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voient été detachées de ces douze Vaiffeaux & croifoient fur la Côte depuis ledit Port jufqu'à flafuerte & Cartagene: Qu'une de nos, Fregates étant fortie de Portobello avec deux Belandres deftinées pour Chagre, un Vaiffeau Anglois les avoit fuivies, & les ayant atteintes, les avoir fait entrer dans ledit Port, fans leur faire aucun autre dommage: Que les chaloupes Angloifes alloient à Portobello & en venoient; que les Anglois alloient à terre, & fe promenoient où il leur plaifoit; & que le Prefident de Panama, Alderette, étoit à Panama où Don Antonio de Caftegneta n'étoit point encore arrivé, & où l'on n'avoit aucune nouvelle de lui.

Par une autre Lettre écrite de Portobello à un Homme de cette Ville, on aprend prefque la même chofe; on y ajoute feulement que le Trefor avoit été tranferé à Cruzes, qui eft à sept lieues de Panama.

On voit par ce qui eft dit ci-devant pag. 57. 58. & 63. que la Cour Britannique pretend une Satisfaction au fujet de l'enlevement du Duc de Ripperda de l'Hôtel de Mr. Stanhope, Ambaffadeur de la Grande Bretagne, cette affaire intereffe tous les Souverains & tous le Miniftres, puifqu'elle concerne la franchise de feurs Hôtels. Voici les Lettres & Memoires qui fe font écrits de part & d'autre fur ce fujet, qui mettront mieux au fait de cette difpute que tout ce que nous pourions en raporter hiftoriquement.

D 9. P.

Let

Lettre du Marquis de la Paz an Duc de Ripperda.

L

MONSIEUR,10 KOM

E Roi notre Maitre ayant trouvé à propos d'admettre la reprefentation que Votre Excellence lui fit hier, pour vous dechar ger des Emplois que Sa Majefté avoit con ferez à Votre Excellence, a refolu de la gratifier d'une penfion de trois mille piftoles par an, jufqu'à ce qu'à l'avenir Sa Majesté em ploye Votre Excellence à fon fervice, de la maniere dont il lui paroitra le plus convenable. C'est ce que je fais favoir à Votre Excellence, par ordre de Sa Majefté, afin que vous puiffiez être informé de fa Refolution Royale fur l'une & l'autre affaire

Je fuis, &c.

JEAN BABTISTE DE ORANDAYN Du Palais le 14. Mai. 1726.

Le 15. le Duc de Ripperda, après avoir été remercier le Roi, emprunta le Caroffe de Mr. Vander Meer pour fe retirer chéz Mr. Stanhope, Ambaffadeur de la Grande-Bretagne qui le lendemain en alla informer Sa Majefté Catholique dans une Audience particuliere, & promit à Sa Majefté de veiller fur la perfonne du Duc; le lendemain on envoya des gardes aux environs de l'Hôtel de ce Miniftre, & le Marquis de la Paz lui écrivit la Lettre fuivante.

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Lettre du Marquis de la Paz a Mr. Stanhope.

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syport than sub M syon, in E Roi eft parfaitement aljuré de la parole que Votre Excellence a donnée à Sa Majefté pour garder le Duc de Ripperda dans fa Maifon; mais, comme toutes les précau tions que Votre Excellence pourroit prendre ne feroient peut être pas fuffifantes pour prevenir les folies & le defordre qu'il eft capa ble de commettre Sa Majesté, pour plus grande fyreté, a refolu de faire pofter quel ques Soldats dans le voifinage & les avenues de la Maifon de Votre Excellence, afin qu'ils veillent à empêcher toutes les irregularitez que ce Duc pourroit entreprendre à Pinfçûı de Votre Excellence. Il n'entre dans cette affaire aucune mefiance de la part de Sa Majefté, pour ce Excellence, qui regarde Votre mais c'eft feulement pour prendre de plus grandes precautions pour fa fureté. C'eft ce que, Sa Majesté m'a ordonné de faite, favoir à Votre Excellence, afin que vous ne doutez en, au? cune maniere de fa cofifiance Royale.

Je fuis, &c. 5 meminer

JEAN PABTISTE DE ORANDAYN

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Mr. Stanhope fe fcandalifa fort de l'envoy de ces gardes, & prit des melures avec les

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Dans une Audience qu'il eut le 16.

autres

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autres Ministres pour les franchises, ce qui n'aboutit à rien. Le lendemain il reçut la Lettre ci-jointe.

Lettre du Marquis de la Paz à Mr. Stan hope.

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LE

E Roi mon Maître étant informé par ce que le Duc de Ripperda lui même à témoigné tant de bouche que par écrit, que le feul motif qu'il a eu de fe retirer dans la Maifon de Votre Excellence, étoit d'y chercher un azile contre les infultes qu'il aprehendoit de la part du Peuple de Madrid, car il ne pouvoit craindre aucun mal de la part de Sa Majefté, qui l'avoit éloigné de fes piez Royaux avec tant de diftinction & de pietié: Sa Majefté pour mettre fin au scandale que caufe la retraite du Duc dans la Maifon de Vorre Excellence, a refolu de prendre des mefures pour fa fureté, & de le delivrer de tout foupçon & de toute aprehenfion. Dans cette intention Sa Majesté m'ordonné de dire à Votre Excellence, qu'il lui fera très-agreable que le Duc fe retire de la Maison de Votre Excellence, & que vous vous ferviez des moyens & des précautions que Sa Majefté offre pour fon entiere fureté, contre toutes les entreprises de la part du Peuple; puifque ces moyens font ceffer tous les motifs que le Duc a eus pour réclamer l'immunité de la Maifon de Votre Excellence: Et Sa Majefsé fe promet & efpere de la prudence & de la

reflexion de votre Excellence, que vous l'y difpoferez inceffamment.

Je fuis, &c.

JEAN BABTISTE DE ORANDAYN.

Du Palais le 18. Mai 1726.

Mr. Stanhope fit réponse au Marquis de la Paz qu'il n'avoit peu rien gagner fur le Duc de Ripperda, & qu'il ne pouvoit employer que les raifons les plus fortes pour le perfuader: pendant ce tems-là le Confeil fuprême fut affemblé, & l'on y prit des refolutions contre le Duc comme on verra ci-après. Le 24. le Marquis écrivit encore à Mr. Stanhope ce qui fuit.

Lettre du Marquis de la Paz à Mr. Stanhope.

MONSIEUR,

LE Roi mon Maitre connoit l'intelligence

de Votre Excellence, & confidere qu'Elle eft trop bien informée des circonstances du cas prefent du Duc de Ripperda, pour douter qu'elle puiffe ignorer les confequences préjudiciables qui refulteroient contre fon Autorité Royale fur fes Miniftres, fi l'on consentoit à la temerité du Duc, & fi Sa Majesté vouloit écouter les propofitions qu'il voudroit faire;. parcequ'il fe trouve, comme il le croit, entierement en fureté par l'Immunité de la Maifon de Votre Excellence. Quel exemple fcandaleux ne feroit ce pas que celui qui antoriferoit tout Miniftre de Sa Majesté &

de

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