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ils sont acquittés, et que s'ils sont conduits dans une maison de correction pour un temps déterminé par le jugement, c'est le plus souvent parce qu'ils n'ont pas de parents, ou qu'il serait dangereux de les confier à ceux-ci. On sait aussi qu’un grand nombre n'ont été arrêtés que pour faits de vagabondage ou de mendicité, et que d'autres ne sont détenus qu'administrativement et à titre d'hospitalité.

En effet, súr trois cent cinquante-un libérés qui sont dans ce moment l'objet de notre patronage, deux cent six n'avaient été poursuivis que pour la première de ces causes. Si les cent quarante-cinq autres s'étaient rendus coupables de vol, ils avaient presque tous été déclarés avoir agi sans discernement et conséquemment acquittés. La plupart de ces infortunés ne devaient d'ailleurs le désordre dans lequel ils étaient tombés qu'à l'inconduite ou à la misère de leurs parents.

Enfin le préjugé dont nous parlions ne pourra que s'effacer complétement lorsqu'on aura la certitude que le régime du pénitencier est régénérateur, et que le séjour qu'on y a fait est devenu une garantie de bonne conduite pour l'avenir,

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Nous devons aussi des remerciments à MM. les Directeurs de la Caisse d'épargne de Paris, qui ont bien voulu, par un arrangement particulier, favoriser les habitudes d'ordre et d'économie que nous nous efforçons de donner à nos pupilles, en nous permettant de demeurer dépositaires de leurs livrets, avec faculté, pour les patrons, de retirer, sous la garantie de la Société, les fonds versés, au fur et à mesure des besoins du patroné déposant (1).

La Société, messieurs, ne néglige, à l'égard de ses pupilles, aucun moyen de moralisation. C'est dans cette vue que, pour pouvoir placer entre leurs mains un livre dont les préceptes mis en action fussent mieux compris par eux et s'identifiassent en quelque sorte avec leur situation particulière, elle ouvrit, il y a deux ans, un concours, et fit un appel aux gens de lettres, par un programme qui indiquait le genre d'ouvrage que nous sollicitions de leur zèle éclairé.

Les conditions du concours ne furent pas

(1) Voir ci-après, page 72, la lettre écrite pour le Conseil d'administration de la Société à MM. les Directeurs de la Caisse d'épargne : cette lettre renferme les arrangements pris d'un commun accord; MM. les patrons sont invités à s'y conformer.

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car

remplies la première année; mais cette fois la
Société a eu la satisfaction de pouvoir couron-
ner un livre conforme à ses voeux ; il va vous
être rendu compte de ce concours , dont le prix
a été obtenu par une personne que son sexe
rendait peut-être plus propre que le nôtre à
traiter le sujet indiqué. Nous lui devrons cer-
tainement plus d'une conversion sincère ,
elle a su nous comprendre. Son livre qui mon-
tre si bien les dangers du mal , apprend à l'évi-
ter; il inspirera à ceux qui ont eu le malheur
de s'écarter de la bonne voie, la force néces-
saire pour y rentrer.

C'est ainsi que nous nous efforçons de rappeler nos pupilles à la dignité de l'homme.

Maintenant, pour juger de la manière dont ils répondent à nos soins; il faut se rappeler que la récidive parmi les libérés qui étaient sortis du pénitencier avant l'établissement de la Société, était de soixante-dix sur cent , ce qui fut constaté dans notre dernier rapport.

Nous appelons toute votre attention, Messieurs , sur cette proportion entre la libération et la récidive.

Or, au mois de juin de l'année dernière, une première période de trois années s'était écoulée depuis notre fondation. Pendant ce temps deux cent soixante-neuf jeunes gens mis en liberté furent confiés à notre patronage : sur ce nombre, cinquante-un seulement avaient encouru de nouveaux jugements ; la proportion entre la récidive et la libération était donc déjà descendue à dix-neuf pour cent.

Aujourd'hui une année d'épreuve de plus s'est écoulée. Pendant ce temps et jusqu'au 1" juin dernier, nous avons reçu quatre-vingtdeux nouveaux enfants, ce qui élève en quatre ans le nombre de nos pupilles à trois cent cinquante-un.

Voici comment on peut les classer : cent trois ont une conduite excellente; ils sont appliqués, honnêtes , et leur moralité est si bien établie qu'elle parait désormais pouvoir résister à toutes les séductions : cent vingt-deux sont également de bons ouvriers ; ils n'ont aucun des défauts graves que nous nous efforçons de déraciner en eux , seulement ils n'ont pas encore été soumis à une épreuve assez longue pour qu'on puisse répondre pleinement de leur régénération. Nous devons ajouter à ceux-là qua-. torze enfants que nous avons repris après réci dive et qui maintenant nous donnent toute

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sorte de satisfaction; ce qui nous avertit de ne

" jamais nous décourager , et qu'avec de la persévérance, il n'est pas de mauvais penchants que nous ne puissions parvenir à extirper.

Le nombre de nos libérés qui luttent encore avec quelque peine contre de pernicieuses habitudes, s'élève à quarante; ceux-ci ont besoin d'une surveillance active et soutenue, leurs patrons leur donnent tous leurs soins, et mettront leur gloire à les faire sortir victorieux de cette lutte. Enfin, Messieurs, nous n'avons de véritables mécomptes qu'à l'égard de soixante-huit de nos patronés qui , résistant à tous nos efforts, se sont exposés à de nouveaux châtiments; ce nombre, eu égard à celui des trois cent cinquante-deux libérés confiés à notre patronage depuis notre établissement, établit pour ces quatre ans, entre la récidive et la libération, une proportion qui, comme l'année dernière, est de dix-neuf pour cent. Mais il faut considérer que, si la Société ne retire jamais son intérêt aux enfants qu'elle a une fois adoptés, on a vu que la durée officielle de son patronage n'était cependant que de trois ans; de sorte qu'il est juste de retrancher de nos calculs les jeunes gens qui furent libérés la première année, et qui ont maintenant quatre ans de libération. Ils étaient au nombre

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