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naux, & fans s'y opofer ont perfifté à conseiller un accommodement à l'amiable fur-tout en priant le Prince & la Ville d'Embden & fes adherans d'éviter les voyes de fait, auxquelles on étoit deja venu, ou de faire entrer en Ooftfrise des Troupes étrangers, en leur expofant les fuites dangereufes qu'on en pourroit attendre; qu'à cet effet Leurs Hautes Puiffances ont envoyé leur Miniftre Mr. Lewe van Adward en Ooftfrife, mais que cette deputation n'a pas eu le fuccès qu'on en attendoit, puifque le Prince s'en est toujours tenu aux Decrets Imperiaux; qu'après le retour de Mr. Lewe van Adward, Leurs Hautes Puiffances ont encore écrit au Prince pour tâcher de le porter à un accord amiable, & preferer cette voye à toute autre; mais que jufqu'à prefent elles n'en avoient reçu aucune reponfe.

Les chofes étant en cet état, & les efprits paroiffant fort aigris en Ooftfrife, puifque le Prince & fes Miniftres traitent les Etats & la Ville d'Embden de rebelles, parce qu'ils ne veulent pas fe foumettre, fans restrictions aux Decrets Imperiaux, & que d'autre part le Magiftrat & fes adherans fe plaignent que ces Decrets & Decifions ont été rendus en faveur du Prince, fans avoir été fuffifamment ouis, outre qu'ils renverfent les Libertez & Privileges des Etats & de la Ville d'Embden fondez fur les Accords, Accommodemens & Decifions qui font les Loix fondamentales d'Ooftfrife, étant capables de caufer une entiere revolution dans l'Ooftfrife; fe plaignant encore que l'on rejette les Remontrances qu'ils ont faires à l'Empereur & au Confeil Aulique; qui fuivant les avis que l'on a reçu, l'inten

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tion

tion de la Cour Imperiale & du Prince, étoil d'exécuter les fusdits Decrets & les Decifions, & outre la Commiffion donnée ci-devant à PElecteur de Saxe & au Duc de Brunswick Wolfenbuttel dans les affaires de l'Ooftfrife, le Roi de Dannemarck & d'autres Electeurs & Princes de l'Empire, comme l'Electeur Palatin & l'Evêque de Munster étoient requis d'y prêter la main.

Qu'il y a deja des Troupes de Dannemarck arrivées en Ooftfrife, & l'on dit qu'elles doivent être fuivies d'un plus grand nombre; enforte qu'on ne peut en attendre que des voyes de fait & de nouveaux troubles qui augmenteront les Griefs & ruineront le Païs, ce qui arrivant, comme il eft aifé de le prevoir, les Sujets de l'Etat qui ont prêté de bonne foi leur argent au Prince, aux Etats & à la Ville d'Embden, en porteront tout le fardeau, puifque leurs capitaux ni les interêts ne feront point payez, outre que, vû l'animofité du Prince & de fes Miniftres, il est à craindre que la Ville d'Embden ne foit attaquée, & que la Garnifon de Leurs Hautes Puiffances ne le trouve en danger. Tout bien confideré & vû l'interêt que la Republique a toujours eu & a encore à la confervation de la tranquillité en Ooftfrife, & au maintien du Gouvernement fur le pied où il eft établi par les Accords & Decifions confirmées par la garantie de Leurs Hautes Puiffances, paffée à la requifition du Prince, des Etats du païs & de la Ville d'Embden, outre que c'eft dans la fupofition que le Gouvernement continueroit fur le même pied que L. H. P. ont accordé & confenti que l'on negoċie dans la Republi

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que

que, au profit du Prince, des Etats & de la Ville d'Embden, les fommes qui y ont été negociées à leur requifition, & que c'eft fur ce fondement que les Sujets de la Republique ont prêté leur argent, nonobftant quoi on y avoit deja fait de grands changemens, en tranfportant à Aurich le Comptoir general qui doit refter à Embden fuivant les Accords & Conventions; outre cela on prevoit encore d'autres changemens dont les Sujets de la Republique fentent deja les mauvais effets, puifqu'on ne paye pas les interêts qui fon dûs. Dans la conjoncture prefente, Leurs Hautes Puiffances ne peuvent differer plus long-tems à prendre foin des interêts de leurs Sujets qui ont prêté leur argent à l'Ooftfrife fur leur Refolution & fous leur garantie, & à prendre garde que l'execution des Decrets de l'Empire (aufquels on ne pretend pas deroger, & qu'on laiffe dans leur entier) ne porte aucun prejudice à la Garnifon que L. H. P. ont à Embden & à Leeroort, & qu'elle y ont eu depuis plus de cent ans, enforte que les Droits de Republique, & les interêts de fes Sujets n'en fouffrent pas.

