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que Guillaume, avant fon voyage à S. Jac ques, & même dans la route, fur le point de mourir, deftina fa fille Alienor à Louis-leJeune, la laiffant héritiere de fon duché, expreffion qui peut défigner un arrangement de vive voix, mais qui n'exclut pas un acte rédigé par écrit. Guillaume y laiffe à fa feconde fille Péronnelle les terres & les châteaux qu'il poffede en Bourgogne, comme defcendant du duc Gérard. On ne connoît que deux ́enfans de Gérard de Rouffillon, qui eft fans doute celui dont il s'agit, Thierri mort au berceau, & Eve dont on ignore le fort. Il faut donc, fi le teftament eft vrai, que Guillaume tire fon origine de cette fille. On fair qu'il remontoit en droite ligne à Bernard, qui reçut en 867 de Charles-le-Chauve le comté de Poitiers. Comme on ignore abfolument le nom de la femme de Bernard, c'eft peut-être Eve ellemême. Cependant aucun monument hiftorique ne nous apprend que les ducs d'Aquitaine aient jamais rien poffedé en Bourgogne. D'un autre côté, dira-t-on que Raoul, comte de Vermandois, qui répudia fa premiere femme pour Péronnelle, l'époufa fans dot, fon pere ne lui ayant rien laiffé? On ne voit d'ailleurs aucun intérêt qui ait pu déterminer à fabriquer cet acte. La fucceffion de Guillaume n'ayant jamais occafionné de difpute, jamais on n'a eu besoin d'un fauffaire pour lui fuppofer un teftament. Telles font les principales raifons qu'on allegue ici en faveur de la lé gitimité de cette piece,

38. On a fuivi pour la chronique du moine de Cluni, Richard de Poitiers, une copie manufcrite que dom Mabillon en avoit laiffée dans fes papiers; mais en la collationnant avec l'édition de Dom Martene, & celle de Muratori. Cependant on n'a marqué que les varian tes qui changent le fens, l'ouvrage de Ri ́chard ayant fubi tant d'interpolations qu'il n'est pas aifé de les diftinguer du texte primitif. Un fragment qui n'avoit pas encore vu le jour, & qui contient une complainte fur la deftruction de Châtel - Aillon (Caftrum - Julli) dans l'Aunis, fert de fupplément à cette chronique.

39. Dans le 11e. volume on a déterminé le tems où vivoit Geoffroi, prieur de Vigeois; on fixe ici fon origine & le lieu de fa naiffance. Son pere, Geoffroi de Breuil, étoit de Clermont près d'Exideuil, parent des feigneurs de Las-Tours du côté de fa mere; il fut mis dès fon enfance dans le monaftere de S. Martial, dont fa chronique porte quelquefois le nom, où il fit profeffion vers l'an 1160, & nommé prieur du Vigeois vers l'an 1177. I ne parle guere, dans cette chronique, qui feroit excellente s'il y avoit plus d'ordre, que des événemens du Limofin, avec les généa logies des principales familles du pays, dont on avoit donné des échantillons dans le tome précédent; on les retrouve ici toutes entieres.

40. On voit ici un fupplément à la chroni que de Vendôme, dite auffi d'Angers, lequel comprend un efpaçe d'environ 200 ans, depuis l'an 1060 jufqu'en 1251. On y remarque

bien des chofes curieufes & intéreffantes pour l'hiftoire du Vendomois. Guillaume-le-Breton donne pour une des meilleures places du royaume le château de Vendôme, dont Grégoire de Tours a parlé le premier, & dont l'origine n'a pas encore été découverte. Le Vendomois, quoique compris dans le Chartrain, n'a jamais été foumis aux comtes de Chartres, vraifemblablement par la raifon que, faifant autrefois partie du duché de France, il en fut enfuite démembré pour être uni au comté d'Anjou. Mais ce qui paroît difficile à expliquer, c'eft que le château de Vendôme étoit autrefois dans la mouvance des évêques de Chartres. C'eft ce qui paroît prouvé par une lettre de Fulbert, évêque de cette ville.

