accueilli, non seulement des Français, chaque jour plus nombreux, que leur apostolat ou leurs affaires obligent au contact journalier avec les Célestes, mais de tous ceux qui s'intéressent aux choses d'ExtrêmeOrient, et aux répercussions qu'elles peuvent avoir sur la politique internationale.

Nous trouvons, en effet, dans cette élégante plaquette, les principales expressions nouvelles qui, depuis quelques années, au contact de la civilisation européenne, et sous l'influence plus immédiate du Japon, se sont introduites dans la littérature chinoise; certaines d'entre elles existaient déjà dans les anciens auteurs, mais étaient tombées en désuétude, et n'ont été remises en usage que pendant ces dernières années. Depuis la « guerre d'opium », que d'idées nouvelles, pour lesquelles il a fallu trouver ou remettre en honneur des caractères variés! Naturellement, le vocabulaire du parlementarisme a sa large part dans le recueil; le « jeune Chinois » sait, ou croit savoir, ce que c'est qu'une chambre haute et une chambre basse, des députés, des délégués; il rêve de droits de l'homme, d'humanitarisme, d'entente universelle entre tous les peuples. Quelle saveur dans ces synony mes « relations (démêlés) avec les nations étrangères »; « habiter ensemble (sans quartier spécial pour les étrangers) »! Hélas! il a fallu nommer ces cruelles réalités : « Politique d'invasion », « sauvegarder l'intégrité du territoire », « droit international en temps de guerre »>, << principe du laisser faire », « la nation qui donne le ton », « la nation souveraine des mers ». Les terribles axiomes darwinistes : « Les faibles succombent », « les forts l'emportent », « la lutte pour la vie » sont courants parmi les infidèles disciples de Confucius. Arrêtons-nous avec plus de plaisir devant ces nouveautés plus pratiques qui s'appellent « le grand nettoyage », « l'habit à queue de pie », « la poudre dentifrice ». J. DE LA SERVIÈRE.

Vicomte E.-M. de VoGüÉ. Pages choisies. Préface de M. Paul Bourget, de l'Académie française. Paris, Plon-Nourrit et Ci, 1912. Ces pages donnent une juste idée de l'artiste et du poète que fut E.-M. de VoGüÉ; de même, les larges extraits du Roman Russe et notamment de l'Avant-propos, sont tout à fait caractéristiques du critique et indiquent nettement de quels principes procède son œuvre, quel esprit l'anime et en explique l'influence. On pourrait peut-être regretter que la partie consacrée au philosophe et à l'historien ne soit pas plus développée, et surtout que dans les pages prises aux romans, il n'ait été fait aucune place au réalisme de Vogüé.

Dans la préface, M. Bourget évoque le soldat des lettres pour qui la vie s'est résumée à servir, l'écrivain en qui les ancêtres guerriers parlaient, sur qui la race avait mis sa forte empreinte.

G. R.

Imprimerie de J. Dumoulin, à Paris.