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cun ufage quelconque, il montre qu'il n'y en a aucun qui, étant trop généralisé, ne devienne abus, & il tâche de fixer de juftes bornes à tous ceux que nos ancêtres ont fuivis, ou qu'on a introduits de nos jours relativement à fon fujet.

Il a divifé fon opufcule fur l'allaitement en deux parties dans la premiere, intitulée: Des obftacles à l'allaitement, provenant de la mere, il traite en neuf paragraphes; 1o. de la forme naturelle des mamellons; 2°. des formes qui font contre nature; 3°. des caufes qui les rendent telles; 4°. de la néceffité de former les mamellons; 5°. du tems où il faut commencer à y travailler; 6o. des moyens qu'on doit y employer les trois autres paragraphes concernent le commencement de l'allaitement, les petites & les grandes difficultés qui proviennent de la part de la mere.

Dans la feconde partie, M. Levret expose les obftacles à l'allaitement, provenant de la part de l'enfant ; elle contient fept paragraphes, dont le premier eft confacré aux obftacles qui font quelquefois une fuite de l'accouchement : il eft queftion dans les autres; 1o. des narines trop étroites; 2°. du défaut d'aptitude à tetter; 3. du filet & de la maniere de le couper; 4°. des brides latérales de la langue; 5. de la foubrelangue; 6o. du bec de lievre de naiffance.

A ces nouvelles obfervations eft jointe une differtation intitulée: Obfervations fur les foins qu'exigent les enfans qui viennent de naître, tang

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pour remédier aux différens vices de conformation que pour prévenir plufieurs accidens auxquels ils font exposés. M. Levret s'y occupe en 17 paragraphes, de la ligature du cordon ombilical; des exomphales; de l'enduit pâteux des enfans naiffans; des defcentes dans les bourfes; des tumeurs fanguines de la tête; des directions des extrêmités inférieures. Il fait enfuite des remarques fur le maillot, le petit berceau, la maniere de régler l'allaitement, fur les fupplémens des nourritures, le régime des nourrices, les corps des enfans, les croûtes laiteufes, le muguet, les convulfions en géné ral, le fevrage & le rachitis.

Ayant présenté ainfi un tableau général du contenu de cette brochure, nous allons en détacher quelques morceaux qui pourront fervir d'échantillon de la maniere de l'auteur. Citons d'abord un paffage dans lequel il expofe quelques avantages confécutifs qui résultent de l'allaitement. » Paffé les huit premiers jours de » la couche, les femmes qui nourriffent & » qui fe portent bien à tous égards, ont or» dinairement peu d'écoulemens utérins ; & » ces écoulemens ceffent auffi plus prompte»ment qu'à celles qui ne nourriffent pas, » parce que, dès le 3e. ou 4e. jour après l'ac» couchement, le fang, qui fe porte ordinai»rement alors en abondance du côté des ma»melles, pour la formation du lait, ne dif» continuant point de s'y porter abondamment, » ce fuperflu abandonne la route de la matrice. » Ainfi, loin de s'allarmer de cette différen

» ce, ce qui arrive quelquefois aux perfonnes » fans expérience, on doit en être fatisfait » puifque c'eft un effet naturel, très-avanta» geux pour la mere & pour l'enfant, celui» ci trouvant alors, & par cette raison, une » quantité fuffifante de lait pour la nourritu » re, tandis que la mere fe trouve en même»tems, non-feulement délivrée promptement » des tranchées utérines, fi elle en avoit, » mais à l'abri du fentiment de pefanteur que » ces tranchées occafionnent avec une espece » de tenesme qui les force quelquefois à pouf», fer involontairement, comme pendant le tra» vail de l'accouchement : cela eft fi vrai que les femmes du peuple qui nourriffent, ne font pas, toutes chofes d'ailleurs égales, fi fujettes » aux defcentes de matrice que celles qui ne nour» riffent pas, quoique les unes & les autres vaquent à leurs affaires peu de jours après >> leurs accouchemens, «<

