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mais comme nous avons fur nos expéditions d'outre-mer un nombre prodigieux d'ouvrages en la tin, en françois, en grec, en arabe, en fyriaque, &c. on a jugé devoir en réserver les extraits pour une autre collection qui fournira un affez grand nombre de volumes.

1. La premiere piece que préfente celui-ci eft la fuite d'un fragment de l'hiftoire de France, publié d'abord par Pithou, enfuite par Duchesne, & revu, dans la nouvelle édition, fur le manufcrit 6190 de la bibliotheque du roi. L'auteur vivoit en 1108, époque de la mort de Philippe I, puifqu'il attefte que cette année même, il vit, avec plufieurs perfonnes fur le bord de la Garonne, un parhélie qui dura depuis deux heures jufqu'à cinq, c'està-dire, trois foleils, dans un vafte cercle, un à l'orient, un au midi, & le troifieme au nord. Il étoit moine de la Réole, qui eft une dépendance de Fleuri.

2. Mais il ne faut pas le confondre avec Hugue de Sainte-Marie, religieux de ce dernier monaftere, qui vivoit dans le même tems, & qui compofa non-feulement un écrit fur la dignité royale & facerdotale durant la querelle des papes & des empereurs d'Allemagne; mais encore deux ouvrages hiftoriques, l'un contenant en fix livres une chronique univerfelle depuis Abraham jufqu'à lui, un autre plus fuccint fur les rois modernes des François, commençant au regne de Louis-le-Begue & finiffant à la premiere année de Louis-le-Gros, Dom Bouquet avoit averti que les derniers

feuillets de cette chronique étoient déchirés dans le manufcrit du roi, & les nouveaux édi teurs croyoient cette perte irréparable; mais tandis que l'impreffion s'avançoit, ils ont ap pris, par le R. P. Jean Nepomucene, bibliothé caire des Carmes-Defchauffes à Liege, que l'ouvrage entier exiftoit dans l'abbaye impériale de S. Trond. La lacune a donc été remplie, mais il a fallu renvoyer ce fupplément à la fin du volume. On croit que l'auteur étoit Normand, & peut-être de l'ancienne & noble famille de Sainte-Marie, qui fubfifte encore dans cette province, où eft un bourg dụ mê

me nom.

3. La Vie de Louis, par Suger, eft accom pagnée de notes qui montrent qu'elle n'eft pas tout-à-fait exempte de fautes, bien pardonnables fans doute à un homme chargé de tout le poids des affaires d'un grand royaume.

4. La Chronique de Morigni confifte en trois livres compofés par trois auteurs différens, mais contemporains. Le premier a été compofé par Teulfe, qui devint abbé de ce monaftere en 1109 ou 1110. Il en refte peu de chofe, & à peine dans ce refte les éditeurs ont-ils trouvé la matiere d'un extrait. Le fecond, plus utile & plus agréable, eft femé de traits intéreffans de l'hiftoire, tant civile qu'eccléfiaftique, qu'il importoit de recueillir. Le troisieme, non moins utile, a, par la mê. me railon, paffé prefque tout entier dans cette collection,

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5. Odon ou Eudes de Deuil, fa patrie,

dans

dans la vallée de Montmorenci, difciple de Suger & fon fucceffeur dans l'abbaye de St. Denis, accompagna Louis-le-Jeune, comme fon fecrétaire, lorfque ce prince partit pour la Terre-Sainte, & donna en fept livres le pélerinage du roi. Il commence par les préparatifs de cette expédition, fuit le prince en Allemagne jufqu'à fon arrivée à Conftantinople, décrit l'entrée des François en Afie, leurs fuccès divers dans cette contrée, & finit au débarquement du roi au port d'Antioche, après avoir expofé les raifons qui déterminerent ce prince à quitter fon armée. On regrette qu'il n'ait pas conduit fon récit jufqu'au retour du roi en France. Peut-être les follicitudes & les traverfes qui l'agiterent fans relâche, depuis qu'il fut rendu à fa patrie, & nommé en 1150 premier abbé du monaftere de Compiegne, ne lui permirent-elles pas de continuer fon ouvrage, d'où l'on n'a extrait que les faits qui fe font paffés dans les limites de la France, par la raison que nous avons indiquée précédemment.

