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été déplacée,

législatif, attentatoires à la constitution, et dangereux pour la sûreté publique. Cette longue discussion n'eût pas si l'existence de ce comité autrichien et ses prétendus complots eussent été constatés, parce que la sûreté de l'état eût réellement été compromise; mais elle ne pouvoit certainement pas l'être par une supposition aussi absurde qu'atroce, hasardée par quelques journalistes, ou par quelques orateurs de clubs à l'instigation de la faction qui les salarioit, et qui avoit imaginé cette calomnie, comme un moyen révolutionnaire d'un grand effet contre le roi et contre toutes les personnes qui lui étoient dévouées. Les individus désignés à la fureur du peuple, comme membres de ce comité, ou compris à ce titre dans une liste de proscription, avoient incontestablement le droit de poursuivre leurs calomniateurs devant les tribunaux ordinaires, car c'étoit le seul moyen qu'ils eussent de se soustraire à l'assassinat. S'ils se fussent pourvus devant l'assemblée, comme faussement accusés de menacer la sûreté de l'état, elle leur auroit répondu, avec raison, que toute plainte particulière en calomnie, étoit hors de sa compétence; qu'elle ne pourroit prendre connoissance de celle qu'ils lui adressoient, qu'autant que la réalité du comité autrichien et de ses complots, seroit constatée par des preuves suffisantes. Or, voici à quoi se réduisoient celles que Gensonné

présenta dans la seconde partie de son rapport.

» Si une conviction morale pouvoit suffire, » dit-il, je ne crois pas qu'il y ait un seul homme » en France, qui, connoissant la profonde cor»ruption de la cour, et la conduite qu'elle a » tenue depuis l'époque de la révolution, puisse » conserver le moindre doute sur l'existence » de ce comité....... N'est-ce pas à l'influence de » ce directoire secret, qu'on est forcé d'attribuer » les ménagemens qu'on a toujours eus pour les » révoltés, et les faveurs qu'ont obtenues ceux » qui se sont montrés les ennemis les plus ardens » de la liberté publique ? Comment expliquer au» trement la bizarrerie de notre situation politi» que? Comment croire qu'une coalition de puis»sances étrangères, formée dans le principe » en faveur du roi des Français, existât encore » aujourd'hui, si ce directoire n'avoit pas fait » naître des doutes sur ses véritables intentions? » Comment pourroit-on enfin, sans cette suppo» sition, se rendre compte de la guerre actuelle, » des motifs qui l'ont déterminée, de l'obstina» tion des révoltés et de l'insolence des contre» révolutionnaires ? C'est déjà beaucoup, qu'in» dépendamment de tous les faits particuliers » qui attestent l'existence de ce comité, les cir» constances générales, notre situation politique, » la nature et la force des choses établissent sur

» ce fait une conviction morale (1).... Mais en » s'attachant à des faits particuliers, prouvés par » des dénonciations écrites, par des notes indi» catives de témoins que vous pourrez entendre » à la barre, par des dénonciations reçues, soit » par des juges de paix, soit par des municipa-: »lités, ou par des directoires de district et des » département, et déposées au comité de sur»veillance, on voit que des ci-devant privilé » giés, arrivés à Paris depuis peu, et dont le » départ paroît concerté, ont annoncé dans leurs » départemens qu'ils partoient pour soutenir l'au«< » torité du roi, enlever sa majesté, si cela de> venoit nécessaire, et dissoudre l'assemblée na» tionale. Ce rassemblement nombreux, à la » même époque, ne peut être que l'effet d'une » invitation faite dans plusieurs départemens; » car quel que soit le vertige qui s'est emparé » de l'esprit des contre - révolutionnaires, il est » difficile de concevoir comment cette épidémie » auroit été si générale, si une coalition puis»sante ne leur eût promis des secours, et si le » nom des personnes qui la composent n'eût » rendu probables les contes qu'on leur a faits » sur les dispositions personnelles du roi. Il ré-' »sulte aussi de ces pièces, qu'il se fait habituelle

(1) Quelle conviction peut-il résulter d'une simple supposition fondée sur des conjectures aussi vagues?

» ment des rassemblemens nombreux de ces ci» devant priviligiés avec les gens de la cour, à St.» Denis, à Auteuil, à Bagatelle; et dans la liste » qu'on a donnée des affiliés de ces concilia» bules (1), on cite presque toujours MM. Ber»trand et Montmorin........ Plusieurs dénoncia» tions vous fixeront aussi sur les manoeuvres » qu'on a employées dans la composition de la » garde du roi, pour en écarter les hommes: » que leur patriotisme a rendus suspects, et pour » ébranler leur fidélité envers la nation fran » çaise..... Je vous rappèlerai cette entreprise si » coûteuse de faux assignats à Passy, qui par l'é» 'normité des fonds d'avance qu'elle exigeoit, ne » permet pas de douter qu'elle ne fût soutenue

(1) Ces rassemblemens nombreux, ces conciliabules imaginaires, étoient-ils le comité autrichien? Et si leur existence étoit prouvée par des dépositions dignes de foi, pourquoi l'orateur, qui avoit à sa disposition toutes les pièces déposées au comité de surveillance, ne lut-il pas à l'assemblée, comme il l'auroit dû, celles qui constatoient ce fait ? C'est que ces prétendues dépositions ou notes écrites n'étoient, relativement à cette assertion, que des extraits de journaux accoutumés à publier chaque jour les impostures les plus grossières, et qui parloient effrontément de mes voyages à Auteuil, à Saint-Denis ou à Bagatelle, quoiqu'il soit constant et très-facile à prouver que je ne suis pas sorti de Paris une seule fois depuis ma retraite du ministère, jusqu'au 12 d'octobre suivant.

» par de grands moyens et par une coalition

très-puissante..... Comment pourroit-on douter » de l'influence que cette cabale a su conserver » à la cour, lorsqu'on voit attachées au service. » du château, des personnes dont les plus pro»ches parens servent actuellement à Coblentz?..... » J'ajouterai, qu'on a la preuve de distributions » d'argent pour soudoyer des calomniateurs à » gages, pour avilir la législature, paralyser » l'action du gouvernement dans toutes les par-. »ties, exciter des troubles, etc. etc..... Si je vou» lois une dernière preuve de l'existence de cette » conspiration, de ce comité autrichien, je la. » trouverois dans la démarche combinée des ex» ministres Bertrand et Montmorin, et du juge » de paix Larivière, dans l'imprudence de leur » dénonciation, et dans l'approbation indirecte, » qu'ils ont eu l'atroce perfidie de solliciter du » roi..... C'est à nous à surveiller les coupables » menées dont la trahison nous entoure. Pre» nons tous l'engagement de nous dévouer à sa » recherche, d'y consacrer tous nos efforts, toute » notre énergie, et de poursuivre les conspirateurs » jusqu'à extinction de puissance. Je vous dé» nonce l'ex-ministre Montmorin et l'ex-mi»nistre Bertrand, ou plutôt ce sont eux qui se » sont dénoncés eux-mêmes. Je demande contre le » premier un décret d'accusation, et que vous vous » fassiez rendre compte de la conduite de l'autre

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