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ont travaillé & confeillé de terminer plûtôt les querelles en queftion par la voye d'un accommodement amiable, que par celle d'une execution rigoureufe, prevoyant bien que par cette derniere voye les troubles feroient ter minez fort difficilement fans la ruine du pais & des Habitans, à caufe de la forte impreffion qui regne depuis long-tems dans les coeurs de tous les Habitans d'Ŏoftfrise, ou du moins de la plus grande partie, de l'interêt qu'ils ont, & du devoir où ils fe trouvent de conferver leurs Droits & Privileges fondez fur les Accords & Conventions. Que Leurs Hautes Puiffances auroient fouhaité que leur bon confeil eut trouvé plus d'accès auprès de Son Alteffe; qu'elles ont apris avec chagrin, qu'il vient d'arriver prefentement ce qu'elles ont prevû & aprehendé, favoir que les chofes étant pouffées à bout par Son Alteffe, les gens, contre qui on a obtenu les Decrets Imperiaux, feroient reduits au desespoir, parce qu'étant declarez avoir encouru la perte de leurs biens & de leurs vies, ils n'on après cela plus rien à perdre, & rifqueront plûtôt tout que de ceder absolument des gages auffi precieux que c'eft à quoi on doit attribuer le foulevement quafi general, & les voyes de fait qui, à ce que Leurs Hautes Puiffances ont apris, fe font commis de nouveau en Ooftfrife, auxquelles Leurs Hautes Puiffan ces declarent n'avoir aucune part, ayant été entreprises à leur infçu, que nonobftant cela Leurs Hautes Puiffances en craignent beaucoup les fuites, & pour les prevenir elles font encore du fentiment qu'il n'y a pas de meilleur ni de plus fa lutaire moyen pour l'Ooft

frife, que de fonger encore à faire ceffer ces troubles par un accommodement amiable, & d'entrer pour cet effet le plûtôt le mieux en negociation, & que Leurs Hautes Puiffances pour le bien de la paix, par amitié & eftime pour Son Alteffe, la prient encore qu'elle veuille prêter la main & fe déclarer portée pour le rétabliffement de la tranquillité & union, dans l'efperance qu'on y pourra travailler avec effet, à quoi Leurs Hautes Puiffances employeront auffi leurs bons offices auprès du Magiftrat d'Embden; mais que tant que S. Alt. marquera de l'éloignement pour un accommodement amiable, leurs bons offices ne pourront rien effectuer; que pour cette raifon elles prient, que Son Alteffe veuille fe declarer là-deffus plus favorablement que cidevant.

Leurs Hautes Puiffances refolurent en même tems qu'il feroit auffi êcrit au Magistrat » d'Embden.

Que Leurs Hautes Puiffances avoient apris par fes Lettres & d'ailleurs l'attroupement qui s'eft fait de nouveau des habitans du plat païs avec quelques-uns de la Milice, & l'effet que cela a produit: que cette entreprise, dans un tems où Leurs Hautes Puiffances font occupées à difpofer, s'il eft poffible, le Prince par les Srs. Confeillers Subdeleguez & autrement, d'entrer en negociation pour un accommiodement amiable, déplait au fuprême degré à Leurs Hautes Puiffances, & qu'elles defaprouvent entierement ces nouvelles violences, qui font capables d'empirer plûtôt Gg 3

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les chofes que de les rendre meilleures, au lieu que ledit Magiftrat, & ceux qui font de fon parti devroient, par une conduite moderée, ne point aigrir les Efprits, mais frayer le chemin à un accommodement amiable & au retabliffement de la tranquillité, afin d'ôter parlà le mecontentement que les Sr. Confeillers Subdeleguez ont marqué d'avoir contre eux; que Leurs Hautes Puiffances confeillent audit Magiftrat, & à ceux qui font de fon parti, & les exhortent très ferieusement de s'abstenir à l'avenir de toute voye de fait, & que dès que de la part de Son Alteffe on marquera quelque penchant pour entrer en nego ciation fur un accommodement amiable, ils y veuillent concourir, & ufer de tant de condefcendance à l'égard des points en difpute, qu'il paroiffe par-là, que leur intention n'est pas d'infifter fur le dernier point de leurs pretentions, mais plûtôt quils font prêts & portez, pour le bien de la tranquillité & de l'union, à ceder autant qu'il est possible.

