somme de plus de 200,000 fr., qui a été versée dans les caisses du trésor, dont les deux cinquièmes seulement ont été dépensés à la construction d'un pont, et les trois autres distraits et employés aux besoins généraux de l'État.

Les indemnités de terrain pour l'ouverture de ce chemin de halage, sur une longueur ensemble de 550 m.,

ainsi que ses frais de construction, s'élèveraient à 180,000 fr., et la dépense totale à faire pour l'amélioration de la navigation naturelle de la Dordogne, ne serait ainsi que de 300,000 fr., sans compter l'économie qui résulterait pour la construction du pont de Bergerac de trouver des matériaux tout extraits et dont le transport ne reviendrait pas à beaucoup plus cher que ce qu'il en coûtera pour les porter sur le bord du lit, attendu qu'on ne saurait les laisser dans le chenal navigable où ils occasioneraient des vagues qui en rendraient le passage houleux et désagréable.

Le second moyen, qui consisterait à faire un barrage avec écluse submersible de 4 m. de chute, ne remédierait aux obstacles de la navigation de la Dordogne que sur le seul point de la Gratusse ; on n'y atteindrait donc qu'imparfaitement le but qu'on doit se proposer, puisque la suite de la navigation audessous de ce point et jusqu'à Saint-Caprais a également ses difficultés : ce qui est si vrai, qu'au port de Couze on change de pilote pour faire ce trajet.

Une seule écluse ne saurait donc suffire pour le perfectionnement de la navigation de la Dordogne entre Badefol et SaintCaprais ; toute la pente de 16 m. de cette étendue de son cours a besoin d'être rachetée; c'est donc six écluses au moins qu'il faudrait construire, et dont la chute moyenne serait de 2 m. 67, chute que nous ne pensons pas que l'on doive dépasser sur une rivière dont les crues de 4 à 5 m. s'élèvent jusqu'à 12 et 14 m., et franchissent de toutes parts les berges, malgré leur grande hauteur.

Ces écluses, de dimensions telles qu'elles pussent recevoir

les plus grands bateaux, augmenteraient d'un demi-million la dépense à faire, qui serait alors de treize cent mille francs ; mais que nous ne regardons pas comme excessive, puisque le droit de péage à percevoir rendrait un revenu propre à appeler des spéculateurs, ainsi que nous l'établirons au chap. IV de l'Évaluation des revenus.

Le troisième et dernier moyen proposé, et qui est celui d'une dérivation ou canal latéral qu'on ferait à la Dordogne , sur environ 12,000 m. de longueur, nous arrête à la seule pensée qu'on enlèverait à l'agriculture l'unique terrain qu'elle possède dans une vallée où les montagnes viennent mourir aux bords de la rivière, et qu'il faudrait en outre s'établir dans la traverse même de Saint-Caprais, dont une moitié des maisons est bâtie contre le coteau, et l'autre sur le bord escarpé de la Dordogne.

Nul doute qu'un canal latéral, entre Badefol et St.-Caprais, serait le véritable perfectionnement à apporter à cette navigation; mais aux considérations que nous venons déjà de présenter, on peut ajouter celle de la difficulté d'exécution d'une pareille entreprise, dans un sol que tout annonce ne devoir être d'un bont ! à l'autre qu'un rocher compacte, et dont la hauteur à escarper serait de 10 à 12 m.

M. GRATIEN LE Père, qui a succédé à M. GENDRIER, ingénieur en chef de la Dordogne, tout en combattant l'idée de faire un canal latéral entre Badefol et Saint-Caprais , a néanmoins recherché s'il ne serait pas possible que ce canal füt à point de partage. Plusieurs sources abondantes se trouveraient, en effet, à portée d'y fournir l'eau nécessaire. Mais cette modification, qui pourrait bien réduire la dépense de ce canal , ne l'empêcherait point d'occuper la place de terrains précieux à l'agriculture ou indispensables aux citoyens pour leurs habitations.

Nous venons de faire connaître les obstacles qui s'opposent à la navigation naturelle de la Dordogne, depuis le confluent de

comme

!

la Vezère jusqu'à Bergerac; il nous reste à parler de ceux qui se rencontrent entre cette ville et Saint-Jean-de-Blagnac, sous Castillon, où remonte la marée.

Ces obstacles naissent tous des bancs de graviers qui sont dus en grande partie à l'existence des nombreux moulins flottans qui sont établis sur cette portion du cours de la Dordogne, et dont les propriétaires sont sans cesse occupés à y diriger l'eau par des plantations de pieux entrelacés d'oseraies , et contre lesquels les graviers, en s'arrêtant, exhaussent successivement le fond du lit, et y forment ces maigres où les bateaux manquent d'eau lors des grandes sécheresses.

Une police sévère à exercer contre les propriétaires de ces moulins nous paraît la mesure la plus propre à empêcher la

લે formation de ces bancs de graviers, dont nous croyons toutefois utile d'indiquer les principaux ;

CHAPITRE III.

Estimation des Dépenses. APRÈs nous être livré, dans le chapitre précédent, à décrire les divers travaux à exécuter sur toute l'étendue de la ligne navigable comprise entre Tulle et Saint-Jean-de-Blagnac, sous Castillon, et embrassant le cours des trois rivières de Corrèze, de Vézère et de Dordogne, nous allons entrer présentement dans le détail des dépenses à faire, en suivant l'ordre que nous avons adopté.

NAVIGATION DE LA CORRÈZE , ENTRE TULLE ET BRIVE. L'importance des transports qui pourront avoir lieu sur la Corrèze entre Tulle et Brive , et l'économie nécessaire à apporter au mode d'exécution des travaux à faire, nous ont démontre la possibilité d'y établir la machine dont l'invention est due aux sieurs Durrasié et TROCARD, et qui est propre à enlever des

à bateaux chargés et à leur faire franchir les barrages existans ou à créer à cet effet sur les rivières.

Ces machines ayant reçu leur première application sur la rivière du Drot, les prix auxquels nous allons porter les travaux à faire seront basés sur ceux déjà exécutés sur cette rivière;

1,120,000 f.

30,000

Report. . . Terrassemens et indemnités pour l'établissement des chemins de halage , escarpemens de rochers dans le lit de la rivière.

40 Aqueducs à construire, à raison de 500 fr. l'un, font

Total.
Pour travaux imprévus, faux frais, etc.

Total GÉNÉRAL de la dépense à faire.

20,000 1,170,000 f.

30,000

.

1,200,000 f.

20,000 f.

Évaluation des dépenses d'entretien annuel et des frais de

perception. Entretien des 40 machines, estimé à raison de 500 fr. l'une, font .... Entretien des 36 barrages, estimé à 600 fr. l’un, ci 21,600

Salaire des patrons, matelots et mousses employés au transport des marchandises et entretien des bateaux, estimés ensemble à ...

50,000 Traitement des agens préposés à la surveillance des machines, à la perception des droits et frais d'administration, estimés ensemble à

17,260

NAVIGATION DE LA CORRÈZE ET DE LA VÉZÈRE, ENTRE BRIVE

ET LA DORDOGNE. Les reconnaissances que nous avons faites à plusieurs reprises, du cours des rivières de Corrèze, de Vézère et de Dordogne, entre Tulle et Libourne, et les nombreuses recherches auxquelles nous nous sommes livré pour réunir toutes les données Décessaires à la rédaction de ce Mémoire, ne nous ont pas permis de nous occuper d'une manière spéciale des élémens ou sousdétails de prix, sur lesquels seuls peut se baser une juste appréciation des dépenses à faire; mais les travaux de la navigation