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celle que néceffitent les fimples planchers que l'on fait en charpente. Dans ce nouveau plancher il n'entre aucune espece de bois. Il est plus léger que les planchers ordinaires, prend moins d'épaiffeur, & n'eft pas dans le cas de s'affaiffer comme eux. Il laiffe la liberté de placer les cheminées par tout où l'on veut, n'exige point de chaînes de pierre dans les murs, peut être carrelé, plafonné fans lattes, & ne differe cependant en rien de la forme extérieure des autres planchers.

Sa conftruction eft bien fimple. Il eft compofé de diftance à autre de deux barres de fer plat pofées l'une fur l'autre, l'inférieure eft de ligne droite; la fupérieure, qui eft de ligne courbe, eft arrêtée par fes extrêmités fur celles de la barre inférieure & foutenue de place en place par des brides; de maniere que ces deux barres affemblées ne peuvent ni s'allonger, ni plier dans toute leur longueur. Entre chaque diftance font placées des côtes de vache ou morceaux de petit fer commun, pour foutenir & her un ourdis de plâtre qui fe fait entre les deux barres de fer dont je viens de parler.

M. Ango, architecte-expert, entrepreneur, auteur de ce nouveau plancher, m'en a montré le modele qu'il fe propofe d'exécuter dans fa maifon, rue S. Victor, vis-à-vis les murs de l'abbaye, au printems prochain. Ce plancher fera de vingt pieds de long fur treize pieds de large dans œuvre. «

Je fuis, &c. P * * * *.

I V.

FOUR économique.

Un confeiller des mines & bâtimens du roi de Pruffe, M. Frédéric Holfch, a imaginé un four propre à cuire le pain avec du charbon de terre. Le mérite de cette invention confif toit à profiter de toute la chaleur que cette fubftance eft fufceptible de donner, & à éviter les inconvéniens qui réfultent de fa combuftion; c'eft ce qu'a fait M. Holfch en isolant le foyer & en plaçant le charbon de terre audeffus du four; enforte que, par ce moyen, il n'y a pas de communication entre le corps combustible & le pain comme dans nos fours ordinaires, où le pain fe place fur l'âtre même où le bois a brûlé, maniere de chauffer les fours qui ne peut pas avoir lieu avec le charbon de terre, parce que la fumée qu'il exhale pénetre les foyers, y adhere & communiqueroit au pain fon odeur infoutenable. On conçoit que l'utilité & l'économie dont eft cette invention a dû la faire promptement adopter; auffi a-t-on déja conftruit de ces fours dans plufieurs fortereffes & boulangeries de camp. Nous nous empreffons de faire connoître cette découverte, qui peut être intéreffante dans celles de nos provinces de France où le charbon de terre eft en ufage.

(Journal de Paris.)

V.

REMARQUES effentielles adreffees aux rédacteurs de l'Esprit des Journaux ; par l'abbé ďEVIRLANGE DE WITRY, touchant fa lampe ico. nomique & univerfelle.

Comme malgré les fréquentes demandes que l'on fait de ces lampes, annoncées dans un de vos Journaux (), il peut y avoir des perfonnes qui n'y trouvent pas tous les avantages promis, j'ai cru convenable de donner ici un précis des attentions requifes, pour qu'il ne refte plus rien à defirer touchant ces lampes.

Pour les remplir, l'on fort le gobelet où font foudés les tuyaux quarrés contenant les mêches, enfuite on verfe de l'huile très fine dans l'intérieur de la colonne prefque jufqu'à la hauteur du bourelet ou renflement pratiqué au haut de la colonne; cela fait, on replace ce gobelet, ou réfervoir, & à l'aide de la lampe afpirante & foulante, dont la verge se voit dans la rainure de la colonne, l'on fait monter l'huile dans ce réfervoir jufqu'à ce qu'elle abreuve les mêches. Ce réfervoir rempli peut fournir plufieurs heures de fuite fans avoir à pomper de nouveau. Le point effentiel pour obtenir tout l'effet de notre lampe confifte dans la taille des mêches; elles doivent être du coton le plus fin, jouer librement dans les petits tuyaux; pour lors, avec des petits cifeaux bien tranchans, on coupe ces mêches en forme de bec de pinceau: un peu

(*) Journal d'oñobre 1780, page 336 & fuivantes.

