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» ce fait une conviction morale (1)..... Mais en » s'attachant à des faits particuliers, prouvés par » des dénonciations écrites, par des notes indi»catives de témoins que vous pourrez entendre » à la barre, par des dénonciations reçues, soit » par des juges de paix, soit par des municipa »lités, ou par des directoires de district et de » département, et déposées au comité de sur»veillance, on voit que des ci-devant privilé » giés, arrivés à Paris depuis peu, et dont le » départ paroît concerté, ont annoncé dans leurs » départemens qu'ils partoient pour soutenir l'au »torité du roi, enlever sa majesté, si cela de-. » venoit nécessaire, et dissoudre l'assemblée na» tionale. Ce rassemblement nombreux, à la » même époque, ne peut être que l'effet d'une » invitation faite dans plusieurs départemens; »car quel que soit le vertige qui s'est emparé » de l'esprit des contre- révolutionnaires, il est » difficile de concevoir comment cette épidémie » auroit été si générale, si une coalition puis»sante ne leur eût promis des secours, et si le » nom des personnes qui la composent n'eût » rendu probables les contes qu'on leur a faits » sur les dispositions personnelles du roi. Il ré>>sulte aussi de ces pièces, qu'il se fait habituelle

(1) Quelle conviction peut-il résulter d'une simple supposition fondée sur des conjectures aussi vagues?

» ment des rassemblemens nombreux de ces ci» devant priviligiés avec les gens de la cour, à St.» Denis, à Auteuil, à Bagatelle; et dans la liste » qu'on a donnée des affiliés de ces concilia» bules (1), on cite presque toujours MM. Ber»trand et Montmorin........ Plusieurs dénoncia» tions vous fixeront aussi sur les manoeuvres » qu'on a employées dans la composition de la » garde du roi, pour en écarter les hommes » que leur patriotisme a rendus suspects, et pour » ébranler leur fidélité envers la nation fran» çaise..... Je vous rappèlerai cette entreprise si » coûteuse de faux assignats à Passy, qui par l'é> normité des fonds d'avance qu'elle exigeoit, ne » permet pas de douter qu'elle ne fût soutenue

(1) Ces rassemblemens nombreux, ces conciliabules imaginaires, étoient-ils le comité autrichien? Et si leur existence étoit prouvée par des dépositions dignes de foi, pourquoi l'orateur, qui avoit à sa disposition toutes les pièces déposées au comité de surveillance, ne lut-il pas à l'assemblée, comme il l'auroit dû, celles qui constatoient ce fait ? C'est que ces prétendues dépositions ou notes écrites n'étoient, relativement à cette assertion, que des extraits de journaux accoutuinés à publier chaque jour les impostures les plus grossières, et qui parloient effrontément de mes voyages à Auteuil, à Saint-Denis ou à Bagatelle, quoiqu'il soit constant et très-facile à prouver que je ne suis pas sorti de Paris une seule fois depuis ma retraite du ministère, jusqu'au 12 d'octobre suivant.

» par de grands moyens et par une coalition » très-puissante..... Comment pourroit-on douter » de l'influence que cette cabale a su conserver » à la cour, lorsqu'on voit attachées au service » du château, des personnes dont les plus pro»ches parens servent actuellement à Coblentz?.... » J'ajouterai, qu'on a la preuve de distributions » d'argent pour soudoyer des calomniateurs à » gages, pour avilir la législature, paralyser » l'action du gouvernement dans toutes les par»ties, exciter des troubles, etc. etc..... Si je vou» lois une dernière preuve de l'existence de cette » conspiration, de ce comité autrichien, je la » trouverois dans la démarche combinée des ex» ministres Bertrand et Montmorin, et du juge » de paix Larivière, dans l'imprudence de leur » dénonciation, et dans l'approbation indirecte » qu'ils ont eu l'atroce perfidie de solliciter du » roi..... C'est à nous à surveiller les coupables » menées dont la trahison nous entoure. Pre» nons tous l'engagement de nous dévouer à sa » recherche, d'y consacrer tous nos efforts, toute »notre énergie, et de poursuivre les conspirateurs » jusqu'à extinction de puissance. Je vous dé» nonce l'ex-ministre Montmorin et l'ex-mi» nistre Bertrand, ou plutôt ce sont eux qui se » sont dénoncés eux-mêmes. Je demande contre le » premier un décret d'accusation, et que vous vous » fassiez rendre compte de la conduite de l'autre

» à l'égard des colonies. J'accuse M. Montmorin » d'avoir continuellement, pendant tout le temps » de son existence ministérielle, trahi lanation, » sacrifié ses intérêts à ceux de la maison d'Au» triche; favorisé les préparatifs des princes ré» belles; caché à la nation le concert des puis.. »sances dont elle étoit menacée, et cherché à lui » inspirer la plus dangereuse sécurité.... J'accuse » M. Bertrand d'avoir contribué à augmenter les. » désastres de la colonie de St.-Domingue, en se » refusant à l'exécution du décret que l'assem » blée nationale a rendu au mois de décembre » dernier ; je l'accuse d'avoir frauduleusement

caché à l'assemblée des pièces officielles impor > tantes, dans la crainte, sans doute, qu'elles ne » déterminassent la révocation du décret du 24 > septembre. >>

Je ne m'arrêterai pas à réfuter ici ces nouveaux chefs d'accusation, hasardés, contre moi sans la moindre preuve ; j'observerai seulement qu'ils n'avoient pas le moindre rapport au comité autrichien, que par conséquent il ne pouvoit jamais en résulter le plus léger indice sur son existence. Cette observation s'applique également à toutes les autres impostures alléguées dans ce rapport, qu'une partie de l'assemblée et les tribunes in terrompirent plusieurs fois par les cris: au fait! Ce ne sont là que des mots. Où sont done vos preuves?

Brissot, voulant sans doute éviter les mêmes interpellations, multiplia et généralisa si fort les idées qu'on devoit attacher aux mots comité autrichien, que tout acte quelconque qui n'étoit pas dans le sens de la révolution, pouvoit être attribué à ce comité. « Qu'entend-on, dit-il, par » comité autrichien? C'est une faction d'enne» mis de la liberté, qui, tantôt au nom du roi » qu'ils trompent, tantôt dirigeant son ministère, » ont constamment trahi le peuple et sacrifié » les intérêts de la nation à ceux d'une famille. » L'asservissement de ce comité à la maison » d'Autriche est son signe principal; et sous ce » rapport, il n'est qu'une branche du parti qui » domine la France. Les intrigues de ce parti » datent du funeste traité de 1756; traité que > nous devons à la perfidie du ministre Kaunitz... » C'est M. de Merci qui dirigeoit le cabinet de » France, lorsque le peuple a renversé la Bas» tille; c'est lui qui le dirige encore à présent. » Voilà ce qu'on a appelé le comité autrichien; » c'est en d'autres termes le conseil clandestin, » qui jusqu'ici a favorisé tous les projets des » ennemis extérieurs de la constitution. Voulez» vous connoître les traits caractéristiques de ce » comité ? les voici :

» 1. Dévouement absolu à ce qu'on appelle la » prérogative royale;

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