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mêmes inclinations que le Roi d'Angleterre à fecourir la Suede L'Experience de temps paffé n'eft pas tant pour lui qu'il le croit: l'Empereur peut avoir eû autrefos fes raifons à ne pas trop favorifer cette Couronne, tant qu'elle fe laiffoit entraîner dans des engagemens avec des Puiffances, qui pour me fervir de l'expreffion du Miniftre Anglois, ne vouloient pas trop de bien à l'Empereur; mais à prefent qu'elle fuit des maximes plus convenables à fes veritables interêts, & fur tout après qu'on a commencé de fouler aux pieds Pautorité Imperiale dans l'Empire, de troubler l'harmonie entre le Chef & fes Membres; harmonie qui a tant couté de fang precieux à la Suede à établir, que les ennemis de cette Couronne ont reduit fes Poffeffions en Allemagne, à une petite portion de la Pomeranie; 11 eft évident que l'ancien Syfteme est entierement changé, & qu'il importe à l'Empire, & fur tout à la Religion Proteftante, que la Suede y conserve cette portion.

Cette Couronne, de fon côté comprend fort bien, qu'il lui eft impoffible d'empêcher que fes voifins ne s'enrichiffent encore de ce trifte refte, fi elle ne fe conferve pas l'appui & l'amitié & de l'Empereur.

Pour ce qui eft de la Ruffie, cette Puiffance a dans ce temps ici un interêt incontestable de contribuer autant qu'il eft poffible, à la conforvation de la Suede & de la forme de fon Gouvernement prefent; & l'on montrera plus bas qu'elle n'a aucune raifon de l'inquièter.

La Suede connoit au refte le grand pouvoir du Roi d'Angleterre Elle connoit auffi ce que peuvent les autres Alliez : Elle eft fcule

ment

ment fachée de n'avoir pas reffenti en 1719. & en 1720. les effets de fes grandes forces, dont on nous donne à prefent une magnifi que idée.

Le Miniftre Anglois voudroit-il avouer que c'étoit faute de bonne volonté, & que le Roi fon Maitre n'avoit pas alors les bonnes inclinations dont il le dit toûjours en poffeffion? Mais le moyen de le nier, puifqu'il eft inconteftable, que les inclinations des grands Princes fe reglent fur leurs interêts, & varient felon les occafions. J'ai montré au commencement de ces Remarques, que la conduite du Roi d'Angleterre a confirmé cette maxime.

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Le fecond reproche du Miniftre Anglois eft,,, que la Suede a conclu qu'il étoit entré dans les nouveaux engagemens avec beau» coup de facilité & d'empreffement, fans aucune reftriction, & fans infifter fur les ,, moindres redreffemens de Religion au dehors & dedans de l'Europe. Mais on ne voit pas comment la conclufion du Traité d'Ha-. novre, & l'Invitation du Roi de la GrandeBretagne d'y acceder devroient caufer quelques difficultez & retardement dans une Negociation anterieure à cette Invitation: Il n'étoit pas befoin non plus d'apporter la moindre reftriction à l'Acceffion de l'Empereur, Sa Majefté Imperiale accedant purement & fimplement au Traité de Stokholm, qui dans tous fes articles & claufes ne contient rien qui puiffe offenfer qui que ce foit; du moins on ne fait pas que l'Angleterre & la France, à qui ils ont été d'abord communiqués, en ayent jamais temoigné le moindre me contentement M 2

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Pour

Pour ce qui regarde les Griefs de Religion jamais reproche ne fut plus affecté. Qu'estce que ces Griefs ont de commun avec une Alliance Defenfive avec la Ruffie? Eft-ce dans un pareil Traité qu'ils doivent être decidez ? Le Miniftre vient de dire plus haut, que la Suede a foutenu autrefois avec tant d'éclat & de gloire la caufe Proteftante dans l'Empire; c'est un aveu que l'évidence & la verite lui ont extorqué, cependant il lui fait à prefent un crime de fa pretendue indifference fur ce point: Le paffage même du Traité de 1720. qu'il allegue, fait voir le contraire. La Suede a toujours pris & prendra toujours à cœur les interêts de la caufe Proteftante dans toutes les occafions, & par tout où il convient de les foutenir. Elle eft feulement à plaindre, qué fes ennemis, & le Roi d'Angleterre même, l'ayent mis hors d'état de donner aux efforts qu'elle eft prête à faire fur cela, un appui proportionné à fes intentions, l'ayant depouillée de la plus grande partie de fes Provinces en Allemagne, & donné auffi atteinte au Traité de Weftphalie, qui eft l'unique boulevard de la liberté des Etats d'Allemagne & de la Religion dont on fait tant de montre & de bruit. Peut-on reprocher à la Suede, que fon Miniftre à Ratisbonne fe foit jamais feparé du Corps Evangelique, en ce qui concerne les interêts facrez de la Religion? N'a-t-il pas appuyé comme Les autres, tout ce qui a été mis en deliberation, & tous les remedes propres qu'on y a pu imaginer, pour mettre fin aux plaintes ? Qu'est-ce que le Roi d'Angleterre a fait au delà ? L'on a vu plufieurs Ecrits magnifi

