cente ou projetée de plusieurs autres, donnent la mesure de tout l'intérêt dont la construction des canaux de la Corrèze et de la Vézère doit être pour les vallées que baignent ces rivières. C'est ainsi que dans le département de la Corrèze plusieurs propriétaires sont occupés à faire faire des recherches et à poursuivre leurs instances auprès du gouvernement, pour la concession des mines de houille d'Argental, de Lanteuil et de Cublac, ou de cuivre à Ayen et à Issandon. Dans ce même département, et à Lissac, on vient de construire une nouvelle papeterie qui est en pleine activité, et sous dix-huit mois la mine de plomb de Chabrignac, concédée à M. Devals, pourra verser ses premiers produits dans le com merce. Dans le département de la Dordogne on ne tardera point aussi à reprendre les recherches de cuivre déjà commencées aux Farges, et qui n'ont été suspendues que par la mort prématurée de M. Maine de Biran et de M. le comte François de Royère, au zèle patriotique duquel ses concitoyens devront en grande partie l'exécution des canaux de la Corrèze et de la Vézère. La mine de houille du Lardin, à la veille d'être réorganisée sur un plan plus étendu et plus en rapport avec les destinées qu'elle est appelée à remplir, fournit aujourd'hui un charbon infiniment supérieur à celui qu'elle donnait il y a 3 ou 4 ans; cette mine sera non-seulement le foyer, mais la sphère d'activité autour de laquelle viendront se grouper de grands et vastes établissemens. La verrerie, dont la construction est avancée, mettra l'un de ses fours en feu au printemps prochain, et les concessionnaires de la mine du Lardin, Madame veuve de Royère et M. Brard, viennent de passer un traité avec une Compagnie financière et industrielle, qui doit former sur ce point une fonderie de fer à l'anglaise, composée de plusieurs hauts-fourneaux, propre à fournir 500 quintaux de fonte par jour. Dire que les frais de premier établissement de cette fonderie sont estimés devoir coûter 3 à 4 millions, c'est laisser préjuger d'avance toute son importance. Aux Ayzies, MM. Festugière, père et fils, se sont occupés à reconstruire et à recréer, sur de nouvelles bases, une fonderie et affinerie de fer également à l'anglaise, et dès l'année prochaine ils recommenceront à expédier, pour Bordeaux et les îles, les fontes de ce nouvel établissement. L'infatigable activité de M. Brard ne se ralentit point; c'est à ses recherches éclairées, et à la constante sollicitude de M. le Préfet de la Dordogne, pour tout ce qui peut essentiellement intéresser l'agriculture et l'industrie, qu'on devra sous peu l'exploitation en grand des carrières de gypse qui se trouvent auprès de Beaumont; entreprise d'autant plus importante, que ce dépôt de gypse a la plus grande analogie avec celui de Montmartre, et que tout porte à croire que le plâtre qui en proviendra jouira des mêmes qualités, et qu'il sera également propre à la bâtisse et à la culture des prairies artificielles. On peut en toir des échantillons dans la collection minéralogique départementale, qui est encore due au zèle de M. le Préfet, et aux soins de M. Brard. Tels sont les développemens que reçoit journellement l’industrie dans un pays où, depuis Henri IV jusqu'à nos jours, on avait toujours senti la nécessité de la féconder par une communication que la nature elle-même lui offrait, et à laquelle il ne s'agissait que d'appliquer tout ce que le progrès des lumières, des sciences et des arts pouvait fournir d'utiles auxiliaires pour l'approprier à la nature des transports à faire. M. Eugène Mévil, concessionnaire des canaux de la Corrèze et de la Vézère, ancien élève de l'école polytechnique, ne néglige rien de ce qui peut assurer l'exécution de l'entreprise qui lui est confiée. Il s'est adjoint à cet effet plusieurs ingénieurs d'un zèle et d'une activité éprouvés (1). (1) MM Conrad , Vauthier, etc. Déjà la Compagnie a fait l'acquisition de plusieurs moulins dont les digues doivent être reconstruites; on est occupé de l'ouverture des chemins de halage et de la découverte des carrières ; des ouvriers extraient de la