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souffert du séjour des impériaux, pendant plus de vingtdeux mois, il se louent de l'état florissant de leurs villes et de leurs campagnes. Quant aux Bosniaques, ils ne veulent pas entendre parler de la session de Czettin et Dresnik.

On mande de Temesvar que l'empereur a donné des ordres très-précis aux subordonnés de la chambre d'avoir un œil attentif sur les familles de la Servie qui se disposent à émigrer, de leur assigner les districts dans lesquels elles pourront s'établir, et de leur fournir tous les secours et toute l'assistance dont elles ont besoin. Cette émigration devient, dit-on, très-considérable.

PRUSSE.

De Berlin, le 17 septembre. On ne parle ici que des fêtes auxquelles vont donner lieu les deux mariages déclarés depuis longtemps à la cour; le 29 septembre, sera célébré celui de la princesse Frédérique avec le duc d'York. Le 1er octobre est destiné à celui de la princesse Wilhelmine de Prusse avec le prince d'Orange.

Aujourd'hui et demain il y aura deux grandes manœuvres dans les champs de Lichtemberg. Le corps de l'artillerie à cheval y fera aussi quelques exercices, après quoi ces troupes, qui ont été jusqu'ici sur le pied de campagne, seront mises aussi dans l'état de paix. Après demain, les deux régiments de la garnison de cette ville se rendront à Potsdam pour les manœuvres d'automne, qui auront lieu les 21, 22 et 23. Ce que l'on a publié de la diminution de l'armée mérite confirmation.

ANGLETERRE.

De Londres. On triomphe ici de la prise de Darwar, qui a suivi de près celle de Bangalore; cependant elle n'est encore connue que par des lettres particulières: la Compagnie des Indes n'en a pas été officiellement informée. On attend sous quinze jours des nouvelles de l'Inde de la plus grande importance, puisqu'elles instruiront ou de la prise de Scringapatnani, où des difficultés insurmontables que les pluies ou le débordement du Cavery auront apportées au plan du général Cornwallis, qui se sera peut-être vu forcé de renoncer à en faire le siege. S'il en est malheureusement ainsi, il lui faudra une seconde campagne pour se rendre maitre du Maïssour, et il ne pourra pas prendre ses quartiers d'hiver à Bangalore. Convaincu de la ruine entière du pays, en cas qu'il soit plus longtemps le théâtre de la guerre, le lord Cornwallis a résolu de tout risquer pour la terminer en une seconde campagne. Aussi a-t-il appliqué au service de l'armée tout le numéraire que les objets de commerce avaient fait exporter: on dit que ses préparatifs contre Tippoo-Saib sont infiniment plus considérables que ceux que l'Angleterre avait crus nécessaires dans la dernière guerre contre les Français; il faut avouer que nous serions épuisés si les succès de l'entreprise ne répondaient pas à ce qu'elle coute.

Il court un bruit que Tippoo-Saib a offert au Nizam et aux Mahrattes de traiter séparément, et de réunir ensuite ses forces aux leurs contre nous; ce prince, aussi rusé que brave, cherchait ainsi à détacher nos alliés, en même temps qu'il écrivait au général Cornwallis, dont l'armée serait probablement la victime de cette défection. On la craint de la part des Mahrattes. Nous n'avons que trop éprouvé leur infidélité.

HOLLANDE.

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De la Haye, le 28 septembre. Il vient de s'ouvrir un nouvel emprunt de cinq millions en faveur de la Compagnie des Indes orientales, sous la garantie des Etats de Hollande et de Westfrise. Cet emprunt porte un intérêt de 4 pour 100, exempt du centième et du deuxcentième denier aussi bien que d'autres charges; il est réparti en obligations de 1,000 florins, chacune desquelles pourra se constituer à Amsterdam ou la Haye sur coupons à annexer auxdites obligations qui, tirées au sort, seront remboursées dans trente années consécutives, savoir depuis 1792 à 1801, sur le pied de 100,000 florins chaque année; depuis 1802 jusqu'à 1811, sur le pied de 150,000 florins par an; enfin depuis 1812 à 1821, à raison de 250,000 florins chaque année; avec une prime de 5 pour 100 outre et par-dessus la somme capitale.

On attend ici, dans les premiers jours du mois prochain, M. Gouvernet, ministre de France.

PAYS-BAS.

