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CHAPITRE XX V.

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le roi de Prusse. par

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Pétition des vingt mille. Animadversion des jacobins contre le ministre de l'intérieur.- Evacuation d'Ypres, Menin et Courtrai. Dénonciations contre les ministres, contre l'état-major de la garde nationale parisienne. — L'assemblée détermine les formes qui doivent être suivies pour déclarer la patrie en danger. Message du roi à l'occasion de la fédération, Proc'aination par laquelle sa majesté désavoue les levées de troupes et les emprunts faits en son noin par les princes, ses frères. Message du roi relativement aux'intentions hostiles manifestées Enthousiasme et serment unanime de l'assemblée contre le systême républicain et contre celui des deux chambres; les députés de tous les partis se mêlent et s'embrassent. -Le directoire du département adresse au roi l'arrêté par lequel il a interdit provisoirement le maire et le procureur de la commune. Brissot fait un rapport sur les dangers de la patrie, et les impute au roi. Motions à l'occasion de la suspension de Pétion. Les ministres entrent à l'assemblée, font chacun leur rapport sur la situation de leur département, et annoncent qu'ils ont tous donné leur démission. L'assemblée déclare la patrie en danger.

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La chaleur des débats de l'assemblée, et la violence des motions qui se renouveloient chaque jour au club des jacobins, n'étoient pas dans ce

moment les seules causes de la fermentation qui régnoit à Paris, elle étoit aussi entretenue par les mouvemens que se donnoient les royalistes unis aux constitutionnels, pour multiplier les signatures au bas d'une pétition, dont l'objet étoit de dénoncer à l'assemblée les attentats du 20 juin, comme l'effet d'une conspiration contre les pouvoirs établis par la constitution, ou plutôt contre la constitution elle-même, et d'en demander une vengeance assez éclatante pour laver la nation de l'opprobre que ces attentats lui imprimeroient s'ils restoient impunis.

Cette pétition, qu'on annonçoit être revêtue de vingt mille signatures (1), fut lue à la barre de l'assemblée, dans la séance du 1. juillet. Les reproches qu'elle contenoit contre la municipalité et contre le commandant-général de la garde nationale, dont les pétitionnaires demandoient formellement la destitution, excitèrent de longs murmures dans le côté gauche de la salle, et de violentes clameurs dans les tribunes. Mais le respect qu'imprima le volume énorme de signatures, annexé à cette pétition, détermina l'assemblée à en faire continuer la lecture, et à accorder les

(1) Quelques journalistes publièrent que, vérification faite du nombre des signatures, il ne s'en étoit trouvé que sept mille quatre cent onze; mais on ne continua pas moins d'appeler cette pétition la pétition des vingt mille.

honneurs de la séance à la députation qui étoit venue la présenter.

Cette pétition, dont les conclusions étoient répétées dans les nombreuses adresses qui arrivoient. chaque jour des différentes provinces, redoubla l'animosité des factieux contre le ministre de l'intérieur, à qui ils reprochoient d'avoir provoqué ces réclamations, par la proclamation du roi qu'il avoit rédigée, et contre le département de la Somme qu'ils accusoient d'avoir donné le signal à tous ces actes contre- révolutionnaires, par son arrêté sur les évènemens du 20 juin. Ils firent décréter, en conséquence, que le ministre viendroit rendre compte à l'assemblée des mesures que le pouvoir exécutif avoit dû prendre, relativement au département de la Somme, conformément à la loi du 29 septembre, qui défendoit aux administrateurs de département d'envoyer et d'entretenir. des agens auprès du corps législatif et du roi. En exécution de ce décret, M. de Monciel se rendit à l'assemblée, le lendemain ( 2 juillet), et exposa que, malgré la loi du 29 septembre 1791, les directoires d'administration avoient continué d'envoyer des députés à Paris; que M. Roland, son prédécesseur, avoit dénoncé à l'assemblée qu'il y en avoit plus de trois cents à la suite du pouvoir législatif ou du pouvoir exécutif, et avoit sollicité une décision qui forcât ces administrateurs à retourner et à rester à leur poste; que sa demande, con

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vertie en motion, avoit été renvoyée au comité de législation qui n'en avoit pas encore fait son rapport. Que quant au département de la Somme, il avoit pris un second arrêté, le 28 juin, par lequel il rappeloit les députés qu'il avoit envoyés à Paris; qu'ainsi il avoit réformé lui-même ce que son premier arrêté pouvoit avoir d'irrégulier.

La conduite du ministre étant pleinement justifiée par cette réponse, on lui suscita sur-le-champ une nouvelle querelle. On dénonça une édition de l'arrêté du département de la Somme, faite à l'imprimerie royale; et comme cette imprimerie étoit dans le département du ministre de l'intérieur, on demanda qu'il fût interpellé de déclarer par quels ordres cette édition criminelle avoit été imprimée. Il répondit froidement à cette interpellation, que la loi qui avoit décrété la liberté de la presse, étant générale, l'imprimerie royale qui n'en étoit point exceptée, avoit eu, comme toutes les autres, le droit d'imprimer cet arrêté, sans avoir besoin d'aucun ordre. « Ce n'est pas là répondre à la » question qu'on vous fait, lui crièrent plusieurs >> voix; on vous demande par quels ordres l'arrêté » du département de la Somme a été imprimé en » seconde édition à l'imprimerie royale? » Cette interpellation lui ayant été faite par le président, il répondit qu'il ne se rappeloit pas bien positivement s'il avoit été donné des ordres particuliers pour l'impression de cet arrêté. Cette réponse et

le froid du ministre ne firent qu'augmenter sang l'arrogante pétulence de ses accusateurs. Ils demandèrent impudemment que, pour dévoiler la fausseté de sa déclaration, le directeur de l'imprimerie royale fût mandé sur-le-champ à la barre, et cette motion fut décrétée. En attendant qu'il arrivât, M. de Monciel fut attaqué par une nouvelle dénonciation. Un des membres du côté gauche prétendit avoir connoissance qu'un dépar tement voisin avoit reçu officiellement l'arrêté du département de la Somme; l'avoit fait réimprimer, et en avoit pris sur-le-champ un pareil. Sur cet exposé, le président fut chargé de demander au ministre s'il avoit envoyé cet arrêté aux quatrevingt-trois départemens, ou à quelques-uns.

Cette série de questions, et l'ardeur avec laquelle on pressoit le ministre d'y répondre, lui fesant soupçonner qu'on ne cherchoit qu'à le prendre par ses paroles, il demanda la permission de ne répondre que par écrit, et après avoir vérifié dans ses bureaux ce qui avoit été fait relativement au département de la Somme.-Répondez par oui ou par non, lai répétèrent brutalement plusieurs membres du côté gauche, et l'assemblée lui en donna l'ordre par un décret ; mais il observa que, n'ayant pas cet objet présent à la mémoire, n'étoit pas plus assuré du oui que du non, et ne pourroit par conséquent répondre l'un ou l'autre, qu'après avoir consulté sa correspondance avec le

VIII.

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il

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