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posée, une suite au canal qui longe la Corrèze; mais l'obligation forcée où l'on est de suivre le cours même de la Vézère sur presque toute sa longueur d'environ 90,000 m., nous paraît devoir faire abandonner la portion de 9,000 m. seulement qu'on voudrait faire en canal, lorsque ni les sinuosités de la Vézère, ni les obstacles qu'on y rencontre, ne sont pas plus considérables sur ce point que sur aucun autre de son lit. On sait d'ailleurs combien est précieux et recherché le plus petit espace propre à être cultivé, dans des vallées aussi peu ouvertes, et ce serait à tort que la navigation de la Vézère ferait ici gémir l'agriculture, qui n'en doit recevoir que des encouragemens par les débouchés qu'elle lui offrira.

La pente totale de la Vézère, depuis le confluent de la Corrèze jusqu'à son embouchure dans la Dordogne, a été trouvée par M. CORNUAU être de 41 m. 36, ainsi qu'il résulte des côtes indiquées sur le plan qu'il a levé, ce qui revient à o m. 46 c. de pente moyenne par kilomètre.

Ajoutant à la pente de 12 m. 28 de la Corrèze entre Brive et son confluent avec la Vézère, celle de 41 m. 36 de cette dernière rivière, nous aurons une pente totale de 53 m. 64 c., depuis Brive jusqu'à la Dordogne, pente que M. BREMONTIER propose de racheter par vingt-quatre écluses qui auraient depuis 1 m. 35 c. de chute jusqu'à 2 m. 60 c., ou 2 m. 23 c. de chute moyenne.

Les chutes des divers moulins établis sur la Vézère n'étant, suivant les mêmes côtes du plan de M. CORNUAU, que de 1 m. 14 c. à 1 m. 62 c., ou 1 m.. .39 c. moyennement, nous nous croyons d'autant plus fondé à ne proposer pour les écluses qu'une chute moyenne de 1 m. 80 c., que les meuniers, toujours portés à augmenter la puissance de leur moteur, ne doivent s'être ainsi restreints dans leurs prétentions habituelles, que parce que les localités les y ont obligés, considération à laquelle nous ne saurions aussi nous empêcher de souscrire, puisque l'existence de

plusieurs de ces moulins est de toute nécessité dans les emplacemens mêmes qu'ils occupent.

L'attention particulière que l'on doit d'ailleurs apporter, lorsqu'il s'agit de la canalisation d'une rivière, à ne point y former des retenues trop fortes, nous impose ici la loi de réduire, autant que possible, la chute des écluses, afin de ne pas exposer les terres à de plus fréquentes inondations que par le passé, lorsque les berges de la Vézère ne sont généralement élevées au-dessus des basses eaux que d'une hauteur moyenne de 3 m. 50 c., et que les crues ordinaires, qui sont de 1 m. 50 c. à 2 m., montent jusqu'à 7 et 8 m., tous les 20 ou 30 ans, quand des pluies abondantes et générales fournissent également à tous les

versans.

Si les motifs que nous venons d'exposer sont péremptoires pour maintenir à 1 m. 80 c. la chute moyenne des écluses, nous ne saurions nous dissimuler que leur plus grand nombre donnera lieu à un accroissement de dépense, mais nous nous faisons un devoir d'anticiper sur la marche de ce Mémoire, et de faire connaître dès à présent que les revenus de cette navigation couvriront, et au-delà, les frais de son établissement, auquel on ne doit point craindre dès lors de faire les sacrifices qu'il commande.

Le manque du devis qui accompagnait très-probablement le travail de M. BREMONTIER, et qui n'a point été retrouvé, nous laisse dans le doute sur les dimensions que devaient avoir les écluses à faire pour la canalisation de la Vézère; mais nous allons déduire les motifs qui nous paraissent devoir faire adopter les largeur et longueur des écluses de la navigation de la rivière de l'Isle, dont les eaux se jettent aussi dans la Dordogne, au-dessous de Libourne.

Les bateaux dont on se sert sur la Dordogne, lors des temps de crues seulement, ont 25 à 30 m. de longueur, et 5 m. de largeur; leur tirant d'eau est de 1 m. 60 c., et leur chargement

de 70 à 80 tonneaux. Mais les gabarres avec lesquelles se fait le plus habituellement le transport des marchandises sur cette rivière n'ont qu'environ 21 m. de longueur et 4 m. 30 c. de largeur; elles prennent 1 m. de tirant d'eau, et leur chargement est de 35 tonneaux.

Ces derniers bateaux avec lesquels on pourrait naviguer à pleine charge toute l'année sur la Dordogne, si on y faisait disparaître les nombreux obstacles qui en entravent la libre navigation, et dont nous donnerons ci-après le détail, sont donc ceux qui doivent déterminer les dimensions des écluses des rivières affluentes qu'on se propose de canaliser; et c'est ainsi que, pour la navigation de la rivière de l'Isle, on a donné aux écluses une largeur de 4 m. 55 c., et une longueur de sas de 25 m. qui permettent d'y admettre des bateaux portant 35 tonneaux, ce qui évite tout déchargement au passage de l'une de ces rivières dans l'autre.