6. Un fragment tiré d'un ancien manufcrit fait mention d'une impofition fur l'abbaye de St. Benoît-fur-Loire, par Louis-le-Jeune. On croit que c'est le premier exemple donné par nos rois de la troifieme race; exemple d'au tant plus remarquable, que l'impofition, comme on le montre dans une note, s'étendit à tour de clergé de France, ou du moins aux ég fes les mieux dotées de ce royaume.

7. Les progrès qu'avoient faits dans ce Tome 111

C

fiecle les arts les plus utiles, tels que l'architecture, la fculpture, la fonderie, la cizelure, fe montrent dans ce que Suger a écrit, fur ce qu'il a fait durant fon gouvernement abbatial, & pour la conftrution de fon églife. On préfume néanmoins que c'est ici le style moins de Suger, que de quelqu'un de fes difciples animé de fon esprit.

8. Il eft affez probable que l'auteur eft Guillaume, qui étoit fecrétaire de Suger, & qui a donné fa vie qu'on voit ici publiée pour la quatrieme fois. Les favans rédacteurs prennent en paffant la défenfe de l'hiftorien & de fon héros contre les attaques récentes d'un ou deux modernes. Pour noircir la réputation du célebre abbé de St. Denis, il a fallu s'élever hardiment contre l'opinion générale du fiecle où il a vécu, & ne tenir aucun compte de ce qu'en ont penfé les perfonnages les plus diftingués dans l'églife & dans l'état.

9. L'auteur inconnu d'une hiftoire des François, commençant à l'origine de la nation, & dont le manufcrit fe conferve dans la bibliotheque de St. Germain-des-Prés, n'a fait que coudre enfemble des lambeaux pris çà & là, jufqu'au regne de Philippe I; depuis cette époque il a un ftyle à lui; & comme il traite avec affez de connoiffance les affaires de fon tems, il méritoit de n'être pas oublié. Il termine fon hiftoire à l'an 1152.

10. Les rédacteurs avoient déja remarqué, dans le tome précédent, que la continuation d'Aimoin eft l'ouvrage d'un ou de plufieurs

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religieux de St. Germain-des-Prés, qui y ont inféré des détails affez curieux fur les affaires de leur monaftere. C'est à ces morceaux qu'on a donné la préférence, le refte étant emprunté de la vie de Louis-le-Gros & de l'hiftoire de fon fils, attribuée à Suger.

11. Cet abbé, felon le témoignage de for historien, avoit affectivement entrepris l'hiftoire de Louis-le-Gros. On a fur ce fujet deux ouvrages, l'un fous le titre d'Histoire du glorieux monarque Louis VII, l'autre intitulé les Geftes de Louis VII. Mais les favans éditeurs croyent que ni l'une ni l'autre de ces productions ne font de Suger, tant le ftyle en eft différent de celui de l'hiftoire de Louis VI, composée par cet abbé. D'ailleurs cette hiftoire de Louisle-Jeune eft conduite d'une maniere uniforme jufqu'à l'an 1165, tems où ne vivoit plus Suger. L'auteur des Geftes débute par faire mention du tombeau de Louis VII dans l'abbaye du Sacré Port, aujourd'hui Barbeaux, près de Melun; & ce prince ne mourut qu'en 1180. De plus, il n'eft parlé de Suger dans aucun de ces ouvrages, comme fi cette abbé n'eût jqué aucun rôle important fous le regne de Louis VII. Les auteurs avoient d'abord eu l'intention d'exclure de leur collection les Geftes, parce qu'ils roulent en grande partie fur la croifade de Louis le-Jeune, & que le furplus eft tiré prefque mot-à mot de l'hiftoire de ce prince. Mais, considérant enfuite qu'ils fe trouvent traduits en françois dans les grandes chroniques de St. Denis, ils ont jugé plus à propos de

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