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de vigueur que de patriotisme. Par-tout on fomente la discorde, le fanatisine triomphe; au lieu de prendre une direction ferme et patriotique qui le sauve de la tourmente, le gouvernement se laisse emporter par les vents orageux qui l'agitent, sa mobilité inspire du mépris aux puissances étrangères; l'audace de celles qui vomissent contre nous des armées et des fers, refroidit la bienveillance des peuples qui font des voeux secrets pour le triomphe de la liberté. Les cohortes ennemies s'ébranlent, et peut-être que dans leur insultante présomption, elles se partagent déjà notre territoire, et nous écrasent de tout l'orgueil d'un tyran vainqueur et implacable. Nous sommes divisés au-dedans, l'intrigue et la perfidie trament des trahisons, le corps législatif oppose aux complots des décrets rigoureux, mais nécessaires : une main toute-puissante les déchire. Pour nous défendre au-dehors, nos armées sont-elles assez fortes, assez disciplinées, assez perfectionnées dans cette tactique, qui plus que la bravoure décide de la victoire ? Nos fortunes, nos vies, la liberté, sont menacées; l'anarchie s'approche avec tous les fléaux qui désorganisent les corps politiques; le despotisme seul, soulevant sa tête long-temps humiliée, jouit de nos misères, et attend sa proie pour la dévorer. Appelez, il en est temps, appelez tous les Français pour sauver la patrie; montrez-leur le gouffre dans toute son immensité. Ce n'est que par un effort extraordinaire qu'ils pourront le franchir; c'est à vous de les y préparer par un mouvement électrique, qui fasse prendre l'élan à tout l'empire.

Et ici je vous dirai qu'il existera toujours pour vous un dernier moyen de porter la haine du despotisme à son plus haut degré de fermentation, et de donner au courage l'exaltation qui ne permet plus d'incertitude dans nos succès.

Ce moyen est digne de l'auguste mission que vous remplissez, du peuple généreux que vous représentez ; il pourra même acquérir quelque célébrité à ce nom, et vous méritez de vivre dans la mémoire des hommes. Ce sera d'imiter les braves Spartiates qui s'immolèrent aux Thermopyles; ces vieillards vénérables, qui sortant du sénat romain, allèrent attendre sur le seuil de leurs portes, la mort, que des vainqueurs farouches fesoient marcher devant eux. Non, vous n'aurez pas besoin de faire des voeux pour qu'il naisse des vengeurs de vos cendres. Ah! le jour où votre sang rougira la terre, la tyrannie, son orgueil, ses protecteurs, ses palais, ses satellites s'évanouiront à jamais devant la toute-puissance nationale; et si la douleur de n'avoir pu rendre votre patrie heureuse empoisonne vos derniers instans, vous emporterez du moins la consolation que votre inort précipitera la ruine des oppresseurs du peuple, et que votre dévouement aura sauvé la liberté.

Je propose de décréter,

1°. Que la patrie est en danger;

2°. Que les ministres sont responsables des troubles intérieurs qui auroient la religion pour prétexte;

3o. De toute invasion de notre territoire, faute de pré-. caution pour remplacer à temps le camp dont vous aviez

décrété la formation.

les

Je propose ensuite un message au roi, une adresse aux Français, pour les inviter à prendre les mesures que circonstances rendent indispensables.

Je propose en quatrième lieu, que le 16 juillet, vous alliez en corps à la fédération, renouveler le serment du 14 juillet.

Je propose, enfin , que la copie du message au roi, l'adresse aux Français et le décret que vous rendrez à la suite

de cette discussion, soient portés dans les départemens par des courriers extraordinaires.

Je demande sur-tout un prompt rapport sur la conduite du général Lafayette.

No. VI.

Notification du roi des Français aux puissances de l'Europe.

