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dans chaque département, lesquelles, si j'en juge par celles de celui que j'habite (1), ne sont pas de moins de 50,000 fr. pour chacun d'eux, on aura une somme de .

4,300,000 fr. Cette somme, ajoutée aux précédentes, nous donnera un total de... 14,510,288 fr. de dépenses entièrement nécessitées par les malfaiteurs, et qui leur sont propres.

Une partie de celle de la gendarmerie qui sont de..

16,871,780 fr., ( ministère de la guerre, chap. v, p. 372), ne peut-elle pas leur être imputée? Sont-ils étrangers à celles de la police qui, quoique moindres, ne laissent pas de s'élever annuellement (ministère de l'intérieur, c. IV, p. 290) à .

2,500,000 fr. En réunissant toutes ces dépenses ne pourrait-on pas, sans exagération, leur en attribuer une totale de vingt millions.

20,000,000 fr.

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(1) Les dépenses ordinaires des prisons, pour le département de la Drôme, dont la population ne forme que le 11° de la population totale du royaume, et qui n'est pas un de ceux qui offrent le plus de prévenus et de condamnés, sont de 40,870 fr. (Voir son Budjet de 1835, chap. 1 et vir. )

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Je suppose maintenant que, par l'adoption du système pénitentiaire, nous parvinssions, en faisant redouter davantage la peine de ce genre d'emprisonnement, en prévenant surtout un grand nombre de récidives, à diminuer le nombre des prévenus et celui des condamnés, seulement d'un cinquième, ne devrions-nous pas obtenir une économie proportionnelle sur les dépenses qu'ils nécessitent?... Je veux bien cependant ne la porter qu'à 2,000,000.

Supposons ensuite que le travail des prisonniers, déduction faite de la part qui leur serait allouée, fournit à un tiers de la dépense qu'ils occasionnent [et l'exemple des pénitenciers des États-Unis nous permet de concevoir de meilleures espérances (0)], ne serait-ce pas encore une diminution de dépense au moins de pareille somme?.... Ce serait donc d'abord une économie de 4,000,000 chaque année. De telle sorte que, dans six ans, nous aurions à peu près couvert, par des économies, les dépenses que nous aurions faites! Une telle perspective n'est-elle

pas
bien
propre à encourager?

છે Mais, cette dépense fût-elle sans compensation, le gouvernement d'un grand peuple devrait-il hésiter à la faire ? N'est-ce pas ici le cas de répéter ce que disait un orateur au sein de la Chambre des communes, en 1810 : « Le système le plus économique n'est pas celui qui coûte le moins, mais qui pré

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(1) Voyez la Note à la suite de la deuxième pétition aux Chambres, par M. LUCAS.

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vient le plus de récidives (1). » Faut-il donc calculer minutieusement, lorsqu'il s'agit de diminuer le désordre et de prévenir le crime, alors surtout que l'on fait, dans ce but, tant d'autres dépenses qui sont beaucoup moins propres à l'atteindre ? Je ne le

pense pas; et je crois fermement, M. le Ministre, que vous ne le pensez pas non plus. Ai-je tort de croire que, si cela dépendait uniquement de vous, vous adopteriez à l'instant le système pénitentiaire?

Au moment où j'écris, le gouvernement anglais donne une grande impulsion à une pareille réforme. Après avoir publié un réglement pour les prisons, qui ordonne la séparation de tous les condamnés, lord Russell poursuit activement son cuvre. Sur dix-huit mille cellules qui sont nécessaires pour renfermer les condamnés en Angleterre, plus de dix mille sont complètemet terminées. Avant un an les prisons des comtés, malgré les obstacles qu'il aura fallu vaincre pour adapter d'anciennes constructions au nouveau plan, ressembleront aux pénitenciers américains et pratiqueront la discipline d'Auburn. — N'est-ce pas pour nous un noble exemple à imiter, et ne devons-nous pas nous hâter de le suivre?

Ne puis-je et ne dois-je pas ajouter que, par l'adoption du système pénitentiaire, il est perinis

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(1) Samuel Romilly, dans la fameuse séance du 10 juillet.

d'entrevoir une époque, même

peu éloignée, dans laquelle toutes les prisons que l'on aurait d'abord établies ne seraient plus nécessaires ? Mais qui ne voit qu'elles pourraient alors contribuer efficacement à remédier à un autre mal grave, que j'ai quelquefois entendu qualifier de lepre, je veux dire le vagabondage et la mendicité? Et ne serait-ce pas un double service dont nous lui serions redevables ?

Mais les difficultés que je viens d'examiner, bien que les plus graves, ne sont cependant pas les seules que présente l'adoption de la grande réforme qui nous occupe. D'après MM. de Beaumont et de Tocqueville, « Il y a encore, chez nous, des obstacles dans les moeurs et dans les lois (1). »

« En Amérique le système pénitentiaire a pour principal appui les châtimens corporels, le fouet, par exemple.» Nos moeurs le réprouvent et le repoussent, et avec juste raison, ce nous semble. — Mais ce vil châtiment, auquel nos meurs répugnent et qu'elles proscrivent, est-il donc indispensable parmi nous au succès de ce système? Je ne le pense pas; M. Lucas ne le pense pas non plus; et le pénitencier de Wethersfield, le meilleur des ÉtatsUnis, d'après ces Messieurs eux-mêmes (2), et ceux de la Suisse, d'où il est entièrement banni, sont là pour répondre.

(1) Voyez leur ouvrage, deuxième partie, chap. II.

(2) Ibidem, p. 179.

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a Forcé de renoncer à un tel appui, ces Messieurs pensent que le système pénitentiaire serait peutêtre aussi privé, chez nous, d'un auxiliaire moral qui, aux États-Unis, influe beaucoup sur son succès. — En Amérique, disent-ils, le mouvement qui a déterminé la réforme des prisons a été essentiellement religieux. Ce sont des hommes religieux qui ont conçu et accompli tout ce qui a été entrepris.....

Cela est vrai sans doute; mais qui ne voit que obstacle reviendrait, au fonds, à déclarer que nous manquons en France de religion, ou que la religion de la France est moins favorable au succès du système pénitentiaire, qui est pourtant une grande amélioration, que celle des États-Unis.- Pour moi, il me serait pénible de le croire; je n'oserais le dire; et je doute fort, d'ailleurs, qu'on veuille en convenir. Alors même que l'on serait forcé d'admettre la réalité de cet obstacle, je ne pense cependant pas que

l'on ne puisse le surmonter. Je me hâte d'ajouter

que MM. de Beaumont et de Tocqueville ne le pensent pas non plus.

D'après eux, « notre législation présente aussi des » obstacles. Le premier résulte de la nature mê» me de quelques lois pénales. »

»— Mais, en supposant que cet obstacle existe réellement, ne pourraiton le faire disparaître ? Serait-il donc bien difficile d'abroger ou de changer ces lois? Et si l'on en proposait le changement ou l'abrogation aux Chambres, en les présentant comme opposées à l'adoption du

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