De Bruxelles, le 28 septembre. Le gouvernement. annonce le projet qu'il a de concentrer dans le Brabant la plus grande partie des troupes qui sont actuellement réparties dans les dix provinces et dans le pays de Liége. Ainsi, des six mille hommes qui tiennent la ville de Liége, deux mille ont ordre de se mettre en marche pour nos provinces; le corps franc d'Odonell se rend en garnison à Ostende, Furnes, Nieuport; deux escadrons de Cobourg vont dans le comté de Namur; le reste des deux mille hommes prendra garnison à Louvain, où il s'est établi un foyer de querelles dans lesquelles le militaire même se trouve engagé par la faute du général Boroz, qui, à cette occasion, a perdu le commandement de la ville. Les états persistent dans leur opposition relativement à l'affaire du conseil. Le gouvernement attend le retour d'un courrier qu'il a expédié à Vienne, pour adopter un plan de conduite à l'ouverture d'une contestation qui peut devenir de la plus grande importance; mais, en attendant, on s'occupe du remplacement des cinq conseillers dans le tribunal suprême de Brabant. (Ce qui fait le fond de la querelle.) Les trois premiers sujets que le gouvernement s'est fait présenter sont membres de la Société des Amis du Bien public, Société sur laquelle le ministre autrichien a paru, de bonne heure, à l'issue des derniers troubles, fixer ses complaisances. Les vrais amis du bien public et de la paix en conçoivent un augure favorable. On nous mande que plus de quatre-vingts fugitifs français ont quitté Worms et ses environs, qu'ils ont passé par le Brisgaw, pour aller en Suisse, et de là retourner en France. On compte parmi eux un maréchal de France et trois autres officiers généraux.

M. le cardinal de Rohan a fait, le 15 de ce mois, un pèlerinage à Notre-Dame-des-Ermites, avec une escorte de quarante officiers, tous gentilshommes, qui entouraient la voiture, le sabre nu à la main.

M. de Mirabeau a payé 36,000 livres à compte des 44,000 qu'il devait à Baden. Il a donné, pour le reste, une

caution suffisante.

Des lettres du margraviat de Baden portent que, dans cette province, ainsi que dans la principauté de NassauUssingen, les paysans ont reçu ordre de ne plus rien porter dans le camp dit de l'armée noire.

Les émigrés français qui sont à Bruxelles font sonner bien haut la caisse militaire des princes. Ils prétendent que M. d'Artois a reçu de l'empereur 4,000 souverains d'or, 4,000 frédérics d'or du roi de Prusse, et de l'électeur de Saxe, 48,000 livres. Ils ajoutent cette somme aux 6 millions qui ont dû être adressés de Paris à M. d'Artois, et ils se prétendent ainsi en état de corrompre les cours, et de foudroyer l'Europe contre la France.

ARTS. GRAVURES.

Les Regrets mérités, estampe gravée d'après le tableau de Mlle Gerard, élève et sœur de M. Fragonard, par M. Delaunay l'aîné.

Cette estampe est la onzième de la charmante suite de gravures déjà connues sous les titres de l'Heureuse fécondité; Dites donc, s'il vous plaît; le Petit prédicateur; l'Education fait tout, etc., gravées d'après M. Fragonard, peintre du roi.

Celle-ci, qui n'est point la moins agréable de la collection, offre une nouvelle preuve du talent de M. Delaunay et du choix toujours heureux de ses sujets.

Elle se trouve, ainsi que toutes celles que nous venons de citer, chez M. Delaunay, graveur du roi, ci-devant rue de la Bucherie, et présentement rue St-André-desArcs, no 43, à Paris.

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M. Charles ouvrira, samedi 8 octobre, en son cabinet, place des Victoires, n° 16, un cours d'électricité en douze leçons, qui auront lieu les mardis, jeudis, samedis, à six heures du soir.

THEATRE ITALIEN.

