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& à tous les districts, copie de la délibération que vous allez prendre, & de la rendre publique la voie de l'impression. Vous continuerez parlà de donner l'exemple de l'amour de la vertu, & de toutes les qualités sociales qui doivent caractériser tous les bons citoyens.

Un applaudissement général a annoncé que le vœu exprimé par M. Baron étoit écrit dans tous les cœurs, & l'assemblée du district a adopté à l'unanimité l'arrêté suivant, dont le projet lui avoit été proposé par M. le vice-président :

L'assemblée générale, unanimement convaincue que des citoyens qui ont été assez éclairés pour reprendre les droits de la nature, & assez courageux pour briser les fers du despotisme, ne peuvent se soumettre à l'esclavage des préjugés; que le plus absurde & le plus odieux de tous est celui qui étend la honte du supplice sur la famille du coupable; que si cette opinion barbare a pu convenir à l'orgueil de quelques compagnies, elle repugnera toujours à la fierté d'une ration libre, qui ne veut désormais flétrir que le crime seul, comme elle ne veut honorer que la vertu,

Considérant que toujours animée des mêmes principes, l'assemblée a mis encore du nombre de ses devoirs celui d'adoucir, autant qu'il est en elle, les infortunes de ses concitoyens, que le

malheur qui afflige en ce moment M. Agasse, étoit déja prévu avec certitude, dans le tems où on lui a décerné par les suffrages unanimes, les fonctions de président, & qu'en rendant ainsi un juste hommage aux vertus vraiment patriotiques de ces estimables citoyens, elle a vu, avec satisfaction quelle pouvoit lui offrir quelques motifs de consolation dins ses peines ; que la publicité de l'événement exige aujourd'hui la manifestation de ces principes; que c'est à l'instant où la loi va frapper les coupables, qu'il faut se rallier autour des victimes innocentes, désignées parle péjugé, pour les environner de toute l'estime & de toute l'affection que leurs vertus personnelles leur ont acquises.

Arrêté qu'une députation de douze membres, à la tête de laquelle sera le vice-président, se rendra sur le champ auprès de M. Agasse, pour lui porter, au nom de l'assemblée, & de chacun des membres qui la composent, un témoignage public de l'attachement & de la considération qu'il a si justement méritée, lui exprimer la sensibilité avec laquelle tout le district partage son malheur, & l'invite de venir à l'instant au milieu de ses concitoyens, pour y prendre la place qui lui appartient, & qu'ils ont eu tant de plaisir

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à lui déférer ; que, jusqu'à l'arrivée de M. Agasse, président, l'assemblée sera suspendue.

Arrêté que dix des députés se rendront auprès de M. Agasse de Fresne, pour lui témoigner la même sensibilité & les mêmes sentimens d'estime & d'affection..

Arrêté en outre que la présente délibération sera adressée à l'assemblée nationale, communiquée à l'assemblée des représentans de la commune, & aux cinquante-neuf autres districts, & qu'elle sera rendue publique par la voie de l'impression.

Signé GARNIER, vice-président.
BLIGNY, secrétaire-greffier.

MM. Silly, commandant du bataillon, Borie, Leroi, de Villeneuve, Guerin, Berroyer, de la Tapy, Chevry, Cresson, nommés pour former la députation, se sont rendus avec M. le viceprésident, chez M. Agasse, & l'assemblée a été suspendue jusqu'au retour de la députation, qui a ramené M. le président, accompagné de son fils, & d'une partie de sa famille. L'assemblée leur a témoigné, par les plus vives démonstrations, sa satisfaction & sa sensibilité.

M. Agasse le jeune, l'un des fusiliers de la pre

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miere compagnie du bataillon, & qui étoit revenu avec M. le président, a reçu de ses camarades des témoignages sans nombre d'attachement & de fraternité. M. Beaulieu, lieutenant de la même compagnie, a offert à plusieurs fois la démission de son grade, pour le transmettre à ce jeune homme, en protestant qu'il se feroit honneur de servir sous lui en qualité de soldat. La compagnie des grenadiers a, de son côté, réclamé ce jeune militaire, comme étant inscrit parmi eux, & les deux compagnies se sont disputées le plaisir de le conserver. L'assemblée n'a pas cru devoir céder au mouvement généreux de M. Beaulieu, ni se priver des services de cet officier ; mais elle a, de concert avec le bataillon, exprimé son vœu de conférer à M. Agasse le jeune, le grade de lieutenant.

Un tel arrêté,lu dans l'assemblée nationale, à fait la plus vive sensation. Des milliers d'adhésions n'équivaudroient pas cet acte: c'est aller au fait, & les faits valent toujours mieux que les paroles. Le district de St.-Honoré devroit prendre actuellement pour devise, res non verba la capitale, qui a donné le mouvement à la révolution, & qui la soutient, donne aussi l'exemple d'adhérer par des faits aux décrets de

:

l'assemblée nationale.

On a fait sur la plainte d'une ville; une motion tendant à faire déclarer par l'assemblée nationale que tous les citoyens devoient être également assujettis au logement des gens de guerre. Sur cette rédaction qui étoit vague, M. de Mirabeau a dit que bien loin qu'il fût dans les principes que tous les citoyens fussent obligés de loger, le principe au contraire étoit que personne n'y fut astreint. M. d'Ambly a proposé que les troupes campassent en route, MM. de Noailles & de Menou ont appuyé cette opinion; mais M. Alexandre de Lameth est revenu au fond de la motion, en disant que ce n'étoit plus le moment de développer le principe de M. de Mirabeau, ni de discuter des questions relatives à l'organisation de l'armée, que lorsqu'elles seroient agitées, ce seroit le cas de régler les marches des troupes; mais jusqu'à ce moment, les régimens qui marchoient, devoient être logés comme ils l'étoient en effet, mais que l'on voyoit, par la plainte qu'on venoit de recevoir , que dans plusieurs endroits ce fardeau étoit supporté par le peuple: les ci-devant privilégiés se refusant à en partager la charge, qu'il falloit donc porter un décret provisoire qui mit en pratique l'égalité proportionnelle des charges publiques que l'assem

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