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dessein formé de détruire, par toutes les voies possibles, la religion chrétienne.

Il fut aisé de voir, et Rousseau, qui les connoissoit bien, avoit prédit, en termes exprès, que, si jamais ils devenoient les plus forts, les philosophes seroient les plus intolérans des hommes. La Révolution en a fait des législateurs, et aussitôt ils ont réduit leurs systèmes en décrets: ils n'ont plus écrit contre le Christianisme, ils l'ont proscrit, et joignant à la cruauté de Galerius les artifices de Julien, ils ont ouvert la plus sanglante et la plus dangereuse persécution que la religion ait essuyée depuis sa nais

sance.

Dans cette lutte à jamais mémorable de la tyrannie contre la conscience, de la philosophie contre le Christianisme, le monde a reconnu la force divine de cette religion qui, selon les promesses, et l'expresse prédiction de son fondateur, sera toujours persécutée et toujours triomphante. La Foiqui sembloit s'être endormie dans le calme d'une longue paix, s'est réveillée sous le glaive. Le sang des Martyrs a coulé, et cette semence féconde ne sera pas perdue. Le culte de la religion catholique a été aboli dans

toute l'étendue de la France,

Ses Pontifes et ses Prêtres ont été massacrés, emprisonnés, bannis ou transportés sur des rivages barbares, ses autels renversés, ses temples démolis, ou indignement profanés. Ces faux pasteurs, à qui le parjure les avoit livrés, ont renversé de leurs propres mains cette église adultère qui trompoit les peuples par sa ressemblance extérieure avec l'Eglise légitime. En un mot, la philosophie n'a pas laissé dans le royaume très-chrétien une seule trace du Christianisme. Mais, au milieu de tant de violences et de scandales, la Religion n'a pas péri. Elle a perdu son culte, et conser vé son esprit. Chassée de ses temples, elle s'est réfugiée dans les coeurs, d'où elle brave la rage des tyrans. La tempête qui a dépouillé de son feuillage cet arbre antique, n'a fait qu'affermir ses racines. La coignée qui a retranché des branches malades, s'est brisée contre le tronc; et la sève, plus concentrée, prépare des rejetons vigoureux qui remplaceront les rameaux flétris que le fer avoit moissonnés.

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per damna, per caedes, ab ipso

ducit opes animumque ferro.

Un jour viendra, qu'avec les seules armes

qui lui sont propres, la patience, la vertu et la vérité, la Religion triomphera de ses persécuteurs, et brillera d'un nouvel éclat.

En attendant avec une ferme confiance le terme que Dieu a marqué aux épreuves de son Eglise, examinons quelles seroient pour la France les suites politiques de l'entière abolition de la religion catholique.

CHAPITRE IX.

Réflexions sur l'abolition du culte catholique en France.

La religion catholique, plus ancienne en France que la monarchie, étoit la religion dominante par le droit, et la religion nationale par le fait. Ses lois adoptées, protégées, sanctionnées par les Etats-Généraux, par les Rois, par les cours de judicature avoient le caractère et l'autorité de lois de l'Etat, Ses ministres formoient un Ordre dans la constitution politique. Les droits respectifs de la puissance civile et de l'autorité ecclésiastique étoient fixés d'après les saines maximes de l'antiquité; et l'harmonie qui régnoit

entre les deux puissances affermissoit l'un par l'autre l'empire de la loi, et celui de la Religion.

Dans une province du Royaume, le Luthé ranisme, en vertu d'une capitulation cons tamment respectée, partageoit avec le Ca tholicisme les droits de religion dominante. Par-tout, le Calvinisme jouissoit de toute la tolérance que demandent les droits de la conscience, et que permettoit le bien de l'Etat. Les édits rigoureux de Louis XIV étoient adoucis par la jurisprudence des Par lemens, et cette secte inquiète étoit conte nue, sans être persécutée.

La France n'avoit nul besoin de nouvel les lois sur la tolérance religieuse. Elle n'avoit pas besoin sur-tout, de cette maxime de la déclaration des droits de l'homme, article X. Nul ne doit être inquiété pour „ses opinions, même religieuses, pourvu ,, que leur manifestation ne trouble

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pas

l'or

dre public établi par la loi. “ Maxime captieuse, qui confondant l'erreur avec la vérité, les nouveautés les plus dangereuses avec le culte de nos pères, ne permettoit l'enseignement et l'exercice de toutes les religions, que pour enlever au Catholicism

le caractère de religion dominante et nationale, et préparer les moyens de la mettre en opposition avec l'ordre public établi par la loi.

En proclamant la tolérance illimitée de tous les cultes, l'Assemblée constituante méditoit la proscription du culte catholique. Par une marche hypocrite et insidieuse, de décrets en décrets, elle en vint à déclarer que la loi ne reconnoissoit plus de religion; ce qui emportoit, de la part de l'Etat, une professsion publique d'Athéisme. Cepen dant, il falloit encore user de quelques ménagemens, et pour dérober au peuple la vue de l'abyme, où on le conduisoit par degrés, on voulut bien lui laisser, pour quelque temps, les formes extérieures de la religion, que l'on abandonna à des prêtres parjures, et à des moines apostats.

De là cette Constitution civile du Clergé, production monstrueuse du Jansénisme et de la philosophie, qui ne tenoit par aucun lien à la Constitution politique, et que l'on prévoyoit bien devoir s'en détacher un jour...

De là ce serment tyrannique qui enlevoit aux peuples toutes les ministres de la Religion fidelles à Dieu et au Roi, et ne leur laissoit que ceux qui, en abjurant l'Evan

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