Il y a certainement du mérite dans la pièce intitulée les Espiègleries de Garnison, donnée mercredi dernier à ce théâtre : il y a de la gaîté dans quelques situations, beaucoup dans le dialogue, qui est d'ailleurs d'un très-bon ton; mais il est bien difficile de soutenir trois actes avec différentes espiègleries d'officiers, à la suite l'une de l'autre, et qui n'ont presque pas de liaison entre elles. Il manque à cet ouvrage d'avoir un but unique vers lequel se dirigent tous les moyens; la scène est trop vague. Entre une espièglerie et une autre, on ne sait où l'on est ni où on va, ni à qui on doit s'intéresser; mais plus le fond de cet ouvrage est faible, plus il a fallu de talents de détails pour le faire réussir, et en général il a été fort applaudi. En voici à peu près l'esquisse:

Trois jeunes officiers s'amusent, pendant le carnaval, à toutes les folies qui leur passent par la tête. L'un, qui fait la cour à une femme, veut écarter un jaloux qui l'obsède; et pour l'empêcher de la suivre, il attache à sa porte un écriteau de maison à louer, qui doit lui attirer des visites. Un autre vient d'escalader une fenêtre en brisant la croisée; poursuivi par une patrouille, il se joint à ses deux camarades, et lorsque le sergent se présente, ils prennent tous trois les noms des plus vieux officiers de l'état-major du régiment. Le tour s'éclaircit, on les met tous trois aux arrêts. Le troisième, dont la sœur vient d'arriver, s'avise de sauter par la fenêtre; pour frauder la vigilance de la sentinelle qui garde sa porte, il se déguise en femme, se rend à un bal où se trouve son major, et, passant pour sa sœur, il agace le vieil officier, et se fait ramener chez lui. On a trouvé que l'auteur n'avait pas tiré tout le parti possible de cette dernière situation, qui pouvait amener un dénoûment plus comique.

Beaucoup de morceaux de musique ont été fort applaudis; cependant l'ouvrage a paru faible, comparé aux autres ouvrages du même compositeur, M. Champein, qui a donné lui-même, par des productions d'un grand mérite, la mesure d'après laquelle on doit le juger. Il n'est plus permis à l'auteur de la Mélomanie, du Nouveau don Quichotte, etc., de donner des choses médiocres.

BULLETIN DE L'ASSEMBLÉE NATIONALE LÉGISLATIVE.

(PREMIÈRE LÉGIslature. ) Présidence de M. Pastoret. SÉANCE DU MARDI 4 OCTObre.

M. Dumoslard, l'un des deux secrétaires provisoires, fait lecture du procès-verbal de la séance du dimanche 2 octobre, renvoyé, par une délibération d'hier matin, à une nouvelle rédaction.

Après quelques observations, cette seconde rédaction est définitivement adoptée.

M. Voisard fait lecture du procès-verbal de la séance d'hier.

M. GIRARDIN : Nous devons être invariablement attachés à l'exécution des lois constitutionnelles : or, la constitution porte effectivement que les députés la législature se constitueront en Assemblée nationale législative; mais si nous consultons le chapitre relatif à la promulgation des lois, nous y verrons ces mots : « L'Assemblée nationale a décrété, et nous voulons et ordonnons ce qui suit, etc. » Nous avons donc dû, comme nous l'avons fait, nous constituer sous le nom d'Assemblée nationale législative; mais l'intitulé de tous nos actes ne doit porter que les mots Assemblée nationale. Je demande donc que le procès-verbal soit rectifié à cet égard.

La proposition de M. Girardin est adoptée.

M. GIRARDIN Je pourrais faire plusieurs autres observations sur le procès-verbal; mais je me réduis à demander qu'il soit renvoyé à une nouvelle rédaction, concertée avec le bureau.

M. ***: L'Assemblée a décrété hier implicitement ce qui doit être explicitement relaté dans le procèsverbal, savoir que c'est attendu l'urgence des circonstances qu'elle n'a pas suivi, dans la nomination des secrétaires, les formes constitutionnelles. (On murmure. Plusieurs membres observent que l'article interprété par la délibération d'hier fait partie de la loi réglementaire du 17 juin.)

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L'Assemblé consultée passe à l'ordre du jour sur les deux dernières propositions.

M. LE PRÉSIDENT: L'ordre du jour est la prestation du serment individuel prescrit par la constitution. La loi du 17 juin porte que le président en prononcera la formule, et que tous les membres monteront successivement à la tribune, et diront: Je le jure!

M.***: Ne serait-il pas convenable de donner à cette cérémonie tout l'appareil et toute la solennité propres à caractériser son importance? Je demande que la constitution soit apportée par l'archiviste, et que ce soit en tenant la main posée sur ce livre sacré que chacun prête le serment. (On applaudit.)

M. GIRARDIN: J'appuie la motion du préopinant, mais j'y joins un amendement : c'est de nommer une députation pour aller chercher aux archives l'acte constitutionnel. (Il s'élève des rumeurs.)

