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rapports sont, à cet égard, entrés dans des détails qui nous dispensent de les reproduire.

Mais ce que nous ne saurions trop répéter, c'est le zèle ardent qui anime tous les membres de la Société ; on dirait que ce zèle augmente en proportion du nombre tonjours croissant des sujets sur lesquels il est appelé à s'exercer.

Bien que la durée du patronage ne soit que de trois ans, parce qu'on suppose qu'après ce temps, le jeune libéré qui a persévéré dans le bien est en état de marcher seul et n'a plus besoin de soutien, cependant, la Société ne laisse pas pour cela de veiller sur eux; elle les assiste dans toutes les circonstances de leur vie, et ne cesse de leur prêter son appui.

Ainsi, l'un de nos plus anciens patronés, dont la conduite est la plus digne d'éloges, et dont le dévouement pour une jeune seur qu'il soutient de ses épargnes, avait déjà mérité les récompenses de la Société, fut réclamé

pour

satisfaire à la loi de la conscription, mais il était d'origine étrangère, un procés devint nécessaire pour faire constater son état; son patron intervint , soutint le procès, le gagna, et rendit à la jeune sæur l'homme qui lui servait de père.

Un autre de nos patrons, convaincu que c'é

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tait à lort qu'une imputation de vol était faite à l'un de ses anciens pupilles , l'assisla devant le tribunal de police correctionnelle, improvisa avec simplicité, mais avec l'accent que donne la conviction, avec ces mouvements qui partent du ceur, une défense qui, en pénétrant les juges d'estime pour lui, fut suivie de l'acquittement du jeune prévenu : dans quelque situation que soient nos enfants, ils retrouvent les soins bienveillants et empressés de la Société.

Sont-ils affligés de maladies qui les obligent de cesser leurs travaux ? S'ils ne peuvent être traités chez leurs maîtres, on les place à l'hôpital, où leurs patrons les visitent régulièrement. L'un d'eux, orphelin de dix-huit ans, avait une tumeur au bras gauche, qui en nécessitait l'amputation; son patron, lorsqu'il se fut convaincu qu'il n'y avait pas d'autre moyen de lui sauver la vie, se chargea de l'y déterminer: il n'y eut pas de peine, le pauvre enfant se montra tout résigné; il subit cette cruelle opé

; ration sans pousser un cri, sans verser une larme, son patron ne le quitta pas, l'encourageant par sa présence, le soutenant par les témoignages du plus tendre intérêt ; mais privé de son bras, cet infortuné ne pouvait plus songer à continuer l'apprentissage de sa profession; à sa sortie de

l'hôpital, lorsque sa plaie a été termée, son patron lui a donné un maître de lecture et d'êcriture , qui par une méthode nouveile a obtenu de lui d'assez grands progrès en peu de temps. Bientôt nous l'espérons, ce malheureux enfant, dont la conduite et les sentiments sont d'ailleurs parfaits , pourra entrer comme écrivain dans quelque administration, et se procurer ainsi des moyens d'existence.

Du reste, la santé de nos enfants s'amé- . liore et se fortifie à mesure qu'ils jouissent de leur liberté. Le goût de la sobriété et les habitudes d'une vie réglée qu'ils ont contractés dans le pénitencier, leur sont profitables, et vous serez satisfaits d'apprendre que depuis l'établissement de la Société, c'est-à-dire, depuis quatre ans, elle n'a perdu que cinq des jeunes libérés confiés à ses soins.

Nos sollicitudes pour eux, il est vrai, ne se ralentissent jamais; de cette manière il s'établit entre nos enfants et leurs patrons, des liens qui se resserrent constamment, et auxquels sont duş les bons résultats que nous avons le bonheur d'obtenir. Le zèle persévérant avec lequel on s'occupe de ces jeunes êtres, provoque leur con fiance, excite leur reconnaissance et fait naître

presque toujours en eux le désir sincère de répondre à nos soins.

Il est juste de dire aussi que ce dévouement des patrons est admirablement secondé par Messieurs les chefs d'ateliers auxquels nous confions nos pupilles. C'est auprès d'eux, c'est dans le sein de leurs familles et au foyer domestique, qu'en apprenant leur profession, nos enfants reçoivent des leçons d'ordre et de probité; c'est là surtout que leur cour apprend à devenir honnête en aimant ceux qui leur font du bien.

Messieurs les chefs d'ateliers complètent notre euvre par leurs soins de tous les instants et par leur patience à toute épreuve : les uns, comme M. Robert ébéniste, ne se bornent pas à initier nos pupilles aux secrets de leur profession, ils étudient leur caractère, ils s'attachent à connaître leurs défauts pour les en corriger. Persuadés que la religion est le principe de tout bien, ils se font comme lui un devoir de les préparer à leur première communion, en se chargeant eux-mêmes de les instruire. D'autres, comme M: Chappel, tout en les occupant à des travaux manuels, cherchent à développer leurintelligence, soit en les envoyant aux écoles, soit en leur donnant personnellement des leçons de sciences plus élevées.

Le bel établissement de M. Soulanges-Bodin a offert à l'un de nos enfants les moyens d'acquérir de l'instruction dans un art dont on commence à sentir tout le prix; nous devons des remercimens à ce digne fondateur de l'horticul. ture en France, pour le zèle et l'empressement avec lesquels il a bien voulu s'associer à nos vues.-M. Berțin, serrurier, continue de son côté à être la providence de nos pupilles; ni leur nombre, ni même leurs défauts ne le rebutent, et c'est toujours avec la même patience et la même bonté qu'il les encourage au travail et qu'il s'efforce de les rendre meilleurs. Nous ne finirions

pas si nous citions tous les hommes honorables qui veulent bien nous seconder en donnant à nos enfants, avec une profession industrielle , des habitudes d'ordre et d'honnêteté et le goût des vertus simples qu'ils pratiquent si bien eux-mêmes.

Du reste le préjugé qui s'attachait à nos jeunes libérés s'affaiblit toujours plus. On sait que la plupart ne sont pas réellement condamnés; qu'au contraire, déclarés avoir agi sans discerne, ment, aux termes de l'art. 66 du Code pénal ,

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