le local dans lequel le régime pénitentiaire ne pouvait leur être qu'imparfaitement appliqué, pour entrer dans un bâtiment plus favorablement disposé,

Cet événement devait avoir sur la réforme et l'avenir de nos enfants, une influence salutaire, et bien qu'il soit trop tôt pour pouvoir la constater complétement, il est cependant permis de prévoir tout ce qu'il aura de décisif, lorsque les vues bienveillantes de l'Administration auront reçu leur entière exécution..

Avant de vous parler de nos trayaux particuliers, nous vous entretiendrons donc de cette circonstance nouvelle.

Tout en effet se lie dans notre cuvre; les épreuves de la délibération ne deviennent faciles qu'autant que l'action disciplinaire a été forte et efficace pendant la durée de la détention.

Si, à l'avance, et dès long-temps, on n'est pas puissamment armé contre les mauvaises passions, quelle résistance pourra-t-on leur opposer , lorsqu'elles se sentiront à l'aise dans cette vie d'affranchissement qui , en même temps qu'elle renouvellera leur énergie, multipliera les occasions d'y céder ?

Il y a donc devoir pour nous, de suivre dans

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sa marche et dans ses développements le régime pénitentiaire, qui lui-même ne produit d'heureux résultats qu'à la condition de recevoir dans les lieux où l'application en est faite, toute l'extension qu'il comporte, tous les perfectionne, ments dont il est susceptible.

Nous pourrions craindre de nous livrer à cet examen, si l'Administration ne nous y avait tant de fois invités; si, loin de craindre la publicité, elle ne l'appelait elle-même comme moyen de provoquer les lumières et d'appeler tous les hommes généreux à la seconder.

Dès la première année de l'institution de 'notre Société, frappés de l'insuffisance du local des Madelonnettes où se trouvaient alors nos détenus, nous en avions signalé les inconvénients.

Nous indiquâmes dès lors à l'Administration, qui s'est toujours montrée si bienveillante pour notre cuvre, la maison de la Roquette dont l'édification commencée en septembre 1827, n'était pas encore achevée, et nous lui demandâmes d'y transférer le jeune pénitencier.

L'Administration entra dans nos vues, les constructions furent terminées, les nouveaux bâtiments reçurent l'appropriation convenable,

et, le 11 septembre de l'année dernière, dix ans après que la première pierre en avait été posée, les jeunes détenus y furent installés.

у Ce n'est pas que cette prison répondit parfaitement, par sa distribution, au but qu'on se proposait. Obligé, dès l'origine, de se conformer au programme donné, l'habile architecte, dont elle est l'ouvrage, s'est trouvé enchainé par les conditions qui lui avaient été imposées ; d'autre part, les idées sur le système pénitentiaire n'étaient pas aussi avancées qu'elles le sont aujourd'hui, et le plan primitif dut s'en ressentir..

Mais elle est spacieuse; au lieu de dortoirs, chaque enfant a une cellule pour la nuit, et, si les ateliers ne sont pas assez grands, si l'absence d'abri pour les récréations dans les jours de mauvais temps, se fait sentir, si les diverses parties de la maison, mal liées entre elles, rendent l'accès des unes aux autres pénible et difficile, ces inconvénients ne tarderont pas à disparaitre, ou du moins à être considérablement affaiblis, l'Administration s'en occupantavec une persévérance qui témoigne de toutes ses sollicitudes pour le succès de l'établissement.

Le bâtiment principal est de forme exagone, dont chaque angle est lerminé par une tourelle.

Dans l'enceinte, s'élève une tour de cinquante pieds de diamètre, de laquelle partent six corpsde-logis qui vont aboutir au milieu de chaque pan de l'exagone; l'ensemble figure donc une étoile à six rayons. Dans l'intervalle qui se trouve entre chaque rayon, est une cour plantée d'arbres avec fontaine au milieu. Les pans de

. l'exagone sont élevés de trois étages, les bâtiments qui forment rayons, n'en ont que

deux. Dans la tour du centre, se trouvent la cuisine au rez-de-chaussée, le parloir au premier étage, et la chapelle au deuxième.

Les divers étages des bâtiments de la circonférence sont distribués en cinq cent quatre-vingthuit cellules de sept pieds sur huit, avec corridors au milieu. Les rez-de-chaussée sont destinés aux ateliers, aux réfectoires, à la salle du conseil de la commission de surveillance et du comité de placement de la société de patronage.

L'ensemble est partagé en six quartiers, l'un pour la correction paternelle, un second pour les prévenus, et les quatre autres pour les détenusjugés; chaque corridor reçoit une section par étage, de telle sorte que les enfants, bien que fermés dans leurs cellules, sont encore classés par corridors.

Un bâtiment extérieurement adossé à l'un des pans de l'exagone, est destiné au logement de l'administration.

Un autre bâtiment placé en dehors du pan opposé, et parallèle au premier, renferme l'infirmerie, les salles de bains, le cabinet du médecin, le vestiaire, etc.

Enfin, un mur extérieur d'une hauteur suffisante laisse entre deux un chemin de ronde de trente pieds de largeur dont une partie est cultivée en jardin.

Telle est la description bien abrégée de la nouvelle maison affectée à notre jeune famille.

Avec nos enfants, on y a également mis ceux qui étaient jusque là renfermés dans la maison de la correction paternelle, et on leur a assigné un quartier séparé. Nous n'avons pas à nous occuper d'eux, puisque, rendus à leurs parents, lorsqu'ils sont mis en liberté, ils ne sont pas dans le cas de réclamer l'action bienfaisante de notre patronage. D'ailleurs, mal placés dans la maison pénitentiaire dont ils gènent les mouvements, et dont ils divisent trop la surveillance, l'autorité s'occupe de leur procurer un autre local dans lequel ils seront soumis à un régime plus approprié à leur situation particulière.