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Suite de la Séance du premier février..

: APRÈS le rapport de M. Gossin sur le dépar tement de l'ouest de la Provence, où cet honorable membre a mis cette prudente impartialité qui le caractérise, il a proposé de décréter, que les électeurs réunis à Lambesc, siege des anciens i états de la province, déterminassent quel devoit être le chef-lieu de département. Mais MM. les députés respectifs de Marseille & d'Aix sont entrés en lice avec toute la chaleur naturelle aux provençaux.

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M. Bouche, après avoir fait une peinture ro manesque de Marseille, après avoir élevé jusques aux nues son commerce, sa population, son sol, ses campagnes, s'est appesanti sur cette cité il a invoqué l'histoire, pour prouver que Marseille n'avoit jamais voulu s'associer au reste de la Provence, qu'elle vouloit toujours dominer; qu'elle devoit être contente de son heureusesituation, qui la rendoit la patrie de tout l'uni vers; qui fait circuler journellement dans son sein un million d'especes, & ne pas envier à Aix l'avantage d'avoir des établissemens, puisque cette derniere ville, sans industrie, sans commerce, seroit anéantie si elle cessoit de posséder Tome VIII. N°. 11.

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les établissemens qu'elle posséde depuis dix-huit siecles, établissemens qui attirent les étrangers, dont les consommations vivifient & soutiennent cette antique cité. D'ailleurs, a-t-il dit, Aix est plus central, & le fléau qui ravage si souvent Marseille lui interdit de penser à être chef-lieu de département; la peste plus de mille fois avant l'an 1200, & depuis l'invasion des Turcs a ravagé cinquante fois cette cité. Monsieur Bouche se disposoit à prouver les faits, mais l'assemblée sentant combien il est instant de finir les départemens, on en a dispensé impérieusement l'orateur; il a donc été obligé de revenir à la question & conclure à ce que Aix fût le chef-lieu de département de l'ouest, & que Marseille y für comprise. . . M. l'Archevêque d'Aix a fait moins de phrases; mais se tenant strictement dans les principes de l'assemblée, il a prouvé que Marseille étoit excentrique (M. Bouche l'avoit dit aussi), que le bien des administrés exigeoit que Aix fût le chef-lieu. Il a étayé son raisonnement de l'habitude des peuples & de l'économie.

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Les députés de Marseille ont fait valoir l'im-portance de leur commerce la surveillance active & présente qu'il exige, l'incompatibilité d'une ville agricole avec une ville commerçante ; le peu de connoissance des administrateurs, si on les

plaçoit dans un pays où le commerce est nul, dù la rivalité des deux cités subsiste encore, &c.

J'observe ici, d'après M. Gossin, que la riva➡ lité des villes opulentes, celle d'une grande quan tité de villes, qui élevent une foule de prétentions ambitieuses, sont bien affligeantes pour cette opération qui exige l'unité des vues & la concorde. Quoi s'est-il écrié, le plan sublime de division, enfanté par le génie pour le bonheur de la France, ne seroit-il donc que les rêves des hommes de bien ! Il seroit encore plus douloureux de voir la scene de la révolution ensanglantée... Il faut espérer que cela n'arrivera point, & que l'inrérêt particulier se taira devant l'intérêt général.

Après des débats assez vifs & assez longs, l'assemblée a prononcé :

Décret sur le département d'Aix en Provence.

« L'assemblée nationale décrete que la ville de Marseille est dans le departement de l'ouest de la Provence, & que la ville d'Aix est le cheflieu du département. »

Décret sur le département d'Evreux.

« L'assemblée nationale décrete, d'après l'avis

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du comité de constitution, 1°. que le département d'Evreux, dont Evreux est le chef-lieu, est divisé en six districts, dont les chefs-lieux sont, Evreux, Bernay, Pont-Audemer., Louviers, les Andelys, & Verneuil. 2°. Que les électeurs du département détermineront s'ils trouvent nécessaire ou utile de former dans ce dépar tement un plus grand nombre de districts. 3°. Que le tribunal du district d'Andelys sera placé à Gisors. 4°. Que la forêt de Lions sera attachée au département d'Evreux, suivant les li-mites déterminées par les députés de cette partie de la province. 5°. Que la ville d'Elbœuf est distraite du département de Rouen , avec quelques paroisses environnantes, pour être unie au département d'Evreux, ensuite, s'il y échet, être réglée pour la prochaine législature. »

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Décret sur le département des deux Flandres.

«L'assemblée nationale décrete, d'après l'avis du comité de constitution, 1°. que le département des deux Flandres, du Hainault & du Cambresis est divisé en huit districts, dont les chefs-lieux sont, Valenciennes, le Quesnoy Avesnes, Cambray, Douay, Lille, Hazebrouch, & Bergues. 2°. Que le tribunal de justice d'Ha

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zebrouch sera placé à Bailleul. 3°. Que le tribunal du district de Bergues sera placé à Bergues ou à Dunkerque, au choix des électeurs dudit district. 4°. Que les villes de Valenciennes, Aves

le Quesnoy, Cambrai, Lille & Douay, réuniront les deux établissemens, sauf à [statuer sur les limites de la Flandre & de l'Artois, ainsi. que sur le chef-lieu du département dont il s'agit. »

Les discussions sur les départemens ont emporté beaucoup de temps; néanmoins on a entendu le rapport du comité militaire. M. de Noailles a été l'organe de ce comité ; quoiqu'on ne puisse apprécier à une lecture rapide un rapport de cette importance, nous croyons devoir en donner la substance, nous réservant de revenir sur cette matiere quand l'assemblée s'en oc-, cupera.

M. de Noailles, après avoir rapporté les services de l'armée Françoise, l'estime dont les représentans de la nation sont pénétrés pour elle, la privation de 150 mille citoyens soldats écartés des assemblées primaires, s'est écrié : Vous dicterez des loix militaires qui feront chérir à l'armée & vos décrets & votre constitution, & vous trouverez dans son zele le plus ferme appui de la liberté françoise.

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