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on agit, lorfqu'on retira par force de fon Hô tel le Duc de Ripperda, procedé dont il se plaignit, il y a quelque tems, au nom & par ordre de Sa Majesté. Enfin il a ordre de dire que le Roi n'eft pas moins furpris de l'affront fait au Conful de Sa Majefté réfidant à Saint Sebaftien, que l'on a obligé de quiter fon pofte, & contraint d'aller à Salamanque, contre le Droit des Gens & la teneur des Traitez qui fubfiftent entre les deux Couronnes.

Fait à Madrid le 25. Septembre 1726.

GUIL. STANHOPE.

Lettre du Marquis de la Paz à Mr. Stanhope, à St. Ildefonfe le 30. Septembre 1726.

MONSIEUR,

EN execution de ce que Votre Excellence

m'a fait l'honneur de m'infinuer dans fa Lettre du 25. de ce mois, j'ai mis d'abord entre les mains du Roi mon Maitre le Memoire que Votre Excellence m'avoit envoyé, adreffé à Sa Majesté, comme une reponse que Votre Excellence, en confequence des ordres que vous avez reçus de Sa Majesté Britannique votre Maître, & que vous aporta le 24. de ce mois un Courier depêché deLondres, a faite au contenu des deux Lettres que Sa Majesté m'avoit commandé de vous écrire le 17. & le 19. du mois paffé, dont les copies avec celle de la reponfe de Votre Excellence du 17. font ci-jointes, comme

étant

étant la bafe & le fondement dudit Memoire, du contenu duquel Sa Majefté a été diftinctement informée. Quoique Sa Majesté eût raison de se promettre & d'attendre de la Cour de la Grande-Bretagne, une reponse plus claire, plus pofitive & plus fatisfaifante, cependant Elle n'eft nullement furprise de voir que le Ministere Anglois, continuant dans fes mauvaises difpofitions & intentions, que depuis quelque tems il a fait paroitre par fon procedé, quoiqu'il tâche de le pallier par des proteftations & des expreffions amiables qui n'ont point été épargnées dans cette occafion, au lieu de s'ouvrir & de donner une explication fincere & amiable comme on le fouhaitoit, fur la deftination des Escadres commandées par les Amiraux Hozier & Jennings, & envoyées dans les Mers des Indes Occidentales, & fur les Côtes de ce Royaume, ait trouvé à propos de fe fervir de nouveaux detours, & de pretexes fpecieux, pour multiplier des plaintes qui n'ont aucun fondement, & qui font entierement opofées à la candeur & à la bonne foi que Sa Majesté obferve religieusement envers fes Amis & Alliez; mais qui font convenables au genie du present Ministere Anglois, comme il paroit par ces pretextes & ces raisons creufes & exagerées, qu'il a accumulez, pour perfuader le Parlement des dangers imaginaires qui menaçoient la Couronne & la Nation Britannique, afin de le porter & le determiner à confentir à l'équipement de tant de differentes Efcadres, avec des depenfes fi grandes, & fi peu neceffaires. Cependant Sa Majefté m'a ordonné de declarer à Votre Excellence ce que la pure force

de

de la verité & fes droites intentions dictent à fon cœur Royal, par raport aux foupçons que Sa Majesté Britannique temoigne fur la conduite de cette Cour.

En premier lieu on allegue que l'on a fait des armemens de Mer & des équipemens dans les Ports d'Espagne, lorsqu'il est certain & notoire à tout le monde, que l'on n'en a point fait d'extraordinaires, ni d'affez confiderables, pour caufer la moindre aprehenfion à l'Angleterre: Quoique les nombreuses Escadres, que l'on équipoit avec tant d'ardeur, d'aplication & de diligence, & que l'on faifoit fortir des Ports d'Angleterre, donnaffent lieu & fuffent des raifons fuffifantes à Sa Majefté, pour faire les mêmes preparatifs & les mêmes difpofitions, fur tout lorfque, fuivant les bruits qui s'en rependirent en même tems par toute l'Europe, ces preparatifs menaçoîent les Etats & les interêts de Sa Majefté, tant en Europe qu'aux Indes; & lorfque ces bruits furent fortifiez & confirmez par la route que prirent lesdites deux Efcadres qui parurent devant les Ports des Indes Occidentales, & devant ceux de ce Royaume.

