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PHARMACIE. CHIMIE. renferment plus que toute autre espèce de smilax beaucoup de pareglin ou ce qu'on appelle plus généralement smilacin, et ce qui est probablement le principe actif de la salsepareille. Puisque avant qu'on introduisit la salsepareille de la Jamaïque, l'espèce la plus estimée était la salsepareille brésilienne, et que la racine de salsepareille que nous avons obtenue dans le Guatemala provient vraisemblablement de la même plante, nous sommes persuadé qu'elle possède aussi les mêmes propriétés médicinales. Cependant il n'a pas été confirmé par l'analyse que la salsepareille brésilienne contint une plus grande quantité de smilacin que les autres espèces de salsepareilles.

Ayant maintenant décrit l'échantillon de smilax un peu en détail à cause de son intérêt, nous allons passer à la description de la botte de racines de salsepareille qui y était jointe, et d'où provient l'échantillon de smilax. 'Les racines qui composaient cette botte étaient séparées, attachées ensemble par une tige flexible et formant un paquet cylindrique. La botte dont nous donnons la description a environ 2 pieds 8 pouces de long, 12 pouces de circonférence et pèse près de 2 livres. Il ne s'y trouvait pas de troncs. Par la manière d'empaqueter, les racines ressemblent à celles de la salsepareille brésilienne. Elles s'accordent avec cette dernière en ce qu'on n'y trouve pas de tronc et aussi parce qu'elles sont attachées en un faisceau ou rouleau cylindrique par le moyen d'une tige flexible. Cependant les rouleaux de la salsepareille brésilienne sont d'une nature plus compacte, et la tige flexible, appelée timbolitica, qui sert à les attacher, n'est pas de la même nature que celle qu'on a employée pour attacher la botte qui est devant nous. Ainsi le timbotitica a une forme quelque peu triangulaire avec trois incisions profondes dans l'intérieur, et une section transverse montre une structure poreuse comme celle d'un morceau de canne; mais le dernier, quoique triangulaire dans sa forme, n'est pas si ferme de tissu, pas d'incisions dans l'intérieur et la section transverse ne présente pas une structure aussi poreuse.

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Extérieurement, les racines sont sillonnées longitudinalement et souvent gonflées, ressemblant sous ces rapports à la salsepareille Caracas ou Gouty Vera-Cruz salsepareille. Elles varient de couleur depuis le jaune pâle jusqu'à l'orange-rougé. Toutes les branches sont garnies de raticules ou barbe. Leur épaisseur moyenne est celle d'un tuyau de plume à écrire, mais il y en a souvent de plus grosses et quelquefois de plus petites. La partie corticale est très fragile, souvent cassée d'une manière annulaire et peut être aisément séparée de la corde ligneuse. Si l'on frotte les racines il s'en échappe une poussière blanche.

Quand on examine cette poussière au microscope, on voit qu'elle est composée de granules d'amidon présentant généralement les caractères de ceux qu'on obtient de l'écorce des racines des diverses espèces de salsepareille. Ces granules sont fréquemment composés et comprennent de deux à six collectifs qui, lorsqu'ils sont séparés, paraissent d'un très petit volume, à peu près la 2000 partie de 1 pouce de longueur, quelquefois d'une forme sphérique irrégulière ou d'une forme triangulaire, mais le plus souvent, comme ils sont pressés les uns contre les autres, ils sont plus ou moins aplatis à la base, et, étant pressés sur plus d'un point, ils présentent un sommet à deux ou trois faces. Cependant ces granules féculents présentent à l'examen une particularité, c'est qu'ils ont un hile très distinct qui se fend géné

ralement d'une manière rayonnée, tandis que les granules féculents desautres espèces de salsepareille, qui y ressemblent dans leur caractère amylacé, ne présentent, quand on les regarde à la lumière ordinaire, qu'un hile très indistinct ou quelquefois pas du tout, et quand on regarde à l'aide de la lumière polarisée on aperçoit très promptement ce hile. Cette différence dans l'apparence des granules est probablement due à quelque différence dans la manière dont cette espèce de salsepareille a été préparée. Le goût de cette racine est amylacé et peut-être légèrement àcre, mais elle n'a pas d'odeur perceptible.

