DU MÊME AUTEUR LES DÉFAILLANCES DE LA VOLONTÉ AU temps présent. 1 vol. in-12, 1891, 3e édition, 1893. FISCHBACHER. LA PHILOSOPHIe d'Ernest ReNAN. 1 vol. in-16, 1895, 3e édition, 1906. FÉLIX ALCAN (Epuisé). LA CABALE DES DÉVOTS (1627-1671), 1 vol. in-16, 1902. ARMAND COLIN. Ouvrage couronné par l'Académie française. (Epuisé). L'INSTRUCTION PRIMAIRE DES INDIGÈNES A MADAGASCAR. 1 Vol. in-16, 1904. Éditions des Cahiers de la Quinzaine. LA SÉPARATION DES ÉGLISES ET DE L'ÉTAT. TROIS PROJETS DE LE PROTESTANTISME AU JAPON. 1 vol. in-12, 1908. FÉLIX ALCAN. LA COMPAGNIE DU SAINT-SACREMENT A TOULOUSE. 1 vol. in-8, 1914, CHAMPION. PROBLÈMES DU TEMPS PRÉSENT. 81 CONFÉRENCES PRONONCÉES PENDANT LA GUERRE, 1914-1917. Éditions de Foi et Vie. LES ALLEMANDs a Saint-Dié. 1 vol. in-16, 1917. PAYOT, Paris. ANTHOLOGIE PROTESTANTE FRANÇAISE, XVIe et xvire siècles, 1917. G. CRES. ANTHOLOGIE PROTESTANTE FRANÇAISE. XVIIIe et XIXe siècles, 1919. G. CRÈS LA PSYCHOLOGIE DE LA CONVERSION CHEZ LES PEUPLES NONCIVILISÉS, 2 vol. in-8, 1925. PAYOT, Paris. Ouvrage couronné par l'Académie française. Scipion Pincel pe RAOUL ALLIER PROFESSEUR HONORAIRE DE L'UNIVERSITÉ DE PARIS LE NON-CIVILISÉ ET NOUS DIFFÉRENCE IRRÉDUCTIBLE Premier tirage octobre 1927. Tous droits de traduction, de reproduction Copyright 1927, by Payot, Paris La nature humaine est-elle partout et toujours la même? I. L'adage traditionnel n'était pas fondé sur une étude scientifique. — La différence entre les esprits, d'après Fontenelle. — Sa théorie sur l'origine des fables. Helvétius et l'égalité des esprits. Voltaire et l'élargissement de l'horizon. éloge du « bon sauvage ». Son prétendu Hume et l'infériorité des Noirs. Buffon et l'identité de tous les hommes. II. Le chapitre des « Cannibales » chez Montaigne. Jean de Léry et son voyage au Brésil. Les Jésuites et leurs Lettres édifiantes. Naissance de la théorie du « bon sauvage ». - Rous Auguste Comte. III. - Opposition de Taine au postulat traditionnel. Critique du postulat par Renan. L'école anthropologique anglaise. — Une croyance naturelle chez les missionnaires. IV. M. Lévy-Bruhl et la thèse de l'hétérogénéité radicale. - Doctrine ou hypothèse de travail?— Objections à la thèse. — Expérience troublante des missionnaires. — Problème posé. Pendant tout le XVIIIe siècle, et jusqu'à une date récente, un adage a été courant parmi les psychologues. C'est que la nature humaine est partout et toujours la même et que, par suite, entre le non-civilisé et nous, il y a seulement une différence de culture et de développement. Après avoir répété si longtemps un axiome que personne ne contestait, la pensée philosophique hésite, en ce moment, à le juger aussi indiscutable qu'on l'avait cru. Des doctrines se répandent, qui le battent en brèche vigoureusement; et l'affirmation traditionnelle a bien l'air de céder le pas à une thèse qui la contredit à peu près radicalement. Le moment semble donc venu de poser avec quelque précision un problème qui n'est pas de pure théorie et qui aboutit à de graves questions pratiques. I Il ne faut pas exagérer la portée de la thèse proprement philosophique que l'on aime à citer. Elle n'a pas été fondée sur une étude directe et scientifique de ce qu'on appelait jadis le « sauvage ». Elle est, en quelque sorte, un corollaire du rationalisme semi-cartésien qui, sous des formes multiples, a dominé pendant plus d'un siècle la pensée qui se voulait libre. On ne soupçonne pas, alors, l'existence d'un problème difficile. Celui qu'on entrevoit reçoit d'emblée une solution très simple. Les allusions au non-civilisé sont d'ailleurs indirectes dans la plupart des livres que nous visons; elles ne se produisent qu'à propos de préoccupations dans lesquelles il s'agit moins de lui que des sociétés européennes. C'est ainsi que Fontenelle, dissertant sur les anciens et les modernes, est amené à prendre position contre la théorie qui affirme << plus de diversité entre les esprits qu'entre les visages ». Les visages, à force de se regarder les uns les autres, n'en viennent pas à se ressembler, mais les esprits qui, naturellement, différaient autant que les visages, sont amenés, par le commerce qu'ils ont ensemble, à ne différer |