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» l'empire, dit-il, il faut étouffer toutes les se » mences de division et de discorde prêtes à écla-»ter dans la capitale, par une suite de l'affaire » du maire. Il convient que le corps législatif se » réunisse au roi, pour, de concert avec lui, pro» noncer l'oubli formel de ce qui s'est passé dans » la journée du 20 juin. L'union du corps législa»tif avec le roi est un des plus puissans moyens » de résister à l'ennemi....... Abjurez les haines, » les ressentimens, les méfiances réciproques, et » au lieu de déclarer que la patrie est en danger, » vous pourrez proclamer qu'elle est sauvée. » L'assemblée ordonna l'impression de ce discours et du projet de décret qui le terminoit.

Cet avis étoit trop analogue au caractère de bonté et d'extrême indulgence du roi, pour qu'il ne l'eût pas adopté avec empressement, si ce n'eût pas été livrer à l'animadversion du peuple et à sa vengeance le directoire du département, dont le zèle, la fidélité et la conduite, aussi régulière que courageuse, méritoient approbation et protection. En vain sa majesté voulut s'abstenir de prononcer sur cette affaire: l'assemblée l'y força et ne voulut même pas lui donner le temps d'entendre ce que Pétion et Manuel pouvoient avoir à dire pour leur défense (1).

(1) Les pièces relatives à cette affaire furent remises au ministre de la justice, le 10 juillet, à dix heures du soir.

· Pendant le conseil délibéroit sur cette

que

affaire, et le corps législatif sur l'acte qui déclaroit la patrie en danger en danger (1), les clubs et les séc

Il en instruisit l'assemblée le lendemain matin, et l'informa qu'il avoit invité Pétion et Manuel à lui donner par écrit ou de vive voix les éclaircissemens qu'ils croiroient utiles à leur défense. Mais une lettre de Pétion qui fut lue immédiatement après celle du ministre, 'fit' considérer cette invitation comme une manoeuvre employée pour prolonger sa suspension par de nouveaux délais; après quelques débats, il fut décrété que le pouvoir exécutif seroit tenu de prononcer sur l'arrêté du département, et de faire parvenir sa décision au corps législatif, le lendemain avant midi, ou lui feroit remettre à la même heure toutes les pièces relatives à cette affaire.

(1) Cet acte, décrété après un long rapport fait par M. Hérault de Séchelles, étoit conçu en ces termes :

« Des troupes nombreuses s'avancent vers nos fron» tières; tous ceux qui ont en horreur la liberté, s'arment >> contre notre constitution.

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Citoyens, la patrie est en danger.

Que ceux qui vont obtenir l'honneur de marcher les premiers pour défendre ce qu'ils ont de plus cher, se » souviennent toujours qu'ils sont Français et libres; que » leurs concitoyens maintiennent dans leurs foyers la sû» reté des personnes et des propriétés; que les magistrats » du peuple veillent attentivement; que tous dans un conrage calme, attribut de la véritable force, attendent pour. agir le signal de la loi, et la patrie sera sauvée. »

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L'assemblée décréta en même-temps une adresse aux citoyens et une autre à l'armée. Pièces justificatives, no. IX.

VIII.

19

pour

tions de la capitale ne s'occupoient que de la suspension du maire et du procureur-syndic, et envoyoient à chaque instant des députations à l'assemblée demander la prompte réintégration de Pétion, dont l'inaction étoit représentée comme une véritable calamité publique ; mais l'alarme fut à son comble quand on apprit que deux juges de paix avoient décerné un mandat d'amener contre lui et contre Manuel. Bazire en conclut que les dangers de la patrie étoient si grands, que l'assemblée ne devoit pas hésiter à se déclarer permanente. Un autre membre du côté gauche avança effrontément, à l'appui de cette motion, qu'il venoit d'apprendre que trente mandats d'arrêt étoient prêts à être décernés contre des députés au corps législatif, et cette imposture détermina l'assemblée à décréter que sa séance continueroit pendant la nuit. Pour compléter cette farce, on introduisit à la barre vingt citoyens du faubourg St.-Marcel, qui s'y présentèrent uniquement pour annoncer à l'assemblée qu'ils venoient de la mairie, où un officier municipal leur avoit dit que Pétion étoit dans son lit, ety goûtoit un sommeil paisible et tranquille; mais que les habitans des faubourgs et tous les bons patriotes seroient toujours éveillés quand il s'agiroit de la conservation de leur vertueux maire.

Ce n'étoit pas sans motif que les factieux employoient tous les moyens possibles pour exalter

l'enthousiasme du peuple en faveur de Pétion ; ils s'assuroient par là, de sa fidélité, et ils renforçoient leur parti de tous les séditieux qu'ils rallioient au sien. Ils avoient besoin aussi de le faire idolâtrer pour rendre plus énergique le ressentiment de ses stupides adorateurs, et le faire tourner contre le roi, si l'arrêté du département étoit confirmé comme on s'y attendoit.

CHAPITRE XXVI.

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Adresse séditieuse du conseil-général de la commune de Marseille. Le roi confirme l'interdiction prononcée par le directoire du département contre Pétion et Manuel; Pétion paroît à la barre, plaide sa cause, et accuse le directoire du département; il attaque la proclamation du roi, obtient de grands applaudissemens et les honneurs de la séance. Réquisitoire de Roederer, procureur-syndic du département, en faveur de Pétion; son interdiction est levée l'assemblée. par Tous les membres du directoire du département, à l'exception de Roederer, donnent leur démission. Projet d'assassiner la reine. Mesures secrètes pour la défense du château. M. de Monciel est adjoint à nos comités; M. de Montmorin propose d'y admettre Adrien Duport. Détails sur la fête de la fédération. Suite de ma correspondance avec Mallet-du-Pan. - Nouvelle insurrection projetée par les jacobins. — Anecdote de la fausse Sentinelle. Nouveau plan d'évasion proposé au roi.

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G

Il ne restoit déjà plus dans la capitale aucune trace de l'indignation violente que les attentats du 20 juin y avoient excitée. Les jacobins étoient tellement parvenus à les populariser, que les poursuites judiciaires commencées à cette occasion, étoient dénoncées comme des manoeuvres

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