En faisant une section transverse, nous trouvons une partie corticale épaisse qui est généralement sans couleur, mais qu'on trouve être quelque · fois d'un rose tendre. En dedans de cette partie nous trouvons le cordon ligneux. L'épaisseur de cette partie corticale est généralement de la moitié ou du tiers du cordon ligneux.

En examinant au microscope on voit que la médule contient un assez grand nombre de granules féculents. La largeur de la médule est ordinairement une fois et demie et quelquefois plus de la largeur de la zone boisée. Sous ce rapport, elle ressemble à la salsepareille Honduras, et, d'après Schleiden, à toutes les espèces de salsepareilles qu'on trouve dans l'Amérique centrale. Les cellules du liber, ou, comme l'appelle Schleiden, le nucleus sheath, sont éloignées radicalement ou de dedans en dehors, et les parois de ces cellulessont plus épaisses intérieurement qu'extérieurement. Sous ce rapport elle ressemble à la salsepareille de l'Amérique du sud et à celle du Mexique qui, d'après Schleiden, présentent toujours cette particularité. Cette apparence microscopique est remarquable, parce que Schleiden dit que la salsepareilleHonduras et celles qu'on trouve dans l'Amérique du sud sont caracté... risées parce qu'elles ont les cellules du liber ou carrées ou allongées transversalement, que les parois en sont toujours de même épaisseur; et il croit pouvoir distinguer les salsepareilles de l'Amérique du centre d'avec celles de l'Amérique du sud, d'après ces apparences présentées et combinées avec les différentes proportions de la couche ligneuse et de la médullaire. Mais si ceci est vrai (ce que je n'ose croire, autant que j'en puis juger par mon expérience, car j'ai observé plusieurs espèces de salsepareilles brésiliennes dans lesquelles les cellules du nucleus sheath sont éloignées de dedans en dehors, et qui se trouve être d'accord avec Schleiden sur l'anatomie de la salsepareille de l'Amérique du sud, mais dont les parois intérieures et extérieures étaient de la même épaisseur, et elle se trouvait ainsi rentrer dans la variété Honduras), ce ne peut être dans cette occasion, car nous avons une salsepareille de l'Amérique centrale qui concorde parfaitement avec Schleiden, quant à ce qui regarde les proportions relatives de la couche ligneuse et de la médullaire, mais qui en diffère en ce que les cellules du nucleus sheath sont éloignées du dedans en dehors ou radicalement, et parce que les parois intérieures sont plus épaisses que les parois extérieures.

Ayant maintenant décrit les caractères externes, internes, microscopiques de notre échantillon de salsepareille, nous allons maintenant en décrire brièvement les caractères chimiques. Si nous faisons une section tranverse et que nous y appliquions une goutte d'acide sulfurique, la zone boisée est immédiatement changée en une couleur rouge foncée presque noire (ce qui est dû à l'action de l'acide sur le smilacin), tandis que la médule et les couches corticales intérieures restent intacles.

PHARMACIE.

Si l'on fait une décoction, on voit qu'elle est d'une couleur plus pâle que celle de la salsepareille de la Jamaïque, et si l'on ajoute à cette décoction une solution froide d'iode, la décoction devient immédiatement d'un bleu foncé. Si l'on jette une forte décoction dans l'alcool, il se forme un précipité épais d'amidon. Si l'on met un extrait préparé de cette espèce de salsepareille dans de l'eau, il n'est pas complétement insoluble, mais il forme une solution trouble qui devient immédiatement d'un bleu foncé si l'on y ajoute de la teinture d'iode. D'après les caractères donnés de notre racine de salsepareille, d'après son apparence épaisse et gonflée, d'après le gros volume et la pâle couleur de sa partie corticale, d'après l'abondance d'empois ou farine contenu dans les cellules des couches extérieures corticales, et d'après sa manière d'agir avec les réactifs, nous n'hésitons pas à la classer dans la division farineuse ou amylacée des salsepareilles, qui se trouve dans la classification de feu le docteur Pereira.