M. ***: La loi du 17 juin 1791 porte que chaque membre montera à la tribune, et dira: Je le jure! mais la constitution n'en parle point; puisque nous avons déjà dérogé hier à cette loi, je demande qu'afin qu'il n'y ait point de restriction mentale, il soit décrété que chaque membre prononcera la formule du serment dans toute son intégrité.

M. *** J'appuie la proposition de l'antépréopinant, et je demande qu'il soit décrété que l'acte constitutionnel sera apporté à la tribune.

Cette proposition est adoptée.

M. LACROIX Je demande l'ordre du jour sur la proposition qui a été faite d'envoyer une députation aux archives.

l'esprit de la proposition. Ce n'est pas à l'archiviste M. ***: Le préopinant paraît ne pas avoir compris qu'on envoie une députation, c'est au dépôt sacré qui ne peut être déplacé sans être sous la garde d'une commission de l'Assemblée.

M. *** Il n'est point question d'une députation ; je demande qu'il soit décidé simplement que l'Assemblée nommera des commissaires.

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leur tête, se retirent pour aller chercher l'acte constitutionnel.

M. *** Je demande que toute l'Assemblée reste debout jusqu'à ce que l'acte constitutionnel soit déposé sur le bureau.

M. *** L'acte constitutionnel est l'étendard sous lequel nous devons marcher; le serment que nous allons prêter sera le garant de la fidélité avec laquelle nous devons maintenir la constitution. Je demande que le serment que nous allons prêter soit imprimé en gros caractères, et placé au dessus du bureau du président, afin que chaque membre qui demandera désormais la parole ait sous les yeux ce serment qui représente constamment ses devoirs.

M. *** Il n'y a personne qui puisse l'oublier.

M. L'EVEQUE DU DÉPARTEMENT DE.... Pour ajouter à la solennité de ce serment, je demande qu'il soit annoncé dans toute la ville, d'une manière quelconque, au bruit du canon, par exemple; cela ne sera peut-être pas de trop. (Il s'élève beaucoup de murmures.)

M. *** Je rappelle à l'Assemblée un trait de l'histoire des Athéniens; tout le monde le connaît sans doute après une défaite, ils firent prêter à leurs soldats le serment de mourir ou de vaincre. Ces soldats furent fidèles à ce serment; on l'écrivit ensuite sur les drapeaux, il y eut beaucoup de transfuges. Je demande qu'on passe à l'ordre du jour.

M. Ducos Plus la prestation de ce serment sera simple, plus cette cérémonie sera sublime. Je demande la question préalable sur toutes les motions nouvelles.

M. *** L'Assemblée a décidé que les vieillards qui sont dans son sein iraient chercher l'acte constitutionnel : je demande que les plus jeunes aillent le recevoir. (On murmure.)

L'Assemblée ferme la discussion, et passe à l'ordre du jour sur toutes les motions proposées.

M. LE PRÉSIDENT: La loi du 17 juin porte que chaque membre montera à la tribune, et dira: Jé le jure! On a proposé que la formule du serment fût prononcée en entier. Je vais mettre cette proposition aux voix.

M. *** Avant que l'Assemblée soit consultée, je me permettrai une observation déterminante: c'est qu'il y aurait entre le président et le membre qui dirait: Je le jure! un concours dans la prestation du serment; en sorte que le serment ne serait plus individuel.

M. le président consulte l'Assemblée, et prononce « que l'Assemblée nationale déclare que, conformément à l'acte constitutionnel, le serment sera prêté individuellement et dans toute son étendue. »

Plusieurs minutes se passent dans l'inaction. Un huissier: Messieurs, j'annonce à l'Assemblée nationale l'acte constitutionnel.

Les douze commissaires, escortés par les huissiers et par un détachement des gardes nationales et de gendarmerie, entrent dans la salle au milieu des applaudissements de l'Assemblée et du public.

M. Camus, archiviste, porte l'acte constitutionnel.
Tous les membres restent levés et découverts.

M. ***, s'adressant aux spectateurs: Peuple français, citoyens de Paris, Français généreux, et vous, citoyennes vertueuses et savantes, qui apportez dans le sanctuaire des lois la plus douce influence, voilà le gage de la paix que la législature vous prépare. Nous allons jurer, sur ce dépôt de la volonté du peuple, de mourir libres et de défendre la constitution.... (Il s'élève des rumeurs qui étouffent la voix de l'orateur.)