Coordonner la canalisation des deux rivières de l'Isle et de la Vézère, qui, par la Dordogne, tendent au même point, en donnant aux écluses de l'une les dimensions de celles de l'autre ; c'est, ce nous semble, d'ailleurs rentrer dans l'esprit du rapport de M. le directeur général des ponts et chaussées, qui ne préjuge encore rien sur la possibilité de remplacer les deux canaux de Poitou et d'Angoulême à Libourne, par celui passant par Limoges, et qui joindrait la Vienne à la Vézère, motif puissant qui nous détermine donc à proposer de donner aussi aux écluses de la Vézère 4 m. 55 c. de largeur, et 25 m. de longueur seulement : dimensions suffisantes pour le passage de bateaux portant 35 tonneaux.

Le mouvement d'échange qui doit avoir lieu sur la ligne navigable de la Vézère étant estimé à 120,000 tonneaux, ainsi que nous le démontrerons au chapitre IV. de l'Évaluation des revenus, chaque bateau ne portant que 35 tonneaux, leur passage sera au nombre de dix par jour, qui consommeront ensemble 2,500 m.

cubes d'eau ; et en supposant que les pertes qui auront lieu par la première écluse, ainsi que par l'évaporation et l'infiltration sur les 7,000 m. de longueur du canal latéral à la Corrèze, depuis Brive jusqu'à son embouchure dans la Vézère, puissent être le double de la dépense d'eau ci-dessus, la consommation journalière ne serait au total que de 7,500 m. cubes, et laisserait encore 15,534 m. cubes de disponibles , soit pour

la mouture, soit pour une navigation plus active qui, ainsi que nous l'avons exposé, pourrait s'accroître considerablement par l'exploitation en grand des mines de houille, ou par le passage en transit des denrées coloniales pour la Suisse et le Midi de l'Allemagne (1).

Parmi les barrages existant sur la Vézère, celui du moulin de l'Escure étant construit tout en pierres, il est le seul à conserver, malgré sa directiou en écharpe sur la rivière ; les autres s'exécuteront d'équerre sur le courant au droit de la chambre d'amont des écluses , afin d'en favoriser le plus possible l'entrée et la sortie ; et la hauteur d'eau à laquelle ces barrages devront donner lieu sur les buses, nous paraît devoir être fixée à i m.

celle du tirant d'eau étant d'un mètre. La canalisation de la Vézère ayant pour but d'en rendre la navigation constante, une police sévère y sera exercée, et des soins particuliers seront donnés à l'entretien de toutes les parties de ce nouveau canal. Nous ne pensons donc pas qu'il soit nécessaire d'y conserver plus de 3 m. 50 à 4 m. de largeur au chemin de halage, ou aux francs bords qui doivent régner tout le

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(1) Nous avons fait connaitre plus haut que le volume d'eau que fournit journellement la Corrèze, à Brive, pouvait être évalué, lors des plus grandes sécheresses, à 5,600 pouces fontainiers , ou à 107, 194 m. cubes, à raison de 19 m. 1950 par 24 heures pour chaque pouce, La consommation de deux roues de moulin sur celle rivière étant de 84,460 m.cubes d'eau , il reste un volume de 23,034 m. cubes dont on peut disposer pour la navigation, et qui s'écoule présentement en pure perte au travers de la mauvaise construction des barrages.

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long, conformément à l'ordonnance de 1669; mais cette largeur aussi ne nous paraît pas pouvoir être moindre, attendu que ce chemin servira en même temps de route pour communiquer d'un village à l'autre, sans être obligé à d'immenses détours , ou à franchir des montagnes très-élevées, fort rapides et escarpées.

Une étude plus particulière des localités et de la nature des matériaux qui seront à portée de chaque écluse à exécuter, nous déterminera, lors de la rédaction des devis et détails estimatifs, dans le meilleur choix à faire pour ces constructions; mais nous ne craignons point de nous répéter, en disant que l'on trouvera sur les lieux, du sable parfait, de la chaux hydraulique, et autres de la meilleure qualité, et des roches faciles à exploiter en grand ou petit appareil régulier, et dont nous nous assurerons à l'avance du degré de consistance, en les soumettant soigneusement à l'action d'agens propres à faire reconnaître celles qui ne peuvent point résister à la gelée, et dont le nouveau procédé est indiqué dans l'intéressant Mémoire de M. BRARD, chez lequel on ne saurait comparer la rare sagacité et l'étendue de connaissances, qu'à son amour pour les arts et à son zèle pour la chose publique.

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PERFECTIONNEMENT DE LA NAVIGATION NATURELLE DE LA DOR-
DOGNE, ENTRE LE CONFLUENT DE LA VÉZÈRE ET SAINT-JEAN-DE-
Blagnac, sous CastillON, OU REMONTE LA MARÉE.

Les bancs de rochers ou de graviers qui se rencontrent à des distances fort rapprochées dans le lit de la Dordogne, et en particulier le passage du saut ou cataracte de la Gratusse, ainsi que l'absence d'un chemin de halage suffisamment large, sont autant d'obstacles à la libre navigation de cette rivière, dont le commerce n'a cessé de se plaindre, mais infructueusement jusqu'à ce jour.

La canalisation des rivières de Corrèze et de Vézère , dont la

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