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le Conseil général, prenant en considération la position particulière de l'hospice de Tulle, lui alloua, sur ma demande, un secours de 1,500 fr.: légère dépense en comparaison des économies faites. Les enfans nouveaux-nés purent

recevoir, à partir de cette époque, une layette qu'ils ne recevaient pas précédemment.

Cette grande et utile mesure de l'échange général venait d'être terminée; elle s'était accomplie dans tous ses détails avec un plein succès, lorsqu'en août 1833, je fus appelé à la Préfecture de l'Yonne. Un de mes premiers soins fut d'examiner la marche suivie dans ce département, concernant les enfans trouvés. Je vis d'abord

que l'entretien de 860 enfans environ coûtait au département, ou aux communes, 102,000 fr. qui était beaucoup trop, puisque la moyenne dépense d'un enfant était ainsi portée à 118 fr. Je ne tardai pas à me convaincre, sur des preuves ir

છે réfragables, que trois sortes d'abus existaient dans cette partie du service.

1° Beaucoup d'enfans étaient placés chez leurs propres mères rétribuées comme nourrices.

20 Les mois de nourrice et les pensions des enfans , entièrement payés par le département, n'arrivaient pas intégralement aux nourrices. Il y avait deux tarifs : l'un plus élevé, d'après lequel les fonds départementaux étaient mandatés, l'autre plus faible, qui faisait loi entre les hospices

ce

et les nourrices. En sorte que les hospices bénéficiant sur cet objet s'indemnisaient, au moins, des dépenses intérieures occasionnées

par

le séjour des enfans non placés à la campagne, dépenses que la loi met formellement à leur charge.

3° Enfin les frais des layettes et vêtures, au lieu d'être supportés par les hospices, conformément aux lois et réglemens, étaient payés au moyen d'un contingent annuel de 30 à 35 mille francs réparti entre toutes les communes.

Par une conséquence naturelle de cet état de choses, fort anciennement établi, (depuis 1819) on s'était écarté dans le département de l'Yonne, à l'égard des enfans trouvés, des principes d'une sage économie. En fait de dépenses, rien n'est plus expressif que des chiffres: en voici qui parlent clairement.

Je prends pour lerme de comparaison la dépense d'un enfant des hospices de Paris placé dans le département de l'Yonne (il y en a beaucoup). Certes, les conditions ne sauraient être plus égales.

L'éducation de cet enfant, jusqu'à l'âge de douze ans révolus , comprenant les mois de nourrice et pensions, les indemnités accordées aux nourrices dans certaines circonstances, les

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vêtures des différens âges et tous les frais accessoires , coûtera.

7804. 25". Durant la même période de douze ans, pour un enfant des hospices de l'Yonne, on dépensait.

1306 73 Il est vrai de dire que les hospices de Paris contribuent, et très-largement, à la dépense dont il s'agit, au lieu que ceux de l'Yonne y restaient totalement étrangers.

De telles infractions aux lois existantes ne me paraissaient pas pouvoir être tolérées. Aussi me suis-je empressé de les faire cesser.

Pour atteindre tous les abus d'admission des enfans, je n'avais pas de voie plus sûre

que

de revenir à la mesure du déplacement des enfans. J'en avais éprouvé ailleurs l'efficacité ; le succès ici ne fut

pas

moindre. Il paraît superflu de dire que préalablement je fus assuré de l'approbation de M. le Ministre dans les altributions duquel était alors placé le service dont nous nous occupons.

Le moyen d'empêcher les hospices, nolamment celui de X***, de s'indemniser, par des retenues sur les mois de nourrice, de toutes les dépenses intérieures des enfans, se présenta de lui-même : je n'eus qu'à assurer la prompte exécution d'une ordonnance royale du 28 juin 1833 qui, entre autres dispositions concernant les établissemens charitables, charge les Percepteurs des contributions directes du paiement des mois de nourrice des enfans trouvés.

Enfin, il était urgent de faire cesser l'impôt illégal dont les communes étaient frappées pour subvenir aux frais des layettes et vêtures ; je fis rayer, en conséquence, des budgets communaux de 1834 les contingens assignés pour cet objet , laissant aux hospices le soin de pourvoir à une dépense que la loi leur impose.

n'être

pas sans intérêt de consigner ici les résultats généraux du déplacement; ils sont de nature à prévenir ou résoudre plusieurs objections. On les voit résumés dans le tableau ciaprès, qui présente les mutations survenues dans un laps de temps de deux mois environ.

Il peut

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SNERRE.

Ainsi, sur 730 enfans qni ont été soumis à la mesure du déplacement, 241 seulement sont restés à la charge du département, et l'effectif primitif de 921 a été réduit, deux mois plus tard, à 432. On remarquera aussi

que le plus grand nombre des décès survenus se rapporte à des enfans non soumis au déplacement, soit qu'ils fussent trop jeunes encore ou qu'ils fussent malades pendant la durée des échanges. Il ne pouvait d'ailleurs exister aucun péril pour la santé des enfans, à cause des précautions nombreuses qui avaient été prises et du mode adopté pour faciliter le transport de ces enfans (Des détails qui seraient ici oiseur sont rejetés aux pièces justificatives, à la fin de ce

moire.)

La mesure dont je viens de rendre compte sommaireinent a donc eu pour le département de l'Yonne un succès très-satisfaisant. Aujourd'hui mêine le noinbre des enfans, porté à 478

par

la circonstance ordinaire des nouvelles admissions, n'est plus qu'environ moitié de ce qu'il était auparavant. Un budget de 66,000 fr. a été remplacé par un budget de 35,000 fr. pour les mois de nourrice et pensions. En outre, les communes ont été dégrévées du contingent de 30 à 35 mille francs qui pesait sur elles. Les hospices mêmes , comme on le verra plus tard, n'auront point à souffrir du nouvel ordre introduit, en se confor

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