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» fisans? Faut-il en employer d'extraordi »naires? Quels sont-ils ? » (1)

Le seul tort que Louis XVI put avoir alors aux yeux des factieux, étoit donc de conserver le titre de roi sous un gouvernement qui n'étoit plus mo narchique, et de rester fidèle à une constitution dont ils ne vouloient plus. Ils accusoient, ils insultoient, ils avilissoient sa majesté, pour colorer de quelque prétexte, de quelque apparence de justice, leurs complots exécrables, pour en accélérer l'exécution et pour en assurer le succès en y associant le peuple. Leurs manoeuvres, que j'observois avec toute la vigilance possible, devenoient de jour en jour plus alarmantes. Je fus informé qu'il s'étoit tenu à Charenton un conciliabule composé des plus ardens révolutionnaires de l'assemblée et des jacobins; que l'époque de

(1) La commission répondit, dès le lendemain, aux deux dernières questions, en proposant à l'assemblée de mettre à la réquisition des généraux tous les gardes nationaux du royaume, à raison d'un nombre égal au sixième des citoyens actifs dans chaque département, et cette proposition fut décrétée. Quelques membres du côté gauche insistoient pour que la discussion fût ouverte sur-le-champ sur la question de savoir si le roi avoit encouru la dėchéance; mais le rapporteur fit sentir le danger qu'il y auroit de mettre trop de précipitation dans l'examen des mesures que commandoit la crainte raisonnée des trahisons, et l'assemblée passà à l'ordre du jour,

l'insurrection projetée pour le 29 juillet, et qui n'avoit pas encore pu avoir lieu, avoit été définitivement fixée au 9 ou 10 d'août; qu'après avoir saccagé le château et forcé le roi de se réfugier à l'assemblée, le peuple s'y porteroit en masse pour demander la déchéance sur un ton assez menaçant pour que l'assemblée n'ôsât pas refuser de la prononcer.

conçu

Les chefs du parti de la Gironde qui avoient dirigé ce plan, n'avoient point alors le projet d'abandonner entièrement la constitution; ils vouloient seulement que la déchéance du roi fût prononcée pour faire passer passer la couronne à son fils, et établir un conseil de régence qu'ils auroient composé de leurs créatures, s'ils n'avoient pas pu s'y placer eux-mêmes, et sur lequel ils auroient eu, dans tous les cas, assez d'influence pour être assurés d'en obtenir tout l'argent et tous les emplois qu'ils auroient demandés; mais comme il étoit bien plus aisé d'exciter une insurrection violente, que de la modérer à volonté, et d'en obtenir précisément tels ou tels résultats, ils n'auroient pas hésité à abandonner ce plan, si le roi avoit voulu consentir à rappeler au ministère trois hommes qui leur étoient trop servilement dévoués pour oser leur rien refuser. Ce motif avoit dicté la lettre qu'ils adressèrent à S. M., et leur démarche auprès de M. de Malesherbes.

Le refus du roi ayant fait échouer ce projet, les

Girondistes formèrent celui de s'arroger indirectement la nomination des ministres, en aggravant arbitrairement leur responsabilité, et en larendant solidaire et illimitée. Ils proposèrent en conséquence le décret suivant, que l'assemblée adopta à une très-grande majorité, après une longue dis

cussion:

« L'assemblée nationale considérant que le » plus sacré de ses devoirs, est de déployer tous » les moyens que la constitution met à sa disposi» tion, pour prévenir et faire promptement cesser » le danger de la patrie; considérant que rien ne » peut contribuer plus efficacement à remplir » cet objet important, que de donner à la res»ponsabilité des ministres et conseillers publics » ou secrets du pouvoir exécutif, toute la latitude » que le salut de l'état exige dans de telles cir» constances; déclare que quand le corps législa» tif a proclamé, dans les formes prescrites par » le décret du 5 de ce mois, que la patrie est en » danger, indépendamment des cas où la respon»sabilité peut être exercée contre les agens du » pouvoir exécutif, tous les ministres sont soli» dairement responsables, soit des actes délibérés » au conseil, relatifs à la sûreté intérieure et ex» térieure de l'état, qui auroient occasionné le » danger, soit de la négligence des mesures qui » auroient dû être prises pour en arrêter les pro» grès. Laquelle responsabilité solidaire aura lieu

» également contre tous les ministres, après la » proclamation et tant qu'elle ne sera pas révo» quée. Déclare pareillement, que dans le cas de > ladite proclamation, les conseils du roi, quels » qu'ils soient, sont personnellement respon»sables des malheurs présens et de tous ceux » qui peuvent s'ensuivre. »

Malgré ce décret, le roi trouva encore parmi les honnêtes gens, des hommes assez courageux, assez dévoués à sa personne, pour accepter les places vacantes dans le ministère; mais dans ce moment affreux, de quelle utilité les ministres les plus fidèles et les plus habiles pouvoient-ils être à sa majesté? Hélas! ils n'avoient plus qu'un seul service à lui rendre, celui de le déterminer, par leurs conseils, à s'éloigner de Paris!

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NOTE 1ere.

Sur le parti que le roi auroit dû prendre à l'occasion du décret qui prononçoit le licenciement de sa garde.

SUR le refus des ministres de contresigner la lettre par laquelle le roi annonçoit son refus de sanctionner le dé cret qui prononçoit le licenciement de sa garde constitutionnelle, j'aurois proposé à sa majesté de se rendre à l'assemblée, accompagnée des six principaux officiers de sa garde, et de cent gardes à cheval qui se seroient tenus à l'entrée de la salle, vers la porte des Feuillans, et dans la place Vendôme, tandis que le reste de la garde à cheval se seroit rendu par le quai, à la place de Louis XV, et la garde à pied sur la terrasse des Feuillans, et dans le jardin des Tuileries; de ne faire annoncer son arrivée à l'assemblée qu'un quart-d'heure d'avance, afin qu'on eût le temps de préparer son fauteuil; d'aller prendre sa place auprès du président, comme à l'ordinaire, et d'y prononcer un discours conçu à-peu-près dans ces termes :

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Messieurs, nous avons tous fait serment à la consti»tution; le vôtre vous défend d'y contrevenir; le mien m'oblige à employer, pour en maintenir l'exécution, » toute la puissance qui m'est déléguée ; je viens remplir » ce devoir; je viens vous dénoncer à vous-mêmes le » décret par lequel vous avez prononcé le licenciement » de ma garde, sur des dénonciations qui, quelque graves,

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