M. Camus porte à la tribune l'acte constitutionnel.

M. Lacroix demande la parole et réitère sa demande au milieu de longs murmures.

M. ***: Lorsque le roi paraît dans le sein de l'Assemblée, il est d'usage qu'on ne prenne aucune délibération. Je demande que tant que l'acte constitutionnel sera ici, on ne prenne aucune délibération. (On applaudit.)

M. LE PRÉSIDENT: Nous allons passer à la prestation du serment. Je prie M. le vice-président de me remplacer un moment; je vais monter à la tribune pour prêter le serment.

La garde armée se retire.

M. Camus reste à la tribune, gardien de l'acte constitutionnel.

Tous les membres sont assis et découverts.

M. le président prête le serment, et successivement tous les membres, appelés par l'ordre aphabétique des départements, prononcent sur le livre constitutionnel la formule prescrite par la constitution.

L'appel est terminé.

M. Camus, archiviste, descend de la tribune, portant l'acte constitutionnel.

La même députation qui l'était allé chercher l'en

toure.

Toute l'Assemblée se lève, et la députation sort au milieu des plus vifs applaudissements.

M. LE PRÉSIDENT: Il résulte de l'appel, que quatre cent quatre-vingt-douze députés ont prêté serment. (On applaudit.) L'art. Ier de la sect. IV du chap. III de l'acte constitutionnel nous indique maintenant ce que nous avons à faire. Le voici :

«

Lorsque le corps législatif est définitivement constitué, il envoie au roi une députation pour l'en instruire. Le roi peut, chaque année, faire l'ouverture de la session et proposer les objets qu'il croit devoir être pris en considération pendant le cours de cette session, sans néanmoins que cette formalité puisse être considérée comme nécessaire à l'activité du corps législatif. » C'est à l'Assemblée à déterminer de combien de membres doit être composée la députation.

On entend successivement, dans diverses parties de la salle, ces mots vingt-quatre, douze, soixante membres.

M. LE PRÉSIDENT: On fait diverses propositions: la plus générale me paraît être celle qui tend à former une députation de soixante membres. (Quelques voix s'élèvent: Non, non!)

On demande que la priorité soit accordée à la proposition de vingt-quatre membres.

M. le président met aux voix la priorité. La première épreuve paraît douteuse.

Après une seconde épreuve, l'Assemblée décide que la priorité est accordée à la proposition de composer la députation de soixante membres. Elle est mise aux voix et décrétée.

M. *** Je demande que l'on décide maintenant de quelle manière la députation doit être formée.

M. LE PRÉSIDENT: L'Assemblée constituante était dans l'usage de faire nommer les députations par le président et les secrétaires.

M. *** Il y a une loi qui porte que les députations seront formées de députés pris, à tour de rôle, dans les départements, et suivant l'ordre alphabétique.

L'Assemblée décide que, suivant l'usage adopté par le corps constituant, les députations seront noinmées par le président et les secrétaires.

M. LE PRÉSIDENT: Tandis que je vais m'occuper avec les secrétaires de composer la liste de la députation, M. Cérutti a la parole.

M. CERUTTI: Quatre cent quatre-vingt-douze députés, la main appuyée sur l'évangile de la constitution, viennent de lui rendre l'hommage solennel de leur fidélité; maintenant il me paraît convenable

d'offrir un juste sentiment de reconnaissance au corps constituant, de qui nous tenons cet immortel ouvrage. (Toute l'Assemblée et les tribunes applaudissent à plusieurs reprises.) Rien n'est plus commun que de jouir, avec une ingratitude superbe, du fruit des services rendus à l'État par quelques citoyens : on craint de paraître idolâtre des hommes revêtus de pouvoirs ; mais lorsqu'ils n'en ont plus, il est beau d'honorer l'usage vertueux d'une puissance expirée. Lorsque, pour la première fois, nous sommes entrés dans cette enceinte, j'ai vu que le peuple portait des regards de vénération sur nos prédécesseurs dispersés dans les tribunes, et des regards d'espérance sur les législateurs nouveaux. Nous partageons le vœu général, et nous l'émettrons d'une manière précise en votant des remercîments à l'Assemblée qui a représenté, sauvé et régénéré l'empire français. (L'Assemblée et les tribunes applaudissent à plusieurs reprises.)

