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fins, j'opine qu'il faut incessamment régler le régime du clergé, fixer les dépenses nécessaires à l'entretien du culte. Je demande l'ajournement de cette question à mardi.

M. de Lusignan a fait une motion tendante à

la tenue de deux séances par jour, jusqu'à ce que

la division du royaume fût finie. Sa motion, mise aux voix, a été acceptée.

M. Treilhard a pris de-là occasion d'insister sur la nomination des quinze membres, que l'assemblée avoit décidé devoir être admis au comité ecclésiastique. Il a proposé le décret suivant, dont l'assemblée a senti la nécessité; aussi a-t-il été adopté.

« L'assemblée nationale décrete que le comité ecclésiastique lui présentera incessamment le plan de la constitution & de l'organisation du clergé, ainsi que des vues sur le traitement des titulaires actuels >>.

L'empressement de nos législateurs ne leur permet pas même de connoître de jour de repos, ils ont décrété, dans le cours de la séance, qu'il y auroit au moins une séance demain dimanche.

Séance du 6 au soir.

La lecture de plusieurs adresses a occupé

agréablement les premiers instans de l'assemblée. Elles respirent un patriotisme également parfait & épuré. On entend sans doute avec intérêt les adresses de toutes les communes du royaume ; mais elles ne portent pas dans l'ame des auditeurs la même émotion, la même sensibilité que si elles étoient prononcées par leurs auteurs mêmes. J'en atteste notre aréopage. De simples » adresses de la part des jeunes citoyens des colléges de Louis-le-Grand, d'Harcourt & Duplessis, auroient-elles laissé dans leur ame la même impression que la voix de leurs députés. Avec. quel intérêt nos législateurs n'ont-ils point vu les nourrissons de la patrie grossir de leurs offrandes le trésor dont le patriotisme surcharge de plus en plus l'autel de la patrie. bag 0

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Heureux enfans! vous qui avez été témoins des efforts de vos peres pour secouer le joug qui les écrasoity & briser les chaînes qu'un despotisme affreux, déguisé, depuis des siecles, sous le nom d'autorité légitime, avoit rendues dures comme le diamant ; vous avez voulu, autant qu'il étoit en vous, participer à la révolution actuelle, & voulant partager l'honneur de cette génération vigoureuse qui a posé les fondemens de l'édifice v éternel de la liberté, vous avez prouvé que l'im-1 puissance & la foiblesse de l'âge seules vous

ont tenu dans l'inertie, &, qu'animés des mêmes sentimens, vous eussiez imité notre courage si vous aviez été doués de la même force... Mais, permettez-moi de vous le demander, avez-vous senti toute l'importance & la sainteté du serment: que vous avez prononcé? Je le veux croire. Les François sont prématurés en tout, & le patriotisme a déja jetté dans vos cœurs des racines assez profondes pour faire espérer que vous aurez toutes les vertus de vos peres; mais rappelez-vous qu'en vous admettant à cette cérémonie auguste & sainte du serment civique, la patrie a vu lou cru voir en vous autant de Scipions, en faveur de qui elle n'a point balancé à faire une exception, intimement persuadée que, d'ici à l'époque où vous prendrez la robe virile, vous ne ferez que croître en vertus & en patriotisme. Rappelez-vous sans cesse que vous vous êtes mis dans l'heureuse impossibilité de faire aucuri écart qui puisse préjudicier en rien à la chose publique. Rappellez-vouse, & ayez sans cesse devant les yeux, que plus la patriera été indulgente envers vous, plus elle seroit sévére & inexorable si vous ne répondiez pas aux espérances que vous venez de lui faire concevoir; pénétrez-vous de toute la plénitude du serment civique, & travaillez à surpasser même nos espérances.

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M. de Beauharnois avoit son fils pármi ses jeunes députés. Il a demandé, avec autant de sensibilité que de patsiotisme, que le nom de ces jeunes éleves fussent inscrits dans les procès-verbaux. L'assemblée a cru devoir alimenter les vertus du pere, en accordant au fils & à ses collégues cet honneur.

Ont paru ensuite les députés de la ville de Tonnerre, pour offrir un don de leur ville; ils ont profité de l'occasion pour prêter devant l'assemblée le serment patriotique.

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M. Dussaulx, de l'académie des inscriptions & belles-lettres, devenu en ce moment l'orateur d'une députation des volontaires de la Bastille, a offert, en leur nom, & à la fin d'un discours à leur éloge, la derniere pierre du dernier cachot de la Bastille. Son discours étoit long & débité avec emphase; le sujet & la maniere n'ont pas parù agréable à beaucoup de députés du côté de la droite du président; il a été souvent interrompu par un bruit confus & très-sensible; il l'a été une fois, lorsqu'il terminoit une phrase finissant par ces mots: la prise de la Bastille; au premier moment de silence il a repris à-peu-près en ces fermes: Braves citoyens de tout âge & de tout rang, dites à vos freres, à vos compagnons d'armes, que l'assemblée rend avec joie à leurs nobles

travaux, le tribut d'éloges qu'ils méritent, & qu'elle sera au comble de la satisfaction quand elle verra tous les François réunir aux sentimens du patriotisme ceux de la paix & de la concorde. Cette derniere phrase a paru faire allusion à la maniere peu satisfaisante dont une partie de l'assemblée avoit écouté le long & pompeux discours de M. Dussaulx. Pour débarrasser la barre, on a fait placer les écoliers & les volontaires de la Bastille aux deux bouts de la salle, sur les gradins les plus élevés ; les volontaires se sont tous rangés du côté de la gauche du président.

L

Les magistrats du châtelet & le prévôt de Paris, M. de Boulainvilliers, ont été introduits. M. Talon, lieutenant-civil, a annoncé, par un petit discours, qu'ils venoient remplir le plus saint devoir, jurer de maintenir la constitution, &c. M. de Boulainvilliers a dit la même chose en d'autres termes.

Le président leur a répondu qu'ils avoient justifié la confiance de l'assemblée, & qu'elle ne s'attendoit pas à moins, qu'à voir cette cour donner l'exemple du zele patriotique & de la soumission aux loix.

Un secrétaire a lu une note de M. le garde des sceaux, portant que les lettres patentes pour la formation de la cour supérieure provisoire de

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