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» 2o. Dévouement absolu aux intérêts de la » maison d'Autriche;

» 30. Point d'alliance avec l'Angleterre ni avec » la Prusse, quels que faciles et quelqu'avanta» geuses qu'elles fussent;

» 4o. Indulgence envers les émigrés rebelles, » sans adhérer cependant à toutes leurs vues; » 5o. Opposition à la guerre contre la maison » d'Autriche, après l'avoir provoquée;

» 6o. Enfin, projet d'établir les deux chambres. » Si je prouve que tous ces traits s'appliquent » au ministère dont le règne vient d'être détruit; » si je prouve qu'il a constamment trahi les inté» rêts de la révolution, qu'il a tout sacrifié à la » famille royale...., j'aurai prouvé, je crois, » que l'on a eu raison d'accuser cet ancien mi»nistère d'avoir formé, avec quelques députés » de l'assemblée constituante, un comité que

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l'on peut appeler autrichien, puisqu'il servoit » si bien la maison d'Autriche. Des conspira» tions de ce genre ne s'écrivent pas; et quoi» qu'on ne puisse douter de leur existence, il est » quelquefois difficile d'en trouver la preuve » matérielle... Cependant je ne m'étendrai pas » plus long-temps dans des généralités, je vais » dénoncer les ministres, leurs correspondances » en main.

Il est certain qu'après ce préambule, et sur

tout en fesant adopter de pareilles définitions, l'orateur prenant au hasard les lettres des ministres, pouvoit hardiment dénoncer les plus sages comme criminelles, et trouver des preuves de l'existence du comité autrichien dans celles qui exprimoient des espérances ou des voeux pour la cessation de l'anarchie, pour la conservation du gouvernement monarchique, es pour qu'on rendit au roi le pouvoir et l'autorité nécessaire pour gouverner. Tels furent, en effet, les délits contre-révolutionnaires que Brissot reprocha à M. de Montmorin, et dont il trouva la preuve dans quelques passages des lettres de ce ministre qu'il eut l'imprudence de lire à l'assemblée, et qui, malgré la perfidie de ses commentaires, discréditèrent entièrement sa dénonciation. La seule de ses assertions qui pût faire soupçonner l'existence d'un comité autrichien. consistoit dans l'influence prétendue dirigeante du comte de Merci sur le ministère de France; mais l'orateur n'appuya cette supposition d'aucune preuve, d'aucun indice quelconque.

Quant à moi, Brissot ne se contenta pas de répéter les calomnies mille fois réfutées, et les injures grossières que le club des jacobins de Brest et son digne organe Cavelier, rapporteur du comité de marine, avoient vomies contre moi; il m'accusa aussi d'avoir voulu donner au roi seul la suprématie des colonies au préjudice de la

souveraineté de la nation, et d'avoir concerté avec les assemblées coloniales ce coupable projet, auquel se lioient les troubles de St.-Domingue, qui, selon lui, n'étoient rien moins qu'étrangers aux vues du comité autrichien. Enfin, il me reprocha mes adieux au ministère (1), qui sembloient annoncer, dit-il, de grandes espérances à la contre-révolution. Il conclut, comme Gensonné, à ce que M. de Montmorin fùt décrété d'accusation, et à ce que l'assemblée se fit rendre compte de ma conduite.

Ces déclamations calomnieuses, dénuées de tout fondement raisonnable, loin de remplir l'engagement solemnellement pris de constater irrévocablement l'existence du comité autrichien, manifestoient évidemment, au contraire, l'impossibilité absolue de donner la moindre consistance à ce fantôme. Aussi le discours de Brissot n'eut-il pas plus de succès que celui de son collègue. Néanmoins, le parti jacobin parvint, après quelques débats, à faire décréter que l'un et l'autre seroient imprimés et distribués trois jours avant la discussion, ainsi que les pièces certifiées véritables qui y étoient citées, et que le tout seroit renvoyé aux comités réunis des douze, de surveillance et diplomatique, pour en faire leur

(1) Ce fut ainsi qu'il désigna mon compte rendu à L'assemblée.

rapport. Peu de jours après, nous publiâmes sé parément, M. de Montmorin et moi, notre réponse à ces deux discours, et nous en démontrâmes si complètement l'imposture et l'absurdité, que depuis ce moment, aucun journaliste ni motionnaire n'osa plus reparler du comité autrichien, dans la crainte d'être discrédité par les risées de ses lecteurs ou de ses auditeurs. Les comités auxquels cette affaire avoit été renvoyée, jugèrent que le parti le plus prudent qu'ils pussent prendre, étoit de la laisser dans l'oubli, et dèslors les poursuites ordonnées de la part du roi à l'accusateur public devinrent sans objet.

Tel fut définitivement le sort de cette fable ridicule dont on s'étoit servi jusqu'alors avec tant d'avantage pour rejeter sur les royalistes, sur la cour et sur la famille royale elle-même, les crimes et les désastres produits par la révolution. Le rôle qu'on a fait jouer à ce comité imaginaire, m'a paru rendre indispensables les détails dans lesquels je suis entré à ce sujet.

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CHAPITRE XIX.

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Mission secrète donnée à Mallet-du-Pan. Manoeuvre des jacobins pour préparer la déportation des prêtres non-assermentés. - Lettre du roi à la municipalité et au directoire du département. Dénonciation contre la garde constitutionnelle. - Alarmes de l'assemblée; elle se constitue en permanence. Rapport de Pétion sur l'état de la capitale. L'assemblée décrète le licenciement de la garde du roi. Le duc de Brissac est conduit

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à Orléans. Le roi veut écrire à l'assemblée; les ministres refusent de contre-signer sa lettre. - Consigne donnée à l'hôtel des Invalides, dénoncée à l'assemblée. Complots imaginaires dénoncés par Chabot. — J'adresse au roi le plan de Buob, pour neutraliser les tribunes de l'assemblée.

La déroute de Mons et de Tournai avoit signalé l'ouverture de la campagne, et n'avoit encore eu d'autres suites que quelques affaires de postes, dans lesquelles les troupes autrichiennes avoient toujours eu l'avantage. Le maréchal de Rochambeau avoit définitivement abandonné le commandement de son armée, et sa retraite avoit déterminé celle d'une grande partie des anciens officiers. Le nombre de ceux qui émigroient devenoit de jour en jour plus considérable; on vit même des régimens entiers passer du côté de l'ennemi.

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