Dans cette division nous avons décrit trois espèces commerciales de salsepareilles, savoir la salsepareille Honduras, la salsepareille Caracas et la salsepareille brésilienne. Une question maintenant s'élève. Classerons-nous notre salsepareille dans une de ces trois espèces? Je ne le crois pas, quoique sous quelques rapports elle présente des points de ressemblance avec les trois. Par exemple, elle ressemble à la brésilienne, ainsi que nous l'avons déjà vu, dans la manière de l'empaqueter, mais elle en diffère parce que les racines sont beaucoup plus larges, beaucoup plus éloignées extérieurement dans une direction longitudinale; elle en diffère parce qu'elle est orange, ou d'un rouge orangé plutôt que brune, ou d'un rouge-brun comme la brésilienne, et aussi parce qu'elle a plus de raticules ou barbe; anatomiquement, elle approche de l'espèce brésilienne dans la proportion relative du cordon ligneux et de la partie corticale, et aussi dans la direction radiale et les autres caractères des cellules du nucleus sheath, mais elle en diffère dans la médule, qui est plus petite en proportion avec la zone boisée.

Chimiquement, elle ressemble aussi à l'espèce brésilienne par l'action de l'acide sulfurique sur sa section transverse en ce que la couche boisée est changée en une couleur rouge foncé ou presque noire, tandis que la médule et les couches intérieures corticales sont tout à fait intactes. Cette différence dans l'action de l'acide sulfurique sur la couche boisée comparée avec celle sur la médule et les couches corticales intérieures ne se présente pas d'une manière aussi frappante dans les autres espèces de salsepareilles farineuses, au moins dans la salsepareille Honduras; car j'ai généralement observé que lorsque l'on met de l'acide sulfurique sur la section transverse, outre le changement de couleur de la couche boisée, les couches corticales rougissent légèrement. Dans la salsepareille Caracas nous avons aussi remarqué dans l'action de l'acide sulfurique sur les couches corticales intérieures une altération semblable, mais pas aussi marquée que dans l'espèce Honduras. J'ai trouvé aussi que dans la salsepareille Caracas la médule est généralement plus affectée quand on y ajoute de l'acide sulfurique que les autres espèces de salsepareilles farineuses. Ces quelques remarques sur l'action chimique de l'acide sulfurique sur les sections transverses de la salsepareille demandent un examen plus profond, quoique, comme règle générale, je les croie correctes. La nouvelle espèce de salsepareille diffère dans la manière d'empaqueter des espèces Honduras et

Caracas. Elle ressemble cependant à la salsepareille Honduras en épaisseur ainsi que dans la proportion entre la médule et la zone boisée, et aussi généralement dans l'épaisseur relative de la partie corticale et le cordon ligneux. Mais elle en diffère par les profondes rainures longitudinales qui la marquent extérieurement, par sa couleur, parce qu'elle a plus de raticules ou barbe; elle en diffère encore dans la direction des cellules du nucleus sheath et aussi dans l'action de l'acide sulfurique sur sa section transverse.

Elle ressemble à l'espèce Caracas dans son apparence épaisse, dans sa couleur et aussi en ce qu'elle présente extérieurement de profondes rainures longitudinales et dans la direction des cellules du nucleus sheath. Mais elle en diffère parce qu'elle a plus de barbe, parce que la médule est en plus petite quantité comparée à la couche boisée; elle en diffère peut-être aussi dans l'action de l'acide sulfurique sur sa section transverse et généralement dans la partie corticale qui se trouve être plus petite en proportion avec le cordon ligneux et aussi parce qu'elle est moins farineuse.

D'après ces remarques on voit que la nouvelle espèce de salsepareille paraît ressembler à l'espèce brésilienne dans sa structure intérieure et dans ses caractères chimiques, tandis qu'elle ne ressemble à la salsepareille Caracas qu'extérieurement. Les différences qui existent entre notre salsepareille et la brésilienne ne sont pas tellement considérables qu'elles ne puissent être mises sur le compte de la différence du climat, de la différence d'engrais et de la différence du mode de préparation; ainsi je pense que ces deux espèces peuvent être produites par la même plante.