Plus il y avait de troubles et de factions au milieu d'elle, plus nous avons de grâces à rendre à l'élite qui les à si glorieusement combattus. Assiégée dans son enceinte, elle disperse l'armée qui l'entoure; plongée dans l'obscurité, elle en fait jaillir la lumière; environnée de ruines, elle élève ce superbe édifice confié à nos soins. Quel sénat de Rome, quel parlement britannique, quel congrès américain a fait de si grandes choses en si peu de temps et avec si peu de forces? Trois années ont détruit quatorze siècles d'esclavage, et préparé des siècles de bonheur. Combien va s'agrandir le nombre de ceux qui ont mis la main à ce superbe édifice! Prévenons, messieurs, la justice des temps, et adoptons le décret dont je vais vous donner lecture.

« L'Assemblée nationale législative, succédant à l'Assemblée nationale constituante, et considérant que le plus grand bienfait possible était une constitution comme la nôtre, a décrété des remercîments à tous les bons citoyens qui ont concouru et contribué, dans l'Assemblée nationale, à la confection et à l'achèvement de la constitution française.

→L'Assemblée nationale législative s'empresse, dans le même temps, de rendre un solennel hommage aux grands exemples de magnanimité qui ont éclaté dans le cours de l'Assemblée nationale constituante, et qui resteront imprimés éternellement dans la mémoire du peuple français. >>

L'Assemblée et les tribunes recommencent leurs applaudissements.

On demande à aller aux voix.

M. CHABOT: Je demande la parole pour un amendement. Sans doute nous devons de la reconnaissance au corps constituant; mais peut-être n'est-il pas bien digne de dire que la constitution est la plus parfaite possible.......

L'Assemblée, interrompant M. Chabot, adopte unanimement la motion faite par M. Cérutti, et décide que son discours sera joint au procès-verbal, imprimé et envoyé aux quatre-vingt-trois départements.

M. ***: Pour ajouter au décret qui vient d'être rendu un nouvel hommage de notre reconnaissance, je demande qu'il soit réservé ici une place aux anciens membres du corps constituant, afin qu'ils soient témoins des progrès de l'esprit public. (On murmure.) La motion n'est point appuyée.

M. *** Pour que la marche de l'Assemblée soit plus rapide, je demande qu'il soit nommé une commission chargée d'examiner si les règlements du régime intérieur de l'ancienne Assemblée sont applicables à celle-ci.

La motion n'est point appuyée.

Un de MM. les membres composant la députation qui avait accompagné l'acte constitutionnel:

La constitution vient d'être remise aux archives, et ce précieux dépôt, que nous portons tous dans nos cœurs, a été placé avec toutes les précautions convenables.

M. CHAUDRON M. Palloy a déposé dans cette salle une pierre sur laquelle sont gravées les effigies du roi et du maire de Paris; je demande que l'Assemblée décide que ce monument restera dans cette enceinte.

La motion n'est pas appuyée.

M. ***: Il est inutile de dire que personne ici n'a le droit de voter sans avoir prêté le serment individuel.

Un de MM. les secrétaires fait lecture de la liste des membres de la députation qui doit se rendre chez le roi.

M. *** : Vous venez de décréter l'envoi aux quatrevingt-trois départements de la proposition faite par M. Cérutti; je propose d'y joindre le procès-verbal entier de cette séance, afin que l'on connaisse et l'unanimité et l'enthousiasme avec lesquels nous avons tous prêté le serment de fidélité à la constitution.

Cette proposition est rejetée par la question préalable.

M. LE PRÉSIDENT: On est allé chez le roi pour lui demander l'heure à laquelle il recevra votre députation; je prie MM. les membres qui la composent de vouloir bien se rendre ici à six heures, et je leur ferai part de la réponse du roi.

La séance est levée à quatre heures.

VARIÉTÉS.

Adresse des citoyens de la section des Quatre-Nations à tous leurs concitoyens du département de Paris. La constitution est achevée, décrétée et acceptée. Grâces en soient rendues à l'Éternel, à nos législateurs, aux citoyens soldats, aux soldats citoyens !

Le nouvel ordre de choses ne demande plus que soumission à loi, le maintien et la défense de là loi.

Toutes les autorités sont constituées pour la chose publique sans pouvoir servir aux passions ni créer de nouveaux oppresseurs. La surveillance dont chaque citoyen est investi nous garantit liberté, égalité, bonne administration, les trois bases du bonheur public.

