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possibles, trouve moyen de réduire ces dépenses à 193 millions 400 mille livres ; ce qui donner tout d'un coup 94 millions 313 mille livres de réduction sur les différens départemens, dans l'hypothese que le département de la guerre sera fixé conformément au dernier rapport du comité mi-> litaire, à 94 millions; mais une pareille réduction est frappante. Il est vrai qu'il faut en-sus des 93 millions 400 mille livres pour les différens dépar temens, attribuer 57 millions pour les dépenses: nécessaires, tant pour la mendicité que les che mins, les atteliers de charité, &c. que l'on sera obligé de verser, pour le moment, dans les caisses des nouvelles assemblées administratives de département; mais comme le premier ministre des finances a calculé sur l'ancien pied, qui formeroient un total de 240 millions, & ne laisseroit entrevoir qu'une réduction de 38 millions. MM. du comité des finances comptent avec raison que la meilleure administration dans toutes les parties & toutes les branches de département amenera une économie de 75 à 80 millions. Une perspective aussi agréable a flatté singuliérement l'assemblée, & l'exécution d'un pareil projet tranquillisera tous les esprits,

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M. de Montesquiou a annoncé que le comité étoit prêt de faire de suite une infinité de rap

ports satisfaisans'; mais comme, dès le 6 octobre dernier, un préambule de décret annonçoit la suppression des haras, un des membres. du comité des finances a fait un rapport sur cet objet, qui ne paroîtra pas, au premier coupd'œil, de la premiere importance au milieu des réformes immenses que nous avons à faire, sur-tout lorsqu'on saura qu'il ne monte qu'à 814,000 liv. ; mais comme le premier ministre des finances a regardé cet objet comme supprimé, & ne l'a pas mis conséquemment dans l'état de dépenses de 1790, il étoit instant que l'assemblée prononçât sur les haras. Outre cette dépense annuelle de 814,000 liv., il y avoit encore des attributions particulieres sur les haras de Chambor; savoir," 10 mille livres annuellement pour M. des Essarts & 400 mille livres pour M. de Polignac, donɛ on lui payoit so mille livres par an, jusqu'à solde de compte, en-sus les gages des inspecteurs, &c. &c. On sent, sans que je sois obligé de le dire, que cette somme de 400 mille liv. attribuée à M. de Polignac, a excité des murmures d'indignation. Le rapporteur a fait sentir combien le régime prohibitif des haras avoit été préjudiciable à la France; il a avancé que c'é toit depuis qu'il étoit en regne que nous étions obligés de faire nos remontes à grands frais dans

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les pays étrangers; que nos carrousels & les voitures étoient ornés de chevaux anglois, ce qui faisoit passer en Angleterre plus de a millions de notre numéraire par an. Après ce préam bule, il n'a pas paru contenir des faits très-exacts, au jugement de plusieurs honorables membres, comme nous allons le dire plus bas. Le commissaire-rapporteur du comité des finances a proposé le projet de décret suivant.

<< L'assemblée nationale , par le préambule du décret du 6 octobre, ayant déterminé une rédaction de dépenses de 814 mille livres ; considé rant que loin que le gouvernement ait retiré des établissemens de haras, les avantages qu'il en espéroit, ils n'ont fait, au contraire, que préjudicier au commerce, diminuer le nombre des chevaux, ou abâ tardir l'espece, a décreté & décrete :

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1°. Que le régime prohibitif du haras est aboli. 2°. Que toutes les dépenses publiques, relatives aux haras, sont supprimées.

3°. Que les étalons & les établisemens des haras, outre que ceux qui sont établis dans les domaines que le roi se réserve, sont à la disposition des assemblées administratives, à la charge de rendre justice à cet égard aux communautés & particuliers qui auroient fait les fonds de différens établissemens.

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Cette lecture faite, on a demandé au rappor teur d'expliquer ce qu'il entendoit par régime prohibitif. Il a développé l'inquisition qu'exerçoient les inspecteurs des haras sur les différens particuliers qui nourrissoient des jumens poulinieres, les défenses & les amendes de faire servir leurs cavales de la maniere qu'ils avoient pu croire la plus avantageuse, la déclaration qu'on les obligeoit à faire du nombre de leurs cavales déclaration aussi rigoureuse que celles que les gabelleurs exigeoient des peres de famille pour connoître le nombre de consommateurs.

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M. de la Borde de Méreville prétendoit que ce décret étoit inutile; il donnoit pour raison que le pouvoir exécutif avoit déjà supprimé les dépenses relatives à cet objet, que le roi pouvoit, dans tous ses domaines, former des établissemens des haras, pourvu qu'il fût soumis au même régime que les autres.

M. du Châtelet a relevé l'inexactitude de quelques faits avancés qar M. le rapporteur. Nos remontes, pour la cavalerie, ne se font point en Angleterre, mais dans l'Allemagne,

Nos chevaux de voiture pour la plupart ne

sont point tirés d'Angleterre, quoiqu'en ait pu dire M. le rapporteur, mais bien nos chevaux de selle. Il se plaint avec raison de l'argent que la France exporte pour cet objet dans les pays

étrangers; mais est-ce donc un moyen bien efficace dans la circonstance où nous nous trouvons actuellement que de s'en rapporter au seul aiguillon de l'intérêt? nos paysans sont-ils capables de faire emplette de chevaux propres à perpétuer les bonnes races? Ne seroit-il pas plus à propos d'abandonner le soin des haras aux assem blées de département, & d'attribuer une certaine somme pour encourager des citoyens qui voudroient se livrer à l'éducation des chevaux.

Il opinoit plutôt pour corriger les abus, que pour détruire entiérement le régime du haras.

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M. de Noailles a débuté ainsi : Voulez-vous avoir des chevaux, n'ayez point de haras; voulez-vous avoir des arbres, n'ayez point de pépinieres ; cette assertion a paru si singuliere, que l'on a interrompu l'orateur; mais sans se démonil a attendu que l'assemblée voulût bien faire silence pour déveloper ses idées, & il l'a fait avec succès. Dans un pays où il y a des pépinieres exclusives, le particulier s'attache peu ou point du tout à élever des arbres, parce qu'il sait que sa pépiniere ne pourra jamais entrer en concurrence avec la pépiniere exclusive. Et quand l'on supposeroit que ceux qui sont chargés de ces sortes d'établissemens, supposition gratuite, jamais elles ne produisent autant d'arbres qu'en pourroient élever les particuliers, chacun de leur

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