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Une véritable armée est un corps immense mis en mouvement par une seule tête. Il ne peut rien sans une subordination passive de grade en grade, depuis le soldat jusqu'au général. Guerriers, imitez le dévouement de d'Assas et le courage du brave Pie. Méritez les honneurs que la patrie réserve à ceux qui combattent pour elle, ils seront dignes d'elle, dignes de vous.

N'oubliez pas que c'est votre constitution qu'on attaque. On veut vous faire descendre du rang glorieux des peuples libres. Eh bien! braves guerriers, il faut que la constitution triomphe, ou que la nation française se couvre d'une honte ineffaçable. De toutes parts vos concitoyens se disposent à vous seconder. N'en doutez pas, il n'est aucun Français qui balance, il n'en est aucun qui, dans un jour de péril ou de gloire, s'expose à déshonorer sa vie par une lâche et honteuse inaction. Qu'il seroit malheureux celui qui ne pourroit pas dire un jour à ses enfans, à ses concitoyens : « Et moi aussi je combattois, quand notre liberté fut attaquée ; j'étois à la journée où les armes françaises triomphèrent de nos enneinis; j'ai défendu les remparts de la ville qu'ils attaquèrent en vain ; et mon sang a coulé tel jour pour la patrie, la liberté, l'égalité. »

Adresse aux Français.

Votre constitution repose sur les principes de la justice éternelle; une ligue de rois s'est formée pour la détruire, leurs bataillons s'avancent, ils sont nombreux, soumis à une discipline rigoureuse, et depuis long-temps exercés. dans l'art de la guerre. Ne sentez-vous pas une noble ardeur enflainier votre courage? souffrirez-vous que des hordes étrangères se répandent comme un torrent destructeur sur vos campagnes? qu'elles ravagent nos moissons ? qu'elles désolent notre patrie par l'incendie et le meurtre? en un

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mot, qu'elles vous accablent de chaînes teintes du sang de ce que vous avez de plus cher ?

Nos armées ne sont point encore portées au complet, une imprudente sécurité a modéré trop tôt les élans du patriotisme; les recrutemens ordonnés n'ont pas eu un succès aussi entier que vos représentans l'avoient espéré. Des troubles intérieurs augmentent la difficulté de notre positian, nos ennemis se livrent à de folles espérances qui sont pour vous un outrage.

Hâtez-vous, citoyens, sauvez la liberté et vengez votre gloire.

L'assemblée nationale déclare que la patrie est en danger. Cependant gardez-vous de croire que cette déclaration soit l'effet d'une terreur indigne d'elle et de vous; vous avez fait le serment de vivre libres ou de mourir. Elle sait que vous le tiendrez, et elle jure de vous en donner l'exemple; mais il ne s'agit pas de braver la mort, il faut vaincre : et vous le pouvez, si vous abjurez vos haines; si vous oubliez vos dissentions politiques; si vous vous ralliez tous à la cause commune; si vous surveillez avec une infatigable activité les ennemis du dedans; si vous prévenez tous les désordres et les violences individuelles qui les font naître ; si, assurant dans le royaume l'empire des lois, et répondant, par des mouvemens réglés, à la patrie qui vous appelle, vous volez sur les frontières et dans nos camps, avec le généreux enthousiasme de la liberté et le sentiment profond des devoirs des soldats citoyens.

Français, qui depuis quatre ans luttez contre le despotisme, nous vous avertissons de vos dangers, pour vous inviter aux efforts nécessaires pour les surmonter. Nous vous montrons le précipice; quelle gloire vous attend quand vous l'aurez franchi! Les nations vous contemplent; étonnez-les par le déploiement majestueux de vos forces et

d'un grand caractère; union, respect pour les lois, courage inébranlable, et bientôt la victoire couronnera de ses palmés l'autel de la liberté, et bientôt les peuples qu'on arme aujourd'hui contre votre constitution, ambitionne ront de s'unir à vous par les liens d'une douce fraternité; et bientôt.consolidant, par une paix glorieuse, les bases de" votre gouvernement, vous recueillerez enfin tous les fruits de la révolution, et vouz aurez préparé, par votre bonheur, celui de la postérité.

No. X.

Proclamation du roi, confirmant l'interdiction de Pétion et de Manuel.

Du 11 juillet 1792, l'an 4 de la liberté.

