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sanction dans le jour. Cette demande n'a souffert. aucune difficulté.

Commandé impérieusement par les circonstances, le comité a proposé, & il a été décrété ce qui suit :

« L'assemblée nationale a décrété & décrete qu'à l'avenir le jeudi de chaque semaine sera consacré à entendre le résultat des travaux du comité des domaines & du comité ecclésiastique; que ces deux comités présenteront les moyens les plus prompts d'exécuter les décrets du 14 & 21 décembre, & sanctionnés par le roi, concernant la vente des domaines de la couronne & des domaines ecclésiastiques; que jeudi prochain, l'un & l'autre comité présenteront ue tableau, tant des domaines de la couronne qui peuvent être mis en vente dès-à-présent, que de ceux des domaines ecclésiastiques qui peuvent être aliénés aussi-tôt que les assemblées de département seront en activité, & que le comité féodal remettra également son travail sur le taux auquel pourront être rachetés les droits ou rentes dus aux domaines de la couronne & ceux dus aux domaines ecclésiastiques, & que les rapports à faire par les comités, seront imprimés & distribués avant la séance dans laquelle ils seront discutés. >>

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M. Anson a fait un troisieme rapport relatif au recouvrement des impôts directs; il a tâché

de prouver qu'il falloit laisser, pour cette année subsister les receveurs sur le pied qu'ils étoient dans l'ancien régime; les raisons qu'il alléguoit étoient que l'année 1790 seroit bien avancée, lors. que les assemblées de département seroient en activité, que ce seroit risquer de voir interrompre une grande partie des revenus, que de les confier brusquement à des nouveaux administrateurs ; que les anticipations sur 1790 absorbant la majeure partie des revenus, la France ne pourroit jouir qu'en 1791 dnuouveau mode d'imposition. A la suite de ces réflexions il a lu un projet de décret, conforme à ce que nous venons de dire; mais qu'il est inutile de relater ici, puisqu'il n'a point été décrété.

Na. Je préviens MM. les Souscripteurs que les supplémens du septieme volume ne m'empêcheront pas de leur donner ce que je leur ai promis relativement aux trois ordres. J'y travaille constamment ; mais on voudra bien avoir un peu d'indulgence, quand on réfléchira que je suis obligé, avant tout, de m'acquitter de ma tâche journaliere.

LE HODEY DE SAULTCHEVREUIL.

De l'imprimerie du RÉDACTEUR, au coin de la rue Fromenteau, place du Palais-Royal

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ASSEMBLÉE NATIONALE

PERMANENT E.

:

Séance du 23 janvier, au soir.

L'INAUGURATION de cette séance éternisera à jamais les citoyens du district de Saint-Honoré. Foulant aux pieds les préjugés, ils ont combattu avec la massue d'Hercule cette hydre à cent têtes: inutilement le fastueux despotisme de Louis XIV avoit tenté de la terrasser, ou du moins de l'enchaîner. Ce despote nourrissoit d'une main le monstre que de l'autre il vouloit détruire. Toute sa grandeur ne rouloit que sur le pivot fragile des préjugés il avoit trop d'intérêt à les maintenir, pour les déraciner entiérement. Ainsi, la loi & les préjugés militant l'un contre l'autre, le despote savoit bien que le préjugé seroit toujours vainqueur. La liberté pouvoit seule opérer ce miracle dans le caractere des François. Libres dans les fers mêmes de l'esclavage, du moins se flattant de l'être, ces peuples n'ont jamais courbé leur tête sous le joug, que parce que l'adresse rafinée des ministres leur persuadoit qu'ils étoient libres.

Tome VIII. No. 3.

C

Les yeux sont dessillés, le voile est déchiré le préjugé paroît tel qu'il est, rejeton monstrueux de la féodalité, qui distinguant l'homme de l'homme, le coupable du coupable, sembloit honorer l'assassin dans un gentilhomme, & éterniser l'opprobre de l'assassin roturier de générations en générations.

Tout est égal aujourd'hui aux yeux de la loi: l'assemblée nationale forçant jusques dans leurs derniers retranchemens des préjugés qui se perdoient dans la nuit des temps, vient de les anéantir. « Elle n'a fait que parler, ils n'étoient déjà plus ».

Le district de Saint-Honoré vient d'ouvrir le tombeau où doivent s'engloutir éternellement tous les préjugés. Une famille honnête & vertueuse avoit vu naître deux enfans malheureux. L'avidité du gain, l'appât des richesses, l'oubli d'euxmêmes & de leur conscience avoient rendu leurs mains faussaires. Les tribunaux ont prononcé la peine des coupables, la société les a rejetés de son sein... Bientôt ils cesseront d'être ; mais eux seuls paieront de leur personne, & la famille Agasse n'a rien perdu aux yeux de ses concitoyens. Les habitans du district de Saint-Honoré viennent de nommer, pour leur président, un des chefs de cette famille, & un des freres de ces malheureux pour leur officier.

Au reste, laissons parler ici M. le Baron, cel généreux citoyen qui, par une motion aussi sage que philosophique, a accéléré de quelques instans le mépris des préjugés déja écrit dans le cœur de tous les François. Il dit dans sa motion:

Les loix peuvent moins pour la destruction des préjugés, que la conduite noble & vertueuse d'une assemblée de citoyens connus par leur patriotisme. Il est digne de vous de donner un bel exemple à la France; & d'après les principes que vous avez toujours professés, je crois n'être que votre interprette, en ayant l'honneur de proposer de nouveau une députation, tant du civil que du militaire, chargée de témoigner à M. Agasse, & à toute sa vertueuse famille, au nom de la commune & du district, qu'elle prend infiniment part à sa douleur; qu'elle l'invite & le prie instamment de venir reprendre les fonctions de président, de venir chercher avec tous les siens des consolations au milieu de leurs concitoyens, de leurs freres, de leurs amis, de les assurer que dans toutes les occasions la commune du district leur donnera des preuves de distinctions, & qu'elle suspende toute délibéra tion jusqu'à son arrivée.

Je propose encore à votre sagesse d'envoyer à l'assemblée nationale, à la commune de Paris

Ca

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