» Les enfans, dit M. Levret, en parlant des foins qu'exigent les nouveaux-nés, § 19, font » très-fujets à naître plus ou moins couverts. » d'une espece de pâte tenace qu'on eft obligé » de leur ôter tout de fuite à quoi on réuffit » affez bien ordinairement avec du vin chaud » dans lequel on a fait fondre un peu de beurre. » Lorfque l'enfant eft du fexe féminin, fi on » manque de bien nettoyer la vulve de cet en» duit pâteux, il arrive quelquefois que cette » matiere craffe & fébacée venant à fe rancir » par la chaleur naturelle des parties, y occa fionne de l'inflammation avec écoulement

» glaireux & comme fanieux; état que nous » avons vu plufieurs fois avoir troublé la tran"quillité de quelques familles, ayant donné » des foupçons injurieux fur le défaut de pureté du fang des peres & meres : à la vérité ces foupçons ont été bientôt diffipés après » qu'on a ôté ces petits pelottons de matiere » craffe, & que la vulve a été baffinée plu»fieurs fois avec du vin tiede; mais le difgra»cieux que ces fortes de foupçons, quoique

mal fondés, laiffent après eux dans la mé»moire, n'importe de qui, eft fans contredit » plus que fuffifant pour ne point négliger de bien nettoyer ces parties.

Nous avons choifi ces deux paffages pour prouver jufqu'où l'auteur pouffe l'atention dans les détails. Nous terminerons cet extrait par un fait de pratique. M. Levret, qui, en parlant des croûtes de lait & autres éruptions pareilles, familieres aux enfans, a remarqué que ceux auxquels on exprime le fang du nombril, y font rarement fujets, & que l'infufion de racine de canne de Provence, à la dose d'un demigros par pinte, donnée en guife de boiffon or dinaire, eft auffi d'un ufage très - avantageux dans tous ces cas, fait mention de la garance, dont il a retiré des fuccès étonnans, fur-tout contre le rachitis; & c'est en exposant les vertus de cette racine qu'il ajoute: » Enfin, croi

roit-on qu'avec ce médicament, nous ayons » guéri, aux yeux de gens très-clairvoyans, » un enfant qui, indépendamment de tous les » effets ordinaires du ramolliffement des os,

étoit devenu hydrocéphale au point d'avoir » toutes les futures du crâne confidérablement » écartées, & qui, aujourd'hui fait déja un " très-beau cavalier, fils - unique d'une famille > très refpectable & fort riche? Il a 15 à 16 » ans «. Il déclare enfin que la cause qui pro duit ordinairement le ramolliffement des os, eft la même que celle des croûtes laiteufes & du muguet.

On auroit defiré trouver dans cet ouvrage, un peu plus d'ordre dans la diftribution des articles, & un peu plus d'intérêt dans la ma niere dont ils font préfentés; cet ouvrage étant de la nature de ceux qu'on doit mettre entre les mains de tout le monde.

Nous nous permettrons une feule remarque fur le régime que M. Levret indiquoit dans le traitement du rachitis. On vient de voir que cet auteur faifoit ufage avec fuccès de la racine de garance dans cette maladie. Lorfque les enfans ne vouloient pas boire de l'infufion de racine, il confeilloit de la leur donner en poudre, chaque jour à la dofe d'un demi-gros, & de la leur faire prendre dans des confitures. Il confeille indifféremment celle de prunes ou de pommes, & les aigrelettes lorfqu'ils font altérés, (page 123.) Nous croyons que ce feroit une fort mauvaise méthode de leur donner, dans ce cas, & habituellement, la confiture ou gelée de grofeilles. Indépendamment du tort que font en général les alimens trop acides aux enfans, ils ont encore un inconvénient très-grand dans cette maladie, qui eft d'augmen

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