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Les vallées que baignent de leurs eaux la Corrèze et la Vé zère, renferment des richesses minérales qu'on peut dire incalculables , puisque celles qu'on connaissait ou qui se découvrent journellement sont déjà immenses; aussi des capitalistes avaientils entrepris d'y former quelques exploitations ; mais leur ruine, qui pouvait se prévoir d'avance, a découragé ceux qui étaient encore tentés d'y venir faire l'emploi de leurs fonds. Comment, en effet, de grands établissemens pourraient-ils prospérer dans un pays où il n'existe presque aucune communication, dès-lors aucun débouché facile ou même possible pour les produits qu'on s'efforcerait en vain d'arracher du sein de la terre ?

Le commerce extérieur étant nul momentanément, par les considérations que nous avons exposées plus haut, mais le gouvernement portant tous ses soins à faciliter celui de l'intérieur , de nouvelles routes, des canaux nouveaux s'ouvrent et s'exécutent de toutes parts, préparent et offrent à l'agriculture et à l'industrie des voies sûres pour l'échange de leurs productions.

Cette constante sollicitude que le gouvernement met, d'une part, à encourager , à favoriser le commerce par tous le moyens en son pouvoir, et la confiance si bien méritée qu'il inspire de l'autre, ont déterminé les administrations locales à concourir dans les dépenses extraordinaires qu'exigent ces nombreuses constructions, et qui promettent, dans un avenir non éloigné, le plus grand développement à toutes les chances possibles de prospérité.

Déjà les départemens du centre de la France sont à la veille de jouir de la nouvelle route ouverte entre Lyon et Bordeaux, dont le pont majestueux est en harmonie avec la beauté de cette florissante cité; et il a suffi de la certitude de ces moyens de transports, pour ramener nouvellement dans les vallées de la Corrèze et de la Vézère des capitalistes empressés d'en fouiller le sol et de lui dérober les richesses de toute nature qu'il renferme.

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Des concessions de mines ont lieu journellement dans les départemens de la Corrèze et de la Dordogne, et cette portion des anciennes provinces du Limousin et du Périgord ne tardera pas à être connue, de telle sorte que les plus grands établissemens ne viennent à s'y former, à y prospérer , et, en enrichissant la France de métaux précieux et d'un combustible indispensable, à la soustraire enfin à l'impôt qu'elle paie principalement à l'Angletere.

Un avenir aussi brillant, aussi inespéré, ne saurait toutefois se réaliser avec les communications par terre qui sont ou exécutées ou projetées dans ces contrées; la canalisation des rivières de Corrèze et de Vézère, et la navigation perfectionnée de la Dordogne, peuvent seules produire la régénération de ses peuples , la fertilisation de son sol si peu connu, si fait pour l'être, et nous ne saurions ici nous refuser de payer notre tribut d'admiration au philanthrope éclairé, au citoyen dévoué, dont le patriotisme sait consacrer ses veilles à fixer l'attention du gouvernement sur une population condamnée jusqu'à ce jour à l'inertie, par le défaut ou plutôt par l'absence totale de mouvement qu'il suffira de lui imprimer pour que son agriculture, son industrie et son commerce fleurissent à l'égal du reste de la France.

Il appartenait au zèle dont M. le comte François de ROYÈRE est animé pour le bien de son pays, de faire revivre les anciens projets formés

pour la canalisation des rivières de Corrèze et de Vézère; et c'est à deux Mémoires qu'il a successivement publiés en 1821 et 1822, ainsi qu'à la constante sollicitude du premier magistrat du département de la Dordogne (1), éclairée par les lumières répandues dans un Mémoire fait

par

M. GARDIEN, ingénieur des mines, qu'on doit l'attention particulière que le gouvernement reporte sur cette nouvelle ligne navigable.

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Nous nous plaisons toutefois, à cette occasion, à faire ressortir combien est grand l'empire qu'ont sur les hommes les conceptions utiles, les entreprises généreuses, puisque la voix de M. le comte de ROYÈRE ne s'est pas plutôt fait entendre qu'elle a retenti au loin dans les départemens qui sont aux extrémités de la ligne de navigation qu'il s'agit d'ouvrir. Ce ne sont pas les seuls Députés de la localité qui demandent ce nouveau bienfait à un gouvernement régénérateur; mais , dès 1821, ce sont les Conseils-Généraux des départemens de la Dordogne et du Puy-de-Dôme , ainsi que la Chambre de Commerce de Bordeaux, et en 1822 les Conseils-Généraux de la Corrèze et du Rhône, qui expriment leurs væux unanimes pour l'exécution d'un projet qu'ils regardent tous comme éminemment nécessaire au développement de leur commerce, de leur industrie agricole et manufacturière.