41. On regrette de n'avoir pas dans fon entier l'hiftoire que Foulque le Rechin, comte d'Anjou, avoit faite de fes prédéceffeurs & de lui-même. On trouveroit dans ce qui manque, de même que dans le regiftre d'Urbain II, qui eft auffi perdu, bien des particularités pour ces tems orageux & obfcurs qui fuivirent le divorce de Philippe I.

42. C'eft d'après le P. Sirmond, Duchêne & Baluze, qu'on a publié le commentaire d'Huges de Cléers fur la fénéchauffée & le dapiférat de France. L'auteur naquit vers la fin du onzieme fiecle, d'une famille noble d'Anjou, la même que celle de Clers, felon Ménage. Dans une chartre de l'abbaye de Vendôme, il eft qualifié fénéchal de la Flêche & de Baugé. L'ouvrage eft divifé en deux par

ties; la premiere, qui porte le nom de Foulque Nerra, comte d'Anjou, eft un tiffu d'anachronismes relevés dans les notes. Mais doit-on rejetter ce qui eft dit dans la feconde fur la fénéchauffée & le dapiférat? D'abord il eft certain, fuivant la remarque des auteurs; que Henri II, roi d'Angleterre, n'étant encore que comte d'Anjou, eut foin de fe faire confirmer cette double charge. Il ne l'eft pas moins que Henri fon fils exerça les fonctions du dapiférat: car Robert du Mont attefte fur l'an 1169, qu'il fervit le roi de France à table en qualité de fénéchal. De-là ils concluent, 1o. qu'avant que Huges de Cléers fût député au roi Louis VI, par Foulque-leJeune, comte d'Anjou, pour révendiquer la fénéchauffée & le dapiférat de France, il exiftoit un écrit fous le nom de Foulque Nerra touchant le droit à ces deux charges: ouvrage fuppofé, à la vérité, pour appuyer la prétention des ducs d'Anjou : 2°. que Louis VI & fes miniftres, craignant que Foulque ne leur manquât dans un befoin preffant, n'apperçurent pas, ou feignirent de ne pas appercevoir la fauffeté de la piece: 3°. que Foulque & fes fucceffeurs, tant qu'ils ne furent pas revêtus de la dignité royale, firent plus ou moins rarement les fonctions du dapiférat. Auffi ne trouve t-on que quatre dapiferes parmi les comtes d'Anjou; parce que Henri, monté fur le trône d'Angleterre, ayant perdu, en 1183, fon fils, qui en avoit fait les fonctions, & étant rentré dans la poffeffion du comté d'Anjou,

!

renonça tacitement au dapiférat, comme à une charge trop inférieure à la dignité royale, & fupprimée en 1207 par Philippe-Augufte. Mais avant cette fuppreffion on voit Thibaut V, comte de Blois, revêtu du titre de dapifere jufqu'à l'an 1191, & cette charge vaquer pendant feize ans ; de forte que dans les diplômes royaux on employoit la formule, le dapifèrat

vacant.

Mais quel pouvoit être le fondement de la prétention de Foulque-le-Jeune & de fes aïeux ? Voici fur ce point la conjecture des auteurs. L'intendance de la maifon du roi & le commandement des armées étoient deux attributs du duché de France avant qu'il fût uni à la couronne. Or, le comté d'Anjou étoit un démembrement de ce duché d'où les comtes d'Anjou concluoient qu'ils avoient fuccédé aux prérogatives des ducs de France, & que, comme eux, ils exerçoient, en qualité de dapiferes, les mêmes fonctions, foit dans la maifon du roi, foit à l'armée.

43. Le dernier extrait des Geftes des comtes d'Angers paroit dans ce volume, de même que

44. La derniere portion des Geftes des feigneurs d'Amboife. On montre par des erreurs communes à ces deux ouvrages, & par des exemples, qu'ils font du même auteur, c'eft-àdire, de Jean, moine de Marmoutier, dont

on a

45. L'hiftoire de Geoffroi Plantagenet, comte d'Anjou, en deux livres, qui font plutôt

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