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» que plusieurs citoyens se sont transportés dans « les appartemens du roi. Ces citoyens, cou

pables, sans doute, n'ont insulté personne; ils » ont prouvé qu'ils n'avoient aucun dessein de » commettre des excès; car ils étoient en si » grand nombre, que la force publique n'auroit » pu prévenir ceux qu'ils auroient voulu se per» mettre. Je m'y suis transporté pour faire éva>> cuer les appartemens. Le roi n'a eu aucune»ment à se plaindre des citoyens qui ont défilé » devant lui; il s'en est exprimé ainsi avec les députés et les magistrats. Tout est actuelle» ment rentré dans le calme, j'espère que tout y » restera, etc. etc. »

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Je ne m'arrêterai pas à relever les mensonges grossiers et mal-adroits entassés dans ce récit; il m'a paru suffisant de les indiquer en les rapportant en lettres italiques; mais il n'est pas indifférent de remarquer l'aveu important échappé à Pétion. Il reconnoît dans les termes les plus formels que les brigands, qu'il lui plaît de décorer du titre de citoyens, étoient en si grand nombre, que la force publique n'auroit pu prévenir les excès qu'ils auroient voulu se permettre. Elle auroit pu du moins prévenir leur atroupement avant qu'il fût formé, si la municipalité lui en avoit donné l'ordre, conformément à la loi et à l'arrêté du département; mais Pétion ne se borna pas à ne prendre aucune mesure quelconque pour em

pêcher ces brigands de s'armer, de s'assembler; il requit la garde nationale, de s'armer et de se réunir à eux, non pour les réprimer, mais pour les suivre!! Il falloit avoir sans doute un grand fonds de stupidité ou de scélératesse, pour oser se charger d'une pareille responsabilité.

L'assemblée donna de grands applaudissemens au discours de Pétion, et termina sa séance à dix heures. Ainsi finit cette affreuse journée, où le roi dut sa vie à sa présence d'esprit, à son courage froidement imperturbable; la reine, à la dignité imposante de sa contenance, et madame Elisabeth au respect dont l'environna le dévouement, aussi héroïque que tendre, qu'elle manifesta pour majestés.

leurs

A peine la populace étoit-elle sortie du château, que même dans la classe du peuple, ceux qui n'avoient pas pris une part active à l'insurrection, se répandoient en invectives contre ceux qui l'avoient provoquée ou favorisée, et admiroient la conduite courageuse et modérée du roi et dé la famille royale........ Pourquoi faut-il, hélas ! que les forfaits exécrables dont cette famille auguste a été la victime, fassent presque regretter aujourd'hui que sa fatale destinée n'ait pas été consommée dans la journée du 20 juin? Le crime n'eût été ce jour-là que celui de quelques scélérats, que la France auroit abhorrés, que les tribunaux auroient punis. Il eût épargné à la famille royale

les indignités, les humiliations et les outrages sans nombre dont elle a été abreuvée. La monarchie eût peut-être été sauvée; mais du moins si elle eût péri, l'honneur national n'en eût pas été entaché.

CHAPITRE XXIII.

Décret qui défend tous rassemblemens armés.

Message.

du roi à l'occasion des attentats du 20 juin. — Motion tendante å priver le roi du droit de sanction. — Le diirectoire du département enjoint à la municipalité de lui rendre compte des événemens du 20 juin. Proclama

tion du roi; effet avantageux qu'elle produit: les jacobins et les constitutionnels eux-mêmes en sont alarmés, Décret tendant à rendre les ministres responsables du refus de sanction. Lettre du roi à l'assemblée, relatirvement à la formation d'une armée de réserve à Sois↑ sons. —Les ministres mandés à l'assemblée, lui rendent compte des mesures prises pour la sûreté de l'état. M. de Monciel y dénonce un placard séditieux. — Mesures concertées entre le directoire du département et le conseil de la commune, pour prévenir les insurrections.

Adresse incendiaire du club des jacobins de Dijon.Pétition insultante pour le roi, présentée par les vainqueurs de la Bastille. Je propose à sa majesté les moyens d'assurer sa sortie de Paris avec sa famille, et la retraite de leurs majestés à Fontainebleau; réponse du roi.-Arrêté remarquable du département de la Somme à l'occasion des attentats du 20 juin.

L'ANIMADVER

NIMADVERSION générale qu'excitèrent les scènes révoltantes dont le château des Tuileries avoit été le théâtre, éclata non-seulement contre la municipalité, mais contre l'assemblée. On lui

reprochoit, avec raison, d'avoir favorisé cette insurrection, en refusant d'appuyer de son autorité les mesures que le département avoit prises pour empêcher l'armement et le rassemblement des brigands. On ne blåmoit pas moins l'accueil distingué et les applaudissemens dont elle avoit eu l'audace ou plutôt la lâcheté d'honorer la députation des Marseillais et la harangue séditieuse qu'ils lui avoient adressée. Un des membres les plus estimables du côté droit (Bigot de Préameneu) profita de cette occasion pour proposer à l'assemblée de décréter que désormais, sous aucun prétexte que ce pût être, aucune réunion de citoyens armés ne pourroit se présenter à la barre, défiler dans la salle de ses séances, 'ni se présenter à aucune autorité constituée. C'étoit reconnoître évidemment le tort qu'avoit eu l'assemblée de ne pas rendre ce décret le 19 juin. Quelques orateurs du côté gauche combattirent vivement cette motion, et soutinrent qu'il étoit inutile de faire une loi qui existoit déjà. Néanmoins, après d'assez longs débats, la motion obtint la majorité (†).

A peine ce décret étoit-il rendu, qu'un autre membre du côté droit (M. Daverhoult) dénonça

(1) Le conseil-général du département, instruit que ce décret venoit d'être rendu, en adressa sur-le-champ ses remercimens à l'assemblée, et demanda qu'il fût envoyé à la sanction et publié le plutôt possible.

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