On doit dire la même chose à l'égard des mouvemens d'un nombre confiderable de Troupes vers les Côtes les plus voisines de la Grande-Bretagne, avec cette difference pourtant, que la plainte du Roi mon Maitre fur ce fujet eft anterieure & folidement fondée, puifque c'eft l'arrivée de l'Escadre Angloife à la vûe de St. Andero, qui troubla énfin la tranquillité & la bonne foi dans laquelle nous vivions, comme il paroit manifeftement par de preparatifs qu'on avoit faits de ces

le peu

côtez

côtez-là, où l'on n'entretenoit que les Garnifons qui y étoient abfolument neceffaires, & que l'on ne peut diminuer en tems de Paix, vû les exemples precedens, pour garantir de furprise & de danger les chantiers faits dans les lieux voifins pour la construction des Vaiffeaux.

Pour ce qui regarde l'encouragement qu'on pretend avoir donné au Pretendant, il n'eft pas poffible d'accufer Sa Majefté, avec verité, d'avoir fait aucune demarche en fa faveur, ni écouté aucune proposition de fa part, encore moins de lui avoir donné affiftance, pour apuyer fes deffeins & fes prétenfions à cette Couronne. Au contraire la conduite que l'on a obfervée à l'égard de ces mêmes Emiffaires, dont il eft parlé confufement dans le Memoire de Votre Excellence, eft réellement un temoignage le plus authentique de la bonne foi de Sa Majefté, & de fon amitié religieufe envers Sa Majesté Britannique ; mais Sa Majefté ne fauroit repondre, ni fe charger des bruits que les Adherens du Prétendant ont repandus fur ce fujet, pour s'encourager les uns les autres.

On ne peut pas comprendre non plus, fur quoi font fondez les foupçons que l'on conçoit de mauvais deffeins, ni comment on peut attribuer à des intelligences fufpectes l'admiffion dans les Ports d'Espagne, de trois Vaifseaux Marchands de Mofcovie, qui, fuivant la coutume obfervée envers toutes les Nations, ont eu entrée dans le Port de Cadix, & de là font allez à St. Andero pour y trafiquer. Ainfi, il faut avoir en verité un grand

pen

penchant au foupçon & à la méfiance, pour en concevoir d'un procedé fi innocent.

A l'égard de la fauffe confidence que le Duc de Ripperda fit l'Hiver paffé à Votre Excellence, comme fi l'on avoit conclu une Alliance offenfive, par laquelle l'Empereur fe feroit expreffement engagé à recouvrer Gibraltar; Sa Majesté Imperiale a deja fuffifamment tâché de detromper Sa Majesté Britannique à cette occafion: Le deffein en tout cela n'a été que de faire reffouvenir Sa Majefte Britannique des promeffes qu'Elle avoit faites fur ce fujet, & auxquelles ni Sa Majesté, ni la Nation Espagnole ne peuvent jamais renoncer.

Il est notoire que Sa Majefté Britannique a depenfé & employé depuis peu des fommes confiderable en France, en Pruffe, en Suede, en Hollande & ailleurs, pour mieux parvenir à fes fins & accomplir fes negociations. Cependant le Roi Catholique mon Maitre n'a jamais eu jufqu'à prefent la curiofité de s'informer des motifs de ces depenfes, & ce qui eft d'autant plus étrange, c'eft que Sa Majefté Britannique s'avife de demander les raisons que Sa Majefté a eues pour envoyer, ou non, des fubfides à l'Empereur.

La plainte qui a pour fujet la conduite des Gardes-Côtes, & qui interprête leurs procedez comme des infractions du Commerce & des Traitez, eft à tous égards la plus injufte qu'on puiffe faire; parceque ces Vaiffeaux n'ont rien fait autre chofe que de s'acquiter de leur devoir, en empêchant feulement, autant qu'il étoit poffible, le Commerce illicite &

clan

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