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Depuis quelque temps nous sommes péniblement affectés des nombreuses et affligeantes récidives que l'on observe partout. Faut-il s'en étonner? lorsque, sur un seul point, on a sous les yeux Fieschi! après y avoir vu passer, depuis peu, les Avril et les Lacenaire !!.....

Pénétré de la gravité du mal, quiconque s'en occupe voudrait y porter remède. Mais il faut reconnaître que c'est au-dessus des moyens d'un individu, fût-il dépositaire d'une portion du pouvoir que la société délégue. On ne saurait nier

toutefois qu'il ne soit du devoir de tout citoyen, qui s'intéresse à l'honneur et au bien de son pays, de rechercher les causes de ce mal, d'en proposer et d'en recommander le remède, s'il est persuadé qu'il existe.

C'est de cette recherche que je me suis occupé depuis plus d'une année; et voici, Messieurs, quels ont été les résultats de mes investigations : il m'a paru que la principale cause des récidives se trouve dans les moyens de correction en usage dans notre patrie, et le remède, dans l'adoption du système pénitentiaire, amélioré d'après les faits que l'expérience, encore récente, a permis jusqu'à ce jour de constater. L'efficacité de ce système, démontrée par

des calculs et des faits irrécusables, ne saurait être contestée. Mais on pourra nous dire : « Son application ne présenterait-elle pas de graves difficultés, et n'entrainerait-elle pas, parmi nous, des dépenses considérables? » Oui, sans doute. Mais ces difficultés ne seraient pourtant pas insurmontables ni ces dépenses exhorbitantes. Ce serait ensuite des dépenses de la plus grande utilité, et même productives, audevant desquelles on doit, en quelque sorte, aller, au lieu de reculer devant elles.

A cause de ces dépenses, c'est aux Chambres, qui peuvent en apprécier la nécessité et les avantages, que je m'adresse. J'ai une trop haute opinion de leurs lumières et de leur patriotisme, pour douter

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un seul instant que, si une demande de fonds pour cet objet leur était présentée, elles fissent difficulté de l'accorder, alors même qu'elles n'auraient pas pris l'engagement « de perfectionner nos lois, en » aidant de tous leurs efforts l'amélioration des » moeurs publiques.

Quant aux moyens d'exécution, j'avoue qu'ils sont au-dessus de ma sphère. On peut consulter à cet égard, avec fruit et une grande édification, les ouvrages de MM. Charles Lucas, de Beaumont et de Tocqueville, sur le système pénitentiaire. D'ailleurs, le peu

d'observations pratiques que ma position et les circonstances m'ont permis de faire, m'interdirait de rien proposer avec la foi que donne l'expé rience. Voici cependant ce qui me paraît pouvoir et devoir immédiatement se faire :

Les Chambres pourraient renvoyer cette pétition à celui ou à ceux de MM. les Ministres que son objet concerne, comme elles l'on déjà fait

pour

d'autres qui tendaient au même but. M. le Ministre de l'intérieur pourrait à son tour recommander cet objet aux Conseils généraux, pour leur session prochaine. Ceux d'entre eux qui apprécieraient le mieux l'importance et l'urgence de cette grande amélioration, pourraient voter des fonds pour en faire l'essai, à l'exemple de celui de l'un nos départemens (de l'Indre, si je ne me trompe), qui a pris à cet égard, dans sa dernière session, une honorable initiative. Il y a lieu de penser que l'émulation se propagerait

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avec rapidité par l'exemple; et qu’ainsi nos prisons, dont le régime est évidemment funeste, seraient dans peu, remplacées par de nombreux pénitenciers, qui contribueraient à la fois au bien et à la gloire de notre patrie. Tels sont mes voeux. Je suis bien convaincu

que tous ceux qui le peuvent, et qui auront bien voulu concourir à ce qu'ils soient exaucés, s'en féliciteront le reste de leur vie.

MEYNADIER, PASTEUR,

Membre de la Commission de surveillance des prisons

de Valence.

VALENCE

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IMP. DE MARC AUREL FRÈRES.

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