Qui nous a procuré tous ces avantages? Nous-mêmes, lorsque, nous levant du tombeau que nous avait creusé le despotisme, déchirant les linceuls dont il nous enveloppait, nous sommes ressuscités à la liberté pour en prendre les habits et les couleurs, que nous avons entendu la voix du chef qui a guidé nos pas, et par sa prudence, sa sagesse et son courage, a déjoué les complots, déconcerté les intrigues, désarmé nos ennemis sans les combattre.

Héros citoyens! c'est à la sévérité de ses principes, c'est à son patriotisme prévoyant, que la liberté doit une force inconnue jusqu'à ce jour dans notre nouvelle organisation militaire.

Nous ne pouvons oublier ses services, son désintéressement, ses sacrifices en tout genre; mais nous n'avons à lui offrir privativement que notre estime et notre reconnaissance; voilà tout ce que nous pouvons.

La commune, et le département de Paris peuvent et doivent plus à Lafayette.

C'est à tous les citoyens du département à élever leurs voix, à former auprès du corps législatif une pétition, pour qu'il acquitte le département de Paris, et même la France entière, envers le héros de la liberté.

C'est à la sagesse de l'Assemblée nationale qu'il appartient seule de connaître et d'apprécier le vœu public. C'est à elle à créer le domaine où naîtront le chêne civique et le laurier à l'ombre desquels pourra se reposer un jour le défenseur de la liberté dans les deux mondes.

Pénétrée de ces puissants motifs, la section des Quatre-Nations, a désiré la gloire de faire connaître la

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La municipalité de Bourges, monsieur, est indignée des calomnies de toute espèce que contient votre feuille du dimanche 4 septembre 1791, no 247, contre M. Torne, notre digne évêque, ainsi que contre son premier vicaire, deux hommes vraiment dignes, à tous égards, de l'estime publique. Peut-être essaierez-vous de rejeter sur votre correspondant de Bourges l'odieux de tant d'impostures aussi absurdes qu'elles sont atroces; mais vous devez vous assurer que vos correspondants ne soient non-seulement des calomniateurs, mais encore des calomniateurs peu jaloux de la vraisemblance.

Les ennemis de la révolution que cette ville renferme avaient fait semer dans le peuple, peu avant l'assemblée électorale, une partie des horreurs que contient votre feuille, dans l'espoir qu'elles feraient quelques impressions sur les électeurs, et principalement sur ceux de la campagne; mais l'assemblée, révoltée de ces trames odieuses, en a bien dédommagé le respectable prélat, en le nommant d'abord président, ensuite en le faisant, au premier scrutin, premier député de la législature prochaine, avec une majorité de deux cent soixante-deux voix sur deux cent quatre-vingt-seize. Voilà, monsieur, une réponse terrassante à votre abominable feuille le peuple de la ville y a répondu encore d'une manière victorieuse par des témoignages de joie les plus éclatants, au moment de son élection.

:

La Société des Amis de la Constitution n'a pu, sans horreur, entendre la lecture de votre extravagante diatribe contre un de ses membres qu'elle honore, qu'elle chérit; elle lui ja aussitôt fait annoncer, par des députés, son indignation contre des calomnies aussi noires, et son vœu pour que, mettant enfin des bornes à l'indulgence extrême qui lui a toujours fait mépriser et pardonner l'injure, il fit punir celle-ci avec toute la sévérité de la loi.

Les ennemis mêmes de la révolution qui ne sont pas de la dernière classe rougiraient de faire paraitre quelque attention à aucun des faits que vous avez écrits avec une si étrange assurance, parce qu'il n'y en a aucun qui ne soit entièrement faux et bêtement controuvé.

Il reste, monsieur, à la municipalité de démentir hautement toutes les imputations que vous n'avez pas rougi de faire au prélat le plus irréprochable dans sa conduite comme dans ses écrits: c'est un hommage qu'elle croit devoir aux rares qualités de M. Torné, qui le rendent l'idole du peuple et du clergé patriote; et ces qualités, monsieur, apprenez-les d'un corps plus digne de foi que votre misérable correspondant : ce sont de grands talents, des lumières peu communes, des mœurs décentes, un zèle vraiment pastoral, un travail aussi continu que facile, une tolérance extrême, de la popularité sans bassesse, une fermeté inébranlable dans ses vues d'intérêt et d'ordre public, un caractère vif, mais affable, honnête, obligeant, des principes de justice invariables, un patriotisme éminent, et dans la conduite des affaires un heureux mélange d'intelligence, de sagesse et d'activité.

