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LA

LIBERTÉ DE PENSER.

LA

LIBERTÉ DE PENSER

REVUE DÉMOCRATIQUE.

TOME HUITIÈME.

PARIS

AU BUREAU DE LA REVUE

RUE DES PETITS-AUGUSTINS, 5.

4854.

AP 20 .468 V. 8

VOLTAIRE.

En 1707, un enfant de treize ans, plein de vivacité, de curiosité et de hardiesse, fut présenté à Ninon de Lenclos, qui touchait au terme de sa longue vie. A l'incomparable animation de cette physionomie, à ce sourire rempli de grâce et de malice, à cet œil rayonnant d'éclairs qui perçaient jusqu'au fond des âmes, la vieille Aspasie du dix-septième siècle pressentit une grande destinée; elle voulut aider au développement de cette jeune intelligence; elle fit un legs à l'enfant pour acheter des livres. L'enfant, qui appartenait à une famille bourgeoise très-aisée, était élevé au collége des jésuites (Collége Louis-le-Grand) : il y faisait l'admiration de ses professeurs par ses facultés littéraires, et leur effroi par l'indépendance de son caractère et de ses idées. Un d'eux, le pèreLejai, lui prédit qu'il serait en France le coryphée du déisme. Ninon et Lejai l'avaient tous deux bien jugé. Héritier des esprits forts du siècle passé, il devait régner sur cette petite tribu devenue un peuple immense, et la mener au combat contre ses maîtres. Les jésuites, par une de ces sublimes dé risions providentielles dont l'histoire est remplie, avaient élevé les deux plus formidables ennemis de l'autorité traditionnelle, Descartes et Voltaire (1). Voltaire fut ainsi, dès le collége, tout

(1) François-Marie Arouet, né à Châtenai, en Poitou, le 20 février 1694, était fils d'un ancien notaire, devenu trésorier de la Chambre des comptes de Paris; sa mère était Poitevine. Il prit le nom de Voltaire, à son entrée dans le monde, pour se distinguer de son frère aîné. C'était un usage à peu près général, dans la riche bourgeoisie, que de distinguer chacun des en fans par un nom de terre; on le faisait quelquefois même pour les filles.

VIII.

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