Le roi des Français étant informé que l'on continue à s'appuyer de son nom pour proposer des négociations auprès des cours étrangères, faire des emprunts, et se permettre même des levées de forces militaires ; voulant itérativement consacrer d'une manière solemnelle son attacheinent à la constitution qu'il a librement acceptée, et qu'il a juré de défendre, désavoue toutes déclarations, protestations, négociations auprès des cours étrangères, emprunts, levées de forces militaires, achats d'arines, de munitions de guerre et autres, généralement tous actes publics et privés faits en son nom par Louis-StanislasXavier, Charles-Philippe, Louis-Joseph, Louis-Henri, Joseph et Louis-Antoine-Henri, princes français, et par les autres émigrés, rebelles aux lois de leur pays; déclare que ses intérêts et ceux du peuple, dont il est représentant héréditaire, sont à jamais indivisibles; que le gouvernement dont l'action lui est confiée, sera maintenu par lui dans toute sa pureté.

Ferme dans cette résolution, le roi des Français charge son ministre des affaires étrangères de notifier à toutes les puissances, que, tout entier à la cause du peuple français, il fera usage de toutes les forces que la constitution a mises

dans ses mains contre les ennemis de la France, quelque prétexte qu'ils emploient pour tolérer les rassemblemens armés des émigrés, ou pour les soutenir dans leurs démarches hostiles.、

Signé LOUI S.

No. VII.

Arrêté du conseil du département sur les événemens du 20 juin 1792.

Le conseil du département extraordinairement assemblé, relativement aux événemens du 20 juin dernier, et pour s'occuper des moyens de rétablir l'ordre, s'est fait représenter toutes les pièces de la correspondance tenue dans cette circonstance, entre le directoire du département et la municipalité de Paris, ainsi que les différens rapports et procès-verbaux qui ont été adressés au directoire, et tous les renseignemens y relatifs.

Il a reconnu par l'examen de toutes ces pièces,

Que sur la demande faite au conseil-général de la commune, le 16 juin, d'autoriser les citoyens des faubourgs St.-Antoine et St.-Marcel, à se réunir en armes, le mercredi 20, pour aller présenter à l'assemblée nationale et au roi, des pétitions relatives aux circonstances, le conseil-général de la commune a passé à l'ordre du jour, motivé sur ce que la loi proscrit tout rassemblement armé, s'il ne fait partie de la force publique légalement requise, et qu'il a ordonné que son arrêté seroit envoyé au directoire du département, et au département de police, et communiqué au corps municipal ;

Que le maire de Paris avoit été instruit, au moins dès

cette époque, que Paris étoit menacé d'un rassemblement ariné pour la journée du 20, puisque les particuliers se disant citoyens des faubourgs St.-Antoine et St.-Marcel, dont la demande étoit rejetée par le conseil-général de la commune, avoient déclaré hautement que nonobstant ce refus, on ne laisseroit pas de se rassembler en armes ;

Que leanaire de Paris n'a donné au directoire du dépar tement, aucune connoissance du rassemblement qui se projettoit, et ne lui a adressé, que par sa lettre du 18, l'arrêté pris par le conseil-général de la commune, le 16;

Que le corps municipal s'étant assemblé le 18, le maire de Paris ne lui a donné non plus aucune connoissance du projet de rassemblement, ni même communiqué l'arrêté du conseil-général de la cominune;

Que le 19, le directoire a pris un arrêté, portant que le maire et la municipalité et le commandant-général seroient prévenus de prendre sans délai toutes les mesures qui étoient à leur disposition, pour empêcher tous rassemblemens qui pourroient blesser la loi, et de faire toutes les dispositions de force publique nécessaires pour contenir et réprimer les perturbateurs du repos public;...

Que cet arrêté a été pris sur les trois heures après midi en présence du maire et d'officiers municipaux, adminis trateurs de la police, que le directoire avoit appelés dès le inatin, pour concerter les moyens de prévenir le rassemblement ou de l'arrêter dès son origine;

Que le maire de Paris, instruit dès-lors de la résolution du directoire, n'a point donné au cominandant-général les ordres nécessaires d'après cette résolution;

او

Qu'à minuit, le maire de Paris et les administrateurs de la police ont adressé au directoire une lettre, par laquelle, au lieu d'exécuter la loi et de se conformer à l'arrêté du directoire, ils proposoient de légaliser l'attroupement, en,

VIII.

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