savoir où ils sont, et pour les retrouver au besoin. Ce Commissaire, d'ailleurs, est leur protecteur et leur patron, soit dans les procès qu'ils peuvent avoir vis-à-vis de leurs Bourgeois ou Armateurs, soit auprès du Ministre pour pour présenter leurs titres à obtenir les invalides ou autres graces dont ils sont susceptibles. Quelques abus, presque inséparables du Gouvernement d'un seul, furent les motifs qui déterminèrent les auteurs de l'Ordonnance de 1784 à faire concourir à ces fonctions les Officiers Militaires l'expérience a justifié leurs vues. Il est certain que l'Officier de la Marine voit, dans le Matelot, son compagnon d'armes et de périls, et qu'il s'intéresse vivement à son sort et à son bien-être. On objecte que cela est coûteux; nous ne le croyons pas, puisqu'enfin on donneroit des retraites aux Officiers pour ne rien faire, et que ces places sont des retraites où on les tient utilement en activité. Mais il convient que ce soit en effet des retraites sans autre traitement en argent. Au surplus, ce placement des Officiers, tout utile qu'il nous paroît, ne tient point essentiellement au régime des classes. On pourroit restreindre le nombre des employés, ou se borner même à des inspections; mais nous répétons que nous croyons avantageux à tous égards de conserver les vingt-neuf chefs des classes, lorsqu'on en écartera le double emploi d'un traitement particulier et d'une retraite. Nous ne balançons même point à penser que s'il falloit éloigner le Commissaire ou

l'Officier, c'est l'Officier qui seroit plus utilement conservé à la régie des classes

5°. Dans les divers plans présentés sur les classes, on a parlé de considérer le Matelot à terre comme un simple Citoyen entièrement libre, et soumis à la seule Police de sa Municipalité. On a ajouté que, si l'on conservoit le Commissaire du Roi pour la tenue des rôles ou matricules, toujours faudroit-il que le Matelot pût appeler à la Municipalité, de la régularité de son tour de service, et des décisions du Commissaire ou de l'Officier. Un tel projet porteroit, nous le pensons, un coup funeste à cette subordination, à ce bon esprit du Matelot qui le rend tout-à-la-fois si obéissant, si actif, si attaché à son état. Le Matelot est Militaire ce seroit une erreur de le considérer différemment, parce que tout homme doit être envisagé dans ses fonctions principales, et qu'après tout il ne faudroit point de classes, s'il n'étoit point de Marine militaire. C'est avec les Matelots que l'on se bat sur les bâtimens de guerre ce sont enx seuls qui agissent sur les canons, et les canons sont l'arme des vaisseaux; les abordages, les descentes s'exécutent avec les Matelots. Ces mêmes hommes, dans les dangers d'une tempête, vont braver la mort au bout d'une vergue, et ils en descendent avec gaieté pour gratter les ponts et nettoyer les postes : ils supportent, et toujours sans se plaindre, les fatigues des veilles et les travaux forcés. Jamais ils n'ont murmuré d'un repas interrompu, reculé ou perdu. Est-il un seul vaisseau de guerre François où l'on ait vu l'insurrection d'un équipage, et les Anglois en fourniroient plus d'un exemple? Que veut-on de mieux, et que peut-on changer? Aussi n'est-il point d'Officier de la Marine qui ne chérisse les Matelots,

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et qui ne travaillât avec délices à leur procurer un sort heureux. Sans uniforme, sans exercice, sans tenue, il règne entre eux la même liaison, le même rapprochement, et une intimité bien plus grande encore qu'entre les Officiers et les Soldats de tous les Corps Militaires. Ne détruisons pas ces liens qu'il n'y ait point d'intermédiaires nouveaux entr'eux, l'effet en seroit aussi funeste que dans les armées. Si le Matelot devient à terre exclusivement homme civil, si cette continuité de rapport militaire, si légère et si douce d'ailleurs, cesse entre lui et le Commissaire ou l'Officier qui le commande, s'il peut appeler de leurs Jugemens, sils ne sont plus pour lui ses Chefs et ses protecteurs immédiats et uniques, alors ils perdront en considération à ses yeux ; la dignité du pouvoir exécutif sera affoiblie; tout est relâché, discipline, subordination, attachement, et le mal est incalculable.

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6o. Les matelots sont fréquemment des propriétaires; et si l'on a égard aux impositions qu'ils payent à la caisse des Invalides sur leur folde, tous jouiront du droit de citoyen actif. Leur dépendance des Municipalités seroit encore funeste sous ce titre. Celui qui voudroit obtenir la voix d'un Matelot dans une élection, seroit-il bien aussi sévère sur l'exactitude du tour de service, sur le classement ou le déclassement, sur la présentation des titres pour l'obtention des graces.

Les Commissaires des Classes sont ordinairement étrangers à la Ville où ils sont employés ; et nous avons été témoins cependant de toute la force qui leur est nécessaire pour résister aux sollicitations toujours existantes, lorsqu'il s'agit de faire marcher un Matelot au Service. C'est par considération pour kai, pour sa famille, pour tous les petits liens de

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la Société que l'on poursuit avec obstination des exceptions. Or, que les Juges soient ceux-là mêmes que ces liens regardent et attachent, et croit-on de bonne foi qu'il y auroit plus de justice et plus d'avantage pour le Matelot ? Que les Municipalités dans les ports de Commerce soient formées de personnes intéressées à armer leurs navires particuliers, peut-on croire que toujours ils négligeront leur fortune, et que leur influence ne gênera pas les levées pour les vaisseaux de Guerre? C'est encore sous ce point-de-vue le con, que cours des Officiers de la Marine, à la discipline des Classes, présente des avantages, et qu'il faut craindre de se décider trop légèrement à les en écarter.

7°. Il n'est point, pour les Matelots, de tour de service assez marqué, assez pofitif pour qu'il ne soit susceptible de contestation. Celui qui viendra de faire une campagne de deux ou trois ans, marchera-t-il à son tour, en le comparant à celui qui a fait une simple campagne d'évolutions de trois meis.? Si l'on vouloit compter les mois de service, bientôt on objecteroit qu'une campagne, quoique courte, a fait manquer un armement avantageux pour les particuliers, & a causé autant de préjudice qu'une campagne plus longue. Convient-il enfin de n'avoir aucun égard à la santé, ni à ces positions où la présence d'un père ou d'un époux a quelquefois une influence importante pour sa famille entière? Ainsi toute poffibilité d'appel contre son tour à marcher, apporteroit des discuffions certaines à chaque ordre nouveau elle causeroit des lenteurs aux levées; elle apprendroit au Matelot à raisonner son obéissance, et elle détruiroit son respect pour son

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