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mouffe. Une précaution importante, c'est que
leur hauteur ne depaffe les tuyaux que de deux
à trois lignes; allumées en cet état elles donnent
une lumiere égale, tranquille l'espace de fix à
fept heures fans avoir à y toucher. Vers la fin
de cet intervalle, fi l'on s'apperçoit d'un de-
croiffement de lumiere, on y remédie par un
ou deux coups de pompe, ou par le rappro-
chement des miroirs; mais l'on doit s'abftenir
de toucher aux mêches, fans quoi l'on gâte tout :
la preuve certaine que les mêches font duement
taillées, c'est qu'elles demeurent bien noires,
& ne forment ni chapeaux ni flammêches étin-
cellantes, ce qui n'arrive qu'au bout de fix à
fept heures; pour lors il faut les tailler de nou-
veau; opération que l'on peut faire tout d'un
coup à l'aide des mouchettes que j'ai imaginées,
& qui fe trouvent jointes à l'envoi de cette
lampe; il faut pour la réuffite que ces mêches,"
après avoir fervi fix à fept heures foient dur-
cies & réduites en charbon, pour lors avec les
petites pinces on éleve les mêches à telle hau-
teur que la partie conique du tranchant des mou-
chettes embraffe, ce que l'on veut couper de la
mêche charbonneufe; fi l'on a manqué la taille
avec ces mouchettes pour avoir faifi les parties
molles du coton qui résistent à l'action du cône
tranchant au lieu du corps charbonneux, l'on
en fera quitte pour les refaire à l'aide de ci-
feaux, mais l'ouvrage eft un peu plus long, &
moins exact; plufieurs néanmoins s'en tiennent
à l'ufage des cifeaux, & ne s'en trouvent pas mal.
Un autre obftacle fur lequel il eft important
de prévenir, c'est que comme il n'arrive guere
que l'on tienne une lampe allumée fix ou fept
heures de fuite, lorsqu'il s'agira de la rallu-
mer te fût-ce qu'au bout de deux ou trois

heures, la mêche déja durcie s'allume difficile ment. La pratique vulgaire, en pareil cas, est de heurter ou de froiffer, de divifer les mêches pour qu'elles s'enflamment plus vite, méthode qu'il faut foigneufement éviter, fi l'on veut conferver une belle lumiere; il faut donc fe borner à tenir la mêche allumée d'un pain de bougie à portée des mêches de notre lampe, jusqu'à ce que celles-ci s'enflamment; peu-à-peu l'on fera bien récompenfé de fa patience; ces mêches durcies étant rallumées dans cet état, en devenant des tuyaux capillaires, par où l'huile s'infiltre, donnent une lumiere pare & plus égale qu'avant qu'elles fuffent durcies; ce n'eft, comme je l'ai dit, qu'au bout de fix à fept heures qu'elles refusent totalement fervice, & qu'il faut en revenir à une taille nouvelle.

Il me reste à dire un mot fur les deux réverberes contre lefquels fe révoltent fi fort fur-tout les jeunes yeux, mais outre que l'on peut modérer à volonté leur éclat en les éloignant, l'on doit fe rappeller que leur ufage principal eft de ranimer la lumiere lorfqu'elle décroît, afin d'éviter de tourmenter les mêches, de leur faire donner une lumiere inégale, & la mauvaife odeur des lampes ordinaires, puifque la préparation des mêches eft le noeud effentiel de cette invention des chymiftes; elle peut donc s'adapter à toute lampe quelconque; je n'en difconviens pas; mais tout autre que la nôtre ne peut remédier auffi efficacement à la diminution de la lumiere, puifque l'on y peut toujours tenir les mêches également abreuvées, ce qui eft impoffible par les autres, à moins d'y rendre continuellement de nouvel aliment, ce que l'on a évité à tel point par celle-ci, qu'une fois remplie elle l'eft pour tout un hiver.

On

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