Ain pour fortifier la Garnifon d'Embden, on y envoyera au plûtot deux Bataillons, avec ordre au Commandant de veiller à la fureté de la Ville, & repouffer toute voie de fait que l'on pourroit mettre en œuvre, & ne pas fouffrir que l'on faffe dans ladite Ville aucune execution fous quelque pretexte que ce puiffe être, tant que L. H. P. ne feront pas informé à quoi elles tendent, & qu'elles n'auront pas donné fur cela d'ordres ulterieurs à leur Commandant.

Mrs. de Linteloo & autres Deputez de Leurs
Hautes

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Hautes Puiffances, pour les affaires étrangeres font chargez d'entrer en Conference avec Mr. de Meinhertzagen Envoyé Extraordinaire du Roi de Pruffe, de lui donner connoiffance de ce que deffus, & de lui remontrer que Sa Majefté ayant toujours eu à cœur la confervation de la tranquillité en Ooftfrife, & le maintien de Gouvernement fur le pied des Accords Leurs Hautes Puiffances ne doutoient pas que Sa Majesté n'aprouvât la Refolution de L. H. P. & qu'elle ne contribuât à empêcher qu'il fe commît de nouveaux defordrés, & qu'en qualité de Directeur du Cercle de Weftphalie, il fera enforte qu'il n'entre pas de Troupes étrangeres dans l'Ooftfrife, & que celles qui y font en fortent pour prevenir de plus grands defordres, & que L. H. P. font prêts à concerner avec Sa Majefté Pruffienne, les moyens de prevenir les defordres & de rétablir la tranquilité dans l'Ooftfrife.

Les mêmes Deputez font priez de conferer auffi avec Mrs. Fenelon & Finch, de leur faire part de la prefente Refolution de Leurs Hautes Puiffances & leur reprefenter qu'il y a longtems que L.H. P. prevoient avec inquietude ces demêlez entre le Prince & les Etats d'Ooftfrise & la Ville d'Embden & fes adherans, & qu'elles ont fait tout leur poffible pour accorder à l'amiable les parties plaignantes, mais que toutes leurs inftances ont été inutiles, fur-tout auprès du Prince, & que les chofes en font à present au point que l'on y fait entrer des Troupes de dehors, felon toutes les apparences dans le deffein de reduire la Ville d'Embden à une foumiffion fans bornes, fous pretexte de faire executer les Decrets de l'Em

pereur:

pereur: que Leurs Hautes Puiffances ayant toujours maintenu les Accords & Decifions, qui font les Loix fondamentales du Gouvernement, ne peuvent voir d'un œil indifferent les changemens qu'on prevoit vouloir y_introduire, d'autant plus que ces Accords & Conventions ont été faites fous la Mediation de Leurs Hautes Puiffances, qui à la requifition des Parties les ont garanties; outre que L. H. P. fe trouvent obligées d'avoir foin qu'on ne les prive pas du droit qu'elles ont de tenir Garnifon dans Embden & Leeroort, dont elles font en poffeffion il y a plus de cent ans; enfin de faire enforte que fuivant les Conditions des obligations fur lefquelles leurs Sujets ont prêté leur argent au Prince, aux Etats d'Ooftfrife & à la Ville d'Embden, leus Sujets foient payez de leurs interêts & leurs capitaux remboursez dans le tems & de la maniere exprimée dans les obligations.

Que quoique l'intention de L. H. P. foit de ne rien faire en ceci que ce qu'elles ont droit de faire, & que vû leurs droits, perfonne ne peut le prendre en mauvaise part, neanmoins elles ont raifon de craindre dans la conjoncture prefente, que leur conduite foit mal interpretée, & qu'on ne cherche à leur faire quelque querelle: & qu'au cas que cela arrivât, contre toute efperance, elles ne pour ront s'empêcher de maintenir leur droit de toutes leurs forces, & en ce cas elles feroient obligées de demander le fecours de leurs Majeftez le Roi de France & le Roi de la GrandeBretagne, comme leurs Amis & Alliez, en vertu de leur Alliance de Fevrier conclue en 1717. C'est pourquoi elles ont jugé à pro

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