Vu par le roi l'arrêté du conseil du département, sur les évènemens du 20 juin 1792, en date du 6 juillet présent mois, dont la teneur suit:

Vu pareillement la loi du 27 mars 1791, concernant l'organisation des corps administratifs, qui porte, ar-` ticle IX, qu'aucun directoire de district, aucune municipalité ne pourront, sous peine de suspension, publier faire afficher, ou persister à faire exécutér un arrêté contraire à celui du département ou district, ou manquant à la subordination prescrite par la loi, à l'égard de l'administration supérieuré ;

Vu l'instruction sanctionnée du mois d'août 1790, qui autorise la suspension des officiers municipaux, dont l'activité ne pourroit être maintenue sans danger ;

Vu de plus l'arrêté du conseil-général de la commune de

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Paris, du samedi 15 juin, qui, « sur la demande de plusieurs citoyens de la section des Quinze-Vingts et des Gobelins, tendant à autoriser les citoyens des faubourgs SaintAntoine et Saint-Marcel, à se revêtir des habits qu'ils portoient en 1789, et de leurs armes le mercredi suivant, jour auquel ils se proposoient de présenter à l'assemblée nationale et au roi des pétitions relatives aux circonstances, et de planter l'arbre de la liberté sur la terrasse des Feuillans, en mémoire de la séance du jeu de paume; procureur de la commune entendu a passé à l'ordre du jour, motivé sur ce que la loi proscrit tout rassemblement armé, s'il ne fait partie de la force publique légalement requise, et a ordonné que cet arrêté seroit envoyé au directoire du département et au département de police, et qu'il en seroit donné communication au corps municipal;

le

»

Vu aussi l'arrêté du directoire du département du 19 juin, pris en présence du maire et après l'avoir entendu, <«< portant qu'instruit par des rapports multipliés, qu'il y a lieu de craindre que des malveillans ne veuillent former des rassemblemens armés, sous prétexte de présenter des péti-. tions; considérant que la loi interdit les réunions des citoyens armés sans réquisition préalable; que le code municipal de Paris, par une disposition rappelée dans l'arrêté de la municipalité du 11 février dernier, en permettant aux citoyens de se rassembler sans armes pour rédiger des adresses et des pétitions, y met la condition expresse de ne pouvoir députer que vingt citoyens pour les présenter; qu'un rassemblement illégal et propre à. troubler la tranquillité publique, après le refus motivė du conseil général d'y acquiescer, seroit un outrage au pouvoir municipal, et une pétition armée, une offense à la majesté des représentans du peuple, ordonne que le maire, la municipalité et le commandant-général seront

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prévenus de prendre sans délai toutes les mesures qui sont à leur disposition, pour empêcher tous rassemblemens qui pourroient blesser la loi, et de faire toutes les dispositions de force publique nécessaires pour contenir et réprimer les perturbateurs du repos public; ">

par

Vu encore la lettre adressée le même jour, à minuit, le maire de Paris et les administrateurs de la police, au directoire du département, par laquelle ils proposent « de rendre légal l'attroupement, en autorisant des bataillons à marcher et à réunir sous leurs drapeaux et sous le commandement de leurs chefs, les citoyens armés de toutes

armes; »

Ensemble la réponse du directoire

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qui déclare qu'il ne peut composer avec la loi qu'il a fait serment d'exé

cuter; »

Une seconde lettre du maire de Paris, qui insiste sur le même objet ;

Un post-scriptum à la suite de la lettre du département, en date du 20 juin, cinq heures du matin, « par lequel le département persiste dans sa résolution; »

Vu aussi l'arrêté du corps municipal dudit jour 20 juin, qui, « sur l'exposé fait par le maire, que les citoyens se réunissoient en armes dans le faubourg Saint-Antoine, et qu'ils se disposoient à se transporter de suite à l'assemblée nationale et chez le roi, le procureur de la commune entendu, charge le chef de légion, commandant-général de la garde nationale, de donner à l'instant l'ordre de rassembler sous les drapeaux les citoyens de tous uniformes et de toutes armes, lesquels inarcheroient ainsi réunis sous le commandement des officiers de bataillon; >>

Vu enfin le compte rendu par le maire de Paris, au conseil-général de la commune, dans la séance du 23 juin, imprimé par ordre du conseil-général, et dans lequel le

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