PRÉFACE << Les hommes pratiques se détournent des choses qui n'ont point d'avenir.» Ainsi s'exprimait, il y a un quart de siècle, un Anglais, homme pratique, connu pour la fermeté de son esprit positif et précis, non moins que pour l'étendue de ses connaissances juridiques, M. Frédérick Seebohm. Et comme preuve de son peu de goût pour les spéculations vaines et de sa prédilection pour les œuvres d'avenir, il écrivait, en faveur de l'arbitrage international, un volume qui reste une des études les plus sérieuses sur ce sujet. L'arbitrage était, en effet, dès cette époque, a suivant la belle expression de Charles Lucas, du nombre des idées qui s'avouent et des choses qui se font. On n'avait encore, il est vrai, vu résoudre par ce procédé ni le redoutable litige de l'Alabama, ni l'irritant conflit des Carolines. Mais une longue série de solutions amiables avait démontré déjà la valeur des moyens pacifiques et justifié la confiance croissante que mettaient en eux les ennemis de la guerre et de ses hasardeuses violences. La foule cependant ne croyait guère encore qu'à la force, et les gouvernements étaient de l'avis de la foule. On riait de la naïveté de ces honnêtes gens, que l'on appelait les disciples du bon abbé de Saint-Pierre. On traitait d'utopie et de rêve, généreux mais chimérique, toute conception d'un avenir meilleur et toute prétention de donner aux hommes plus de modération et plus de sagesse. Et, tout en applaudissant, de temps à autre, à quelques heureux cas de médiation ou d'arbitrage, on persistait à tourner en ridicule la candeur de ces agneaux qui prétendaient désarmer les lions et faire pénétrer dans les rapports des peuples un peu de ce sentiment supérieur du |