L'efficacité des væux émis par ces Conseils ne saurait se révoquer en doute, lorsqu'on sait qu'ils sont composés de l’élite des citoyens de chaque province, de tout ce qu'elles peuvent fournir d'hommes recommandables par leurs connaissances , leur dévouement et leur fortune, et par le plus noble désintéressement; aussi, et pour ne citer qu'un passage extrait de leurs délibérations, il nous suffira de transcrire ici quelques lignes de celle du Conseil-Général du département du Rhône, dont les membres s'expriment de la manière suivante sur l'utilité de la navigation dont il sagit : « Mais nous y serions moins directement intéressés, que nous ne pourrions qu'applaudir à la pensée d'ouvrir de telles communications dans le centre de la France, dans ces départemens dont les habitans n'attendent que des bouchés

pour verser dans l'approvisionnement général de nombreux minéraux et produits agricoles que leurs bras laborieux sauront bien arracher à une terre qui n'est réputée ingrate que parce que la culture n'a

pas
été stimulée

par la consommation.
Les avantages immenses que les départemens du Rhône, du

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Puy-de-Dôme, de la Creuse, da Cantal', de la Corrèze, de la Dordogne et de la Gironde sont appelés à retirer de la nouvelle route de Lyon à Bordeaux, et plus particulièrement de la canalisation des rivières de Corrèze et de Vézère, et du perfectionnement de la navigation de la Dordogne , ne sauraient s'apprécier dans touté leur étendue; nous n'oserions même les faire envisager sous l'aspect sous lequel nous les voyons, convaincu que nous serions taxé d'exagération, alors que nous ne les présenterions que sous leur véritable point de vue.

Ces avantages, en effet, ne consisteront pas seulement, pour ces départemens, #approvisionner leurs marchés des denrées de première nécessité, à fournir leurs manufactures et leurs établissemens des matières premières, à porter sur tous les points Pés engrais nécessaires à l'agriculture et à en écouler tous les produits, ainsi que tous ceux de l'industrie; mais ils consisteront encore dans l'augmentation de valeur qu'acquerra la propriété foncière, dans le prodigieux développement qui se manifestera dans l'industrie , et par suite dans l'accroissement de la population et de la consommation générale.

De ces avantages particuliers aux provinces du centre naitront ensuite ceux généraux pour tous les départemens de la France, soit par la facilité qui résultera de la nouvelle ligne navigable pour leur approvisionnement en produits agricoles, soit par les débouchés qu'elle offrira aux richesses que recèlent les vallées de la Corrèze et de la Vézère, tant en charbon de pierre qu'en minerais de toute espèce; soit enfin par l'extension qu'elle donnera au commerce des denrées coloniales dont la France pourra alors approvisionner la Suisse et l'Allemagne méridionale.

La navigation des rivières de Corrèze, de Vézère et de Dordogne ne sera donc plus restreinte à ne remonter que longuement et péniblement les sels nécessaires à la consommation de quelques départemens, ou à descendre simplement des vins,

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des échałas, des merrains et des cerceaux; mais son domaine, agrands par l'art qui aidera la nature , s'étendra sur toutes les productions du sol, sur tous les objets manufacturés et sur touteś les denrées provenant des colonies, et qui passeront en transit å ta faveur du port de Bordeaux et de nos relations commerciales avec les pays qui nous sont limitrophes.

L'accroissement que recevra ainsi l'industrie agricole des vallées de la Corrèze, de la Vézère et de la Dordogne, par le fait de l'établissement de ces nouvelles communications, peut facilement se pressentir; mais il n'en est pas de même du développement qu'y doit recevoir l'industrie manufacturière, développement immense, incalculable, et que le détail suivant des richesseś minérales et autres qu'elles renferment peut seul mettre à même d'apprécier.

Nous plačėróns au premier rang de ces richesses celle de la houille, qu'on trouve en si grande abondance dans les mines de Meymac, de Lapleau, de Cublac et du Lardin, qu'à elles seules elles pourraient fournir plus de la moitié de la quantité de charbon de pierre qu'on importe annuellement, et qui est représentée par un capital de dix millions, somme énorme qui, étant employée à féconder notre propre industrie, tournerait à la fois à son avantage ainsi qu'à celui de l'agriculture.

Le terrain houiller, limité par la Vézère", présente sur un seul point une surface de plus de 35 lieues, et l'exploitation qui se fait en grand à la mine du Lardin, où l'on a reconnu des couches jusqu'à un mètre trente centimètres d'épaisseur , donne déjà du charbon de bonne qualité, propre à souder le fer et l'acier, à alimenter les forges ou à chauffer les chaudières de grands établissemens , et laisse ainsi à présumer que ce combustible se trouvera meilleur encore, à mesure que les débouchés qui s'en présenteront permettront de pousser les travaux à une plus grande profondeur.

L'exploitation de la houille du Lardin a donné lieu à la dé

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