pierre sur plusieurs points, et tout annonce que la première campagne de ces travaux sera on ne peut plus active. Des écluses, au nombre de cinq, doivent être exécutées avec leurs barrages et pertuis de décharge; elles seront construites à Aubas, Montignac, Thonac, Losse et Saint-Léon, et permettront à la navigation naturelle, dès la fin de 1826, de remonter jusqu'à Terrasson pendant tout le temps des crues moyennes de la Vézère. Ces tra aux sont estimés environ sept cent quatre-vingt mille francs, y compris les indemnités pour acquisitions de moulins et de terrains. Pendant l'exécution de ces ouvrages, on s'occupera de la rédaction définitive du projet de chemin de fer entre Tulle et Brives, et du projet de perfectionnement de la navigation de la Dordogne inférieure. M. Conrad, ingénieur en chef et auteur des projets déjà approuvés pour les canaux de la Corrèze et de la Vézère, a été charge par la Compagnie concessionnaire, de faire en Angleterre et en Ecosse l'étude des chemins à ornières de fer, dont le premier exemple est donné en France par M. Beaunier, ingénieur en chef des mines, qui en fait exécuter un pour aller de SaintEtienne-en-Forêts à la Loire. w LOI CANAUX DE LA CORRÈZE ET DE LA VÉZÈRE. Au château des Tuileries, le 8 juin 1825. CHARLES, par la grâce de Dieu, Roi de France et de Navarre, à tous présens et à venir , SALUT. Nous avons proposé, les Chambres ont adopté; nous avons ordonné et ordonnons ce qui suit : Article unique. L'offre faite par le sieur Eugène Mévil, d'exécuter à ses risques et périls les canaux de la Corrèze et de la Vézère, moyennant la jouissance à perpétuité desdits canaux et શે de leurs dépendances, est acceptée. Toutes les clauses et conditions, soit à la charge de l'État, soit à la charge du soumissionnaire, stipulées dans le cahier de charges approuvé le 16 février 1825, par le ministre secrétaire d'état au département de l'intérieur, et souscrit le 7 mars suivant par ledit sieur Eugène Mévil, recevront leur pleine et entière exécution. Ce cahier de charges, ainsi que le tarif des droits à percevoir sur les canaux de la Corrèze et de la Vézère, resteront annexés à la présente loi. La présente loi, discutée, délibérée et adoptée par la Chambre des Pairs et par celle des Députés, et sanctionnée par nous cejourd'hui, sera exécutée comme loi de l'État; voulons, en conséquence , qu'elle soit gardée et observée dans tout notre royaume, terres et pays de notre obéissance. Si donnons en mandement à nos Cours et Tribunaux, Pré fets, Corps administratifs et tous autres, que les présentes ils gardent et maintiennent, fassent garder, observer et maintenir, et, pour les rendre plus notoires à tous nos sujets, ils les fassent publier et enregistrer partout où besoin sera : car tel est notre plaisir; et, afin que ce soit chose ferme et stable à toujours, nous y avons fait mettre notre scel. Donné en notre château des Tuileries, le 8. jour du mois de juin de l'an de grâce 1825, et de notre règne le premier. Par le Roi: Signé CHARLES. Le ministre secrétaire d'état au département de l'intérieur, Vu et scellé du grand sceau : Le garde-des-sceaux de France, ministre secrétaire d'état au département de la justice, Signé C.te DE Peyronnet. Cahier de charges pour l'exécution des Canaux de la Corrèze et de la Vézère (1). ART. 1.er La Compagnie s'engage à exécuter, à ses frais, risques et périls, et à terminer pour le 1er janvier 1835, tous les travaux nécessaires à l'établissement et à la confection d'un canal latéral à la Corrèze au-dessous de Brives, et à la canalisation de la Vézère, dont la dépense est évaluée à la somme de cinq millions, y compris les frais de surveillance, de direction, d'administration, etc. (1) Sous la dénomination de canaux de la Corrèze et de la Vézère, on entend, 1.o un canal ouvert latéralement à la Corrèze, depuis un point pris en amont du moulin de Beauvais au-dessous de Brives, jusqu'à l'embouchure de la Corrèze dans la Vézère ; 2.o le lit canalisé de la Vézère, depuis l'extrémité du canal latéral à la Corrèze, jusqu'à l'embouchure de la Vézère dans la Dordogne. |