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Les Subdeleguez de la Commiffion Imperiale firent la Reponse fuivante à la Let"tre precedente de Leurs Hautes Puiffances.

HAUTS & PUISSANTS SEIGNEURS,

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Ous avons reçu vec un veritable refpect votre Lettre du 30 Août, & nous ne doutons point que Vos Hautes Puiffances n'ayent reçu en même-tems la notre du 26. du même mois. Vos Hautes Puiffances y auront vû que nous fommes difpofez à faire tout ce qui eft poffible, autant que nos In

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ftructions nous le permettront, & de contribuer en tout, pour apaifer les troubles de P'Ooftfrife, & pour retablir la tranquillité dans cette Province: neanmoins nous nous fommes crû obligez d'informer nos Maîtres de ce que nous avons propofé à Vos Hauts Puiffances; favoir que pour parvenir à ce but, les Rebelles (on fe fert du terme adouci de Renitens) & en particulier la Ville d'Embden s'abstiennent de toutes voyes de fait, & rétabliffent toutes chofes fur le pied où elles étoient auparavant que la Revolte ait commencé, puifqu'il n'y a point d'apparence, qu'autrement le Prince fe laiffe contraindre par fes Sujets, à faire quelque chofe qui fut contraire à l'autorité de Sa Majefté Imperiale, & au refpect que ces mêmes Sujets doivent à leur Seigneur.

Nous fommes tellement perfuadés de la grande penetration & équité de Vos Hautes Puiffances, que nous ne doutons pas qu'Elles n'aprouvent une propofition fi convenable, puifque dans leur derniere lettre, Elles declarent que c'eft à leur infçû que les Rebelles ont commis les voyes de fait pratiquées en dernier lieu & que bien loin d'y avoir part, Elles les défaprouvent entierement.

Neanmoins ces voyes de fait continuent, & augmentent tous les jours, jufques-là même, que dans la Ville de Norden on a depofé les Bourguemaitres confirmez par le Prince, & l'on en a établi d'autres de facto. On a mêmê arreté le Bourguemaître Wilckens, le Confeiller Mefander un Officier du Prince nommé Schattebourg & treize autres Bourgeois bien intentionnez, & après les avoir enchaî

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chaînez quatre à quatre, on les a ainfi conduits à Embden, où ils font encore en prison.

Nous ne pouvons qu'être extremement furpris de ce que les Rebelles ayent fi peu d'égard pour ce que Vos Hautes Puiffances defaprouvent, & leur diffuadent, Elles s'intereffent encore en leur faveur, nonobftant une conduite fi irreguliere, & le mauvais ufage que l'on fait infenfiblement de la Garnison d'Embden contre ce qui eft ftipulé dans les Conventions entre l'Ooftfrife & Vos Hautes Puiffances, & contre vos Refolutions prifes à cet égard; puifqu'il eft ftatué particulierement dans les Conventions de la Haye & d'Embden, dans le Recès final de 1662. & 1663. & dans la Refolution de Vos Hautes Puiffances chap, 4. fur le 11. des Griefs generaux des Etats d'Ooftfrife, que s'il arrive quelque differend entre les Etats d'Ooftfrise & le Prince, il ne fera permis ni de part ni d'autre d'en venir directement, ni indirectement à aucune voïe de fait, foit en faifant fortir des Troupes de la Ville d'Embden, ou en affemblant les Sujets; mais la partie qui fe croira lezée & qui ne pourra obtenir fatisfaction à l'amiable, s'abftenant de toute voye de fait, aura recours â la Juftice ordinaire, afin qu'il en foit ordonné fuivant le droit, & ainfi qu'il fera trouvé convenable & conforme aux Accords & Conventions. Mais s'il arrivoit que contre cette dispo fition, il eut été commis quelque action par voye de fait, tout fera effectivement redreffé & reparé.

Vos Hautes Puiffances paroiffent fouhaiter que l'on accorde aux habitans d'Oostfrife ce qu'ils croyent leur apartenir, & à leurs Etats

de

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