ques,'

ques, & des Declarations menaçantes de fes Miniftres, mais on attend encore à voir la vigueur avec laquelle on y promet de redreffer Paffaire de Thorn; que fait-on fi les pauvres Proteftans de Pologne n'auroient pas été beaucoup plus heureux, fi le Roi d'Angleterre ne fe fut pas intereffe pour eux, de la maniere qu'il a fait. Ils feroient peut-être abîmes il y a long-tems, malgré les Harangues fieres de Mr. Finch, fila Ruffie ne les protegeoit enco

à caufe de l'interêt qu'elle y prend, par rapport aux differends de la Religion Grecque. Mais on eft accoutumé il y a long-tems, à voir le Roi de la Grande-Bretagne fe fervir du pretexte de la Religion pour faire ouvrir la bourse à fes Sujets, & pour couvrir fes deffeins intereffés. Le Memoire en fournira encore d'autres prenves.

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La derniere chofe que nôtre Miniftre met à charge à la Suede eft, qu'elle n'ait pas accepté, comme il dit en propres termes,,, les fuites des cas de fecours qu'elles s'eft obligé de fournir, qui doivent aller au delà du double de ce que les Commiffaires ont offert à l'Angleterre, par rapport au Traité d'Hanovre. Outre qu'on ne comprend pas trop bien, ce que le Miniftre veut dire par ces fuites des cas: quel befoin, de grace, y a-t-il d'en accepter dans une alliance purement defenfive, qui n'en peut jamais fuppofer d'autre, qu'une aggreffion injufte contre un des Alliès? S'il prenoit jamais envie à l'Empereur, de donner atteinte à la caufe Proteftante, ne deviendroit-il pas aggreffeur par là, & auroit-il le moindre pretexte de reclaimer le fecours de la Suede en vertu de fon

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Ac

Acceffion au Traité de Stockholm. Outre cela, fi probablement l'Angleterre n'a jamais befoin de reclamer l'affiftance de la Suede, comme notre Miniftre le dit plus bas, pourquoi fe recrie-t-il ici fur ce que la Suede s'eft engagée de fournir des fecours au double à l'Empereur, contre ce qu'on lui offre? on eft ordinairement fort indifferent fur ce dont on croit fe pouvoit paffer.

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Après les reproches que notre Miniftre vient de faire à la Suede, le tour vient à fes Alliez: 11 accufe ces Puiffances, que felon les apparences, & felon plufieurs avis dignes de foi, Elles ne veulent pas trop de bien à la Couronne de la Grande-Bretagne, ni à la Succeffion Proteftante; il entend fans doute les deux Cours Imperiales; & voilà en partie le myftere du Traité d'Hanovre decouvert. Ne fait-il pas fentir clairement par-là, que c'eft proprement contre l'Empereur, & contre la Ruffie, que cette Alliance eft conclue? Le Pretendant même doit être mis ici en jeu, pour eblouir les Anglois, & pour couvrir d'autres deffeins, qu'on a un extrême interêt de derober à leur Connoiffance, & qui revolteroient certainement une Nation, qui de tout tems a obfervé religieufement les regles de l'honneur & de l'équité; mais on a refute fi fouvent ce pretexte frivole, & l'Imperatrice de Ruflie vient de lui faire fans replique, par fa reponfe à la Lettre du Roi d'Angleterre, que l'Amiral Wager lui a apporté, qu'on a lieu d'être furpris que le Miniftre y ait voulu retoyrner.

Au refte, que ces pretendus avis foient

fon

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