Voilà l'homme, monsieur, que vous avez voulu noircir aux yeux de la France. Si vous l'avez dénigré de bonne foi, vous vous plairez à publier cette apologie; et vous ré

pugneriez en vain à cette réparation publique, d'autres journalistes la feront pour vous.

Les officiers municipaux de la ville de Bourges:
TRISTON, PAPAN, LOUIS, GAY, BONNEAU, Ros-
TIN, VEILHAUT, REGNAUD, CARRÉ, RIGNONETTE.

ANNONCES.

Journal chrétien, ou l'Ami des Mœurs, de la Vérité et de la Paix.

Almez Dieu et les hommes, voilà la loi et les prophètes. Ce journal, qui paraît depuis l'époque de la révision de l'acte constitutionnel, destiné à défendre et à faire aimer la religion et les mœurs, à éteindre, s'il se peut, toutes les haines de parti, toutes les dissensions qui ont trop longtemps affligé la patrie, manquait absolument au public. Composé dans la vue d'environner de l'estime et de la vénération publique les ministres citoyens de notre religion, et à repousser toutes les attaques que les malintentionnés essaient de porter à la nouvelle constitution du clergé, il n'est aucun évêque, aucun curé dans les départements qui ne doive concourir à son succès. Quand on songe à la rapidité avec laquelle circule le poison que distribue chaque jour le prétendu Ami du Roi, qui se dit aussi l'Ami de la Vérité, il est permis d'espérer qu'un apôtre plus sincère de la vérité, de la paix, de la religion et du patriotisme, recevra quelque encouragement du public. On verra assez, par l'extrême modicité du prix de ce journal, que celui qui l'entreprend n'est animé que du désire d'être utile, et de multiplier l'instruction en la mettant à portée de la classe des lecteurs les moins aisés.

Ce journal, composé de 16 pages in-8°, paraît les mercredi et samedi de chaque semaine; il contient: 10 l'analyse des ouvrages qui auront trait à la morale ou à la religion, ou des dissertations intéressantes sur les mêmes objets; 20 le compte exact des travaux des représentants de la nation; 30 les nouvelles ecclésiastiques, soit étrangères, soit des divers départements du royaume; 40 les nouvelles politiques. Le prix de l'abonnement, pour une année, est de 12 livres pour Paris, 15 livres pour les départements, franc de port; pour six mois, 7 livres 10 sous pour Paris, 9 livres pour les autres départements. On ne peut s'abonner pour moins d'une année ou de six mois. On est prié d'affranchir l'argent et les lettres. Les sept premiers numéros ont déjà paru.

On souscrit à Paris, chez P. Chaluet, rue d'AnjouDauphine, hôtel St-Pierre.

LIVRES NOUVEAUX.

Antiquités nationales, ou Recueil de monuments, pour servir à l'histoire générale et particulière de l'empire français, tels que tombeaux, inscriptions, statues, vitraux, fresques, etc., tirés des abbayes, monastères, châteaux et autres lieux devenus domaines nationaux; par M. Aubin-Louis Millin; 1o volume.

Nous avons rendu compte, au commencement de cette année, du premier numéro de cette collection intéressante. L'éditeur et le rédacteur ont, malgré la difficulté des circonstances, rempli avec une extrême activité l'engagement qu'ils avaient pris. Le 10e numéro vient de paraitre. Les six premiers forment le premier volume et contiennent une foule d'objets intéressants, arrachés par le burin des artistes et par les descriptions du rédacteur à la destruction ou au déplacement qui suivra presque partout la vente des biens nationaux. L'article des Célestins, commencé au 1er numéro, ne finit que vers la moitié du 4. Architecture, monuments, archives, tout est mis à contribution, tout est expliqué avec une clarté qui ne laisse rien à désirer, et mélé de détails historiques et critiques qui donnent aux récits et aux descriptions un agrément dont on aurait pas cru susceptible un ouvrage de ce genre.

Les Jacobins de la rue St-Honoré viennent ensuite; les Jacobins, autrefois retraite obscure de quelques cénobites, mais devenus à jamais célèbres en devenant le chef-lien et en quelque sorte la métropole de Sociétés des Amis de la Constitution, de ces Sociétés vainement calomniées, et sans lesquelles il n'y aurait point de révolution faite,

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