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» venoient à bien, ils feroient dans un étang

un beau ravage. Les brochets avalent quelquefois des poiffons auffi grands qu'eux; ils "les prennent toujours par la tête, & ont » digéré la partie antérieure de leur proie, » avant qu'ils aient pu avaler & attirer dans "leur gueule la poftérieure; ils mangent tout » ce qui fe trouve à leur portée..... Enfin, » quand les brochets ne trouvent pas d'autre » nourriture dans les étangs, ils attaquent & » mangent les poiffons de leur efpece; les gros » brochets mangent les petits, & c'est une par»ticularité dans l'hiftoire - nturelle, car cela » n'arrive point aux quadrupedes même les » plus voraces. La perche, quoiqu'affez petite, fe défend très bien contre le brocher, parce qu'elle a fur le dos une arête qu'elle » leve, qui pique & qui écorche le palais & le » gofier de l'aggreffeur. Il faut qu'il la faififfe

& la bleffe par le côté, & qu'il la laiffe » mourir, après quoi il la dévore tout à fon naife, quand elle n'a plus la force de relever » fon arête. La chair du brochet eft affez bon

ne, pourvu qu'il ait été pêché dans une ri» viere ou dans une eau courante; car fi l'a"nimal a vécu dans un étang fangeux, il eft "dur & fent la bourbe. Les brochets vivent » très-long-tems; une histoire très-connue en » eft la preuve. En 1523, on pêcha dans un » étang de la Souabe, un brochet qui étoit

très-grand, & qui avoit l'air très-vieux: on » trouva qu'il avoit paffé dans les narines un » anneau d'airain, fur lequel on lut une inf

cription 'atine, dont voici le fens': L'empereur » Frédéric 11 m'a jetté dans cet étang de fa pro» pre main, le 5 octobre 1262. On en conclut » avec raison, que ce brochet habitoit cet » étang depuis plus de 260 ans. Les œufs de » brochet ne valent abfolument rien; il eft » même dangereux d'en manger, parce qu'ils » purgent très violemment; mais on fe fert uti »lement en médecine, de fa graiffe, de fon » foie, de fon fiel, & des os de fa máchoire » pulvérisés. «

Après avoir traité l'hiftoire des poiffons; conformément à ce qu'on en pouvoit favoir vers la fin du 16e. fiecle, M. de P**. paffe à celle des reptiles & des infectes, qui tiennent, pour ainsi dire, le milieu entre les plus grands & les plus nobles habitans de la terre, qui font les quadrupedes; ceux de la mer qui font les poiffons, & ceux de l'air, qui font les oifeaux; d'autant plus qu'il y a des infectes volants, d'autres qui rampent fur la terre, & quelques-uns qui fe cachent dans les eaux. » Si » l'on n'entendoit par le mot d'insectes, dit » l'auteur, que des animaux de la petite ef

pece, les grands reptiles, tels que les fer» pens, n'y feroient pas compris; mais la dé"finition du mot d'infectes, fuivant Ariftote » & Pline, indique des animaux compofés d'an>>>neaux, ou de parties détachées, réunies par » une enveloppe générale qui eft leur peau, » A ce titre, les grands reptiles font partie des » insectes; ainsi je ne féparerai pas ces deux genres d'animaux, dans le petit nombre

d'obfervations que je vais expofer par ordre alphabétique, fur tous les infectes. «

Il n'y a eu, au 16e. fiecle, aucun ouvra ge écrit en françois, qui regardât uniquement les reptiles & les infectes. Quelques traits répandus dans les livres d'Ariftote, le 11e. de Thiftoire naturelle de Pline, & quelques traités généraux de phyfique, renferment tout ce qu'on favoit alors fur cette matiere. Ce tems 'ne fut pas plus fécond en ouvrages fur les oifeaux. De tous les anciens qui ont écrit fur cette partie de l'hiftoire-naturelle, Pline a été de feul traduit avant 1600, & nous n'avons eu dans tout le 16e. fiecle que Bélon qui ait fajt un livre exprès fur les oifeaux. Ainfi M. de P**. ne peut tirer ce qu'il dit là-deffus que de quelques vieux livres généraux de phyfique, qui font très-peu inftructifs. Il obferve avec raifon que, dans notre fiecle, on n'a pas befoin d'aller chercher la connoiffance des oifeaux dans des livres imprimés, il y a deux cens ans. Nous en avons de modernes qui ne nous laiffent rien à defirer à cet égard; l'illuftre auteur des Mélanges le fait un devoir de placer à leur tête celui de M. de Buffon. Il fe contente de tirer tant de Pline que de Bélon, quelques traits remarquables fur les différentes efpeces d'oifeaux dont ils ont parlé. » Je dois dire, à

