Page images
PDF
EPUB

qui vous adopte, un témoignage de sa tendre

amitié.

La députation s'étant rendue avec MM. Agasse sur les gazons du Louvre, où le bataillon, conduit par M. le duc d'Aumont, chef de la divi-. sion, étoit assemblé en uniforme & armes.

Le commandant de bataillon, après avoir pris l'agrément de M. le marquis de la Fayette, commandant général, & de M. de Gouvion, major général, a fait lecture d'un arrêté pris le jour d'hier en l'assemblée des citoyens, & adressant la parole aux jeunes Agasse, leur a dit :

(

<< Le bataillon Saint-Honoré vous a provisoirement confié, à vous, monsieur, le grade de lieutenant de grenadiers à la suite, & à vous, monsieur, fils de notre président, celui de lieutenant à la suite de la premiere compagnie; & se flattant d'en obtenir la confirmation de la municipa lité, & de M. le commandant général, il me charge de vous en offrir les décorations; recevezles de votre général, ainsi que ces deux épées ; & souvenez-vous, dans tous les instans de votre vie, que ces hommages sont rendus à la vertu; & que la vertu ne sauroit jamais être obscurcie que par des fautes personnelles. »

Aussi-tôt M. le commandant général ayant fait

battre un ban, a fait reconnoître les deux jeunes officiers à la tête du bataillon.

M. Gaultier, citoyen du district, & député à la commune, a prononcé au bataillon un discours relatif à la circonstance.

Le bataillon a défilé devant le général, & s'est rendu en l'église St. Honoré, où il a entendu la

messe.

Réponse du président de l'assemblée nationale.

« Il n'appartient qu'à des actions aussi nobles que la vôtre d'ajouter au zele dont l'assemblée nationale est animée pour les progrès de la vertu, du véritable honneur & des mœurs patriotiques. J'oserai dire, en son nom, que vous avez déployé plus de puissance qu'elle-même : elle a fait la loi, l'instant d'après vous donnez l'exemple, & tout le monde sait combien, dans les matieres qui tiennent à l'opinion, les exemples sont audessus des loix ».

Le procès-verbal du bataillon du district de Saint-Honoré, & la réponse du président ont été singuliérement accueillis. Les applaudissemens réitérés font connoître que les François avancent

à

pas de géant dans la liberté, & que, secouant la poussiere des préjugés, ils savent déja classer les points distinctifs de la liberté, de la vertu,

& ne point faire rejaillir la honte & l'opprobre sur l'innocence. Aussi a-t-on voté pour l'impression de ces deux pieces avec un enthousiasme unanime. L'intention de l'assemblée est de les faire parvenir dans toute l'étendue du royaume.

Lorsque l'impression du verbal du district de Saint-Honoré a été décrété, M. Fréteau a fait observer qu'il ne falloit pas laisser subsister la disposition de l'article où il est fait mention que ces malheureux sont déja dans la tombe, parce qu'il pourroit arriver que les deux freres Agasse, condamnés à mort par le Châtelet, ne le fussent pas par le parlement, & que cette disposition sembleroit commander aux magistrats le jugement à mort de ces deux malheureux.

L'observation de M. Fréteau a été écoutée, & nous en avons suivi l'esprit dans l'impression du verbal du district de Saint-Honoré.

On est passé à l'ordre du jour, & M. Cossin a fait différens rapports sur la division du royaume.

Dans le département d'Alençon, il s'est élevé une légere réclamation, relativement à Séez, qui a poussé la prétention jusqu'à vouloir alterner, pour ainsi dire, avec Alençon, pour être le cheflieu du département. Les prétentions de Séez étoient fondées sur sa centralité, sur sa population, & notamment sur celle des communautés

adjacentes; mais cette ville avoit contre elle l'unanimité des vœux des députés Normands, qui don~ ́ noient la préférence à Alençon, tant à cause que cette ville étoit plus propre à recevoir dans son sein un département, que par rapport aux habitudes, aux liaisons des habitans, infiniment plus grandes avec Alençon qu'avec Séez. Sans doute la seule importunité, ou le desir d'avoir la paix avec tout le monde, avoit pu engager le comité à proposer de démembrer le directoire de département d'avec le conseil, en plaçant le premier à Séez, & le second à Alençon: aussi l'assemblée a-t-elle dédécrété, nonobstant les réclamations de la ville de Séez:

<< Que le département d'Alençon, dont cette ville est le chef-lieu, est divisé en six districts, dont les chefs-lieux sont Alençon, Argentan, Laigle, Belesme, Mortagne & Domfront. »

Rhodez & Villefranche se sont disputées l'honneur & l'avantage d'être le chef-lieu du département de Rouergue. Les députés respectifs ont fait valoir leurs raisons. Ceux de Rhodez, plus nombreux, croyoient avoir gain de cause, lorsqu'un député de Villefranche a représenté avec autant de sagesse que de succès, qu'il étoit injuste de dépouiller uné ville importante, telle que la sienne, de l'avantage de renfermer, dans son

[ocr errors]

sein, un département, sur-tout après avoir été depuis long-temps le chef-lieu du Querci & du Rouergue réunis. Il n'a point eu la prétention d'attirer tout à lui; il s'est contenté de demander l'alternat, & l'assemblée sentant la justice de ses réclamations, a voté :

«Que Rhodez & Villefranche pourroient alterner pour le département, sauf aux électeurs, après la premiere législature, à fixer définitivement laquelle des deux villes seroit le chef-lieu!; mais on a d 'cidé que la premiere assemblée de département se tiendroit à Rhodez ».

[ocr errors]
[ocr errors]

«Que ce département est divisé en neuf districts, dont les chefs-lieux sont Rodez, Villefranche, Aubain Mur-de-Barez Severac-le-Châtel Milleau, Saint-Afrique, Sauveterre, Saint-Genies, sauf le tribunal de ce dernier district en faveur d'Espalion, sauf aussi le droit des autres villes du département aux établissemens qui y seront fixés par la constitution si elles y sont fondées,

Après les contestations & les débats ordinaires sur les sous-divisions du département du haut Limousin, il a été décidé » :

L'assemblée nationale a entendu le rapport suivant, & elle a prononcé :

L'assemblée nationale décrete, d'après l'avis du comité de constitution, que le département

« PreviousContinue »