la louange de Bélon, dit M. le marquis de » P**. que ce n'étoit point un homme mépri

fable; il étoit médecin de la faculté de Pa» ris, mais né au Mans. Il voyagea beaucoup » dans la Grece, dans la Terre-Sainte, en Ara

bie & en Egypte; il fit imprimer la relation » de fes voyages, & les obfervations qu'il » avoit faites pendant fes courses. Il traduifit » du grec l'hiftoire des plantes par Diofcoride,

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& compofa deux volumes, l'un fur les poif» fons & l'autre fur les oifeaux. Le roi Henri II » lui avoit donné le titre de fon médecin & » lui faifoit une penfion. Il fut affaffiné en » 1564, à l'entrée du bois de Boulogne, près >> Paris. <<

M. le marquis de P**. s'étend affez peu fur la notice des oiseaux, parce que, dit-il, cet objet a été parfaitement approfondi par l'illuftre M. de Buffon. Il eft encore plus court fur les quadrupedes, non-feulement par la même raison, mais auffi parce qu'aucun auteur du 16e, fięcle n'a écrit en françois fur cet objet en particulier. Il paffe enfuite à l'hiftoire - naturelle de l'homme, & ce morceau paroîtra fans doute le plus important du volume.

La parfaite connoiffance de l'homme phyfi» que, dit-il, s'acquiert au moyen de trois » fciences particulieres, dont l'une s'appelle annthropologie, Celle-ci, très-fimple en elle-mê» me, eft fondée uniquement fur des obferva» tions journalieres & faciles à faire; elle nous » apprend cependant quelles font les variétés » de l'efpece humaine, & les variations que le » corps humain éprouve pendant le cours de »fes différens âges, & fuivant les divers cli» mats fous lefquels il vir d'ailleurs l'anthropologie ne cherche point à approfondir ce qui eft caché dans l'intérieur de notre corps :

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elle ne prétend point découvrir quels font » les moyens que la nature emploie pour opé rer fa formation, fon accroiffement, & veil»ler à fa conservation; elle fe contente de connoître les effets, fans vouloir pénétrer les caufes, ni dévoiler les fecrets de l'éco » nomie animale. Ces fecrets au contraire font » l'objet deux autres fciences plus étendues, » l'anatomie & la phyfiologie. La premiere nous » donne la connoiffance parfaite & détaillée de » toutes les parties vifibles & palpables du » corps humain..... La phyfiologie va beau » coup plus loin; elle cherche à pénétrer les » myfteres de l'économie animale, à connoî"tre les refforts les plus cachés de notre or» ganifation, & à deviner quelles font fes der» nieres & fes plus fecretes refsources; enfin, » comment s'operent tous les phénomenes que » le fimple anthropologifte fe contente d'ob» ferver & d'admirer, & dont l'anatomifte ne » connoît les caufes, qu'autant qu'il peut tou. » cher au doigt & à l'œil toutes les parties organiques qui compofent la grande & admi»rable machine du corps humain. «

Les anciens ont bien connu les noms de ces trois fciences, puisqu'ils nous viennent d'eux, mais ils les ont toujours confondus. Les phyficiens & les médecins du 16e. fiecle ont commis fouvent la même faute : quelquefois même -elles ne font pas affez diftinguées dans les écrits de nos jours. Les premiers anatomistes & phyfiologiftes ont ajouté à cette confufion d'idées de groffieres erreurs, adoptées aveuglé.

ment

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