Quant à la valeur thérapeutique de cette salsepareille, je puis affirmer sans hésiter qu'elle est au moins égale, sinon supérieure, aux autres espèces de salsepareilles farineuses employées dans le commerce. Mon opinion dans cette matière est en grande partie fondée sur quelques expériences que j'ai vu faire à M. Daniel Hanburg. M. Daniel Hanburg écrit : « Mon expérience, quant à l'extrait qu'on peut en obtenir, était faite sur 12 livres qui avaient été traitées de la manière ordinaire, c'est-à-dire par des décoctions répétées, et l'évaporation de la liqueur avait donné 2 livres 11 onces d'extrait solide de bonne consistance. » La partie produite dans ce cas était de 22 pour 100. Maintenant comme la quantité d'extrait produite par un poids donné est ordinairement considérée comme preuve de bonté dans la salsepareille, cette expérience a donc eu un résultat très favorable, car d'accord avec les expériences de M. Bathy, 5 lbs. de salsepareille Honduras produisent 10 1/2 ons. d'extrait solide, ou seulement 46 pour 100. D'après les expériences de M. Hennel, 5 lbs. de racine de salsepareille Honduras de belle qualité produisent 4 lb. d'extrait, ou 20 pour 100. L'extrait produit ordinairement par la salsepareille Honduras doit cependant être considéré comme moindre que ce dernier exemple. Le terme moyen des salsepareilles Caracas et brésilienne est moindre que celui de la salsepareille Honduras. Sur la donnée fournie par le produit de l'extrait, l'échantillon présent doit être considéré comme supérieur en qualité aux autres espèces de salsepareilles.

Maintenant, quant au goût de cette salsepareille, je ne puis distinguer aucune différence appréciable entre celle-ci et les autres espèces de salsepareilles farineuses. Ainsi on ne peut tirer aucune conclusion de cette épreuve. Maintenant la barbe est ordinairement considérée comme une

PHARMACIE. CHIMIE. 43 autre preuve de bonté, et sous ce rapport le présent exemple (autant que j'en puis juger par les racines que j'ai vues) est supérieur, car il possède généralement plus de barbe qu'aucune autre espèce farineuse, et ceci est probablement la raison pour laquelle il produit plus d'extrait, car on a généralement observé que la barbe produit une plus grande proportion d'extrait que la grosse racine. Quant à l'autre preuve de bonté, la couleur, je ne pense pas qu'on puisse tirer aucune conséquence de ce côté-là. D'après ce que nous venons de dire, je pense qu'on peut admettre que le présent exemple est égal, sinon supérieur, aux salsepareilles Honduras, Caracas et brésilienne.

Ajoutant cette espèce à la liste des salsepareilles farineuses déjà décrites dans l'arrangement de feu Pereira, nous comprenons quatre espèces commerciales, savoir: la brésilienne, la salsepareille Caracas, la salsepareille Honduras, et cette nouvelle espèce, que je propose d'appeler la salsepareille du Guatemala. Elles peuvent se subdiviser ainsi :

A. — Médule deux ou quatre fois la largeur de la couche boisée, cellules du nucleus sheath éloignées radicalement et ayant les parois plus épaisses intérieurement qu'extérieurement.

B.

a. Racines pâles, plissées, souvent gonflées, avec les tiges attachées.

4 Caracas. b. Racines d'un rouge-brun, déployées, sans tiges attachées, empaquetées en rouleaux ou en paquets cylindriques. 2 Brésilienne. Médule une fois ou une fois et demie la largeur de la couche boisée. a. Racines ployées, cellules du nucleus sheath carrées ou éloignées transversalement, d'une épaisseur presque égale de tous côtés. 3 Honduras. b. Racines déployées, sans tiges empaquetées, rouleaux ou paquets cylindriques, cellules du nucleus sheath éloignées radicalement, et ayant les parois plus épaisses intérieurement qu'extérieure4 Guatemala.

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En concluant j'émettrai cette question: Comme les caractères distinctifs entre cette nouvelle espèce de salsepareille et la salsepareille Honduras ne sont pas très remarquables, et comme la plante qui produit la dernière est probablement aussi native du Guatemala, ne pourrait-elle pas provenir de la même source botanique, c'est-à-dire du smilax papyracea ?

(Pharmaceutical Journal.)

MÉMOIRE SUR LE FRÈNE COMMUN (FRAXINUS EXCELSIOR), PAR M. ÉMILE MOUCHON, PHARMACIEN A LYON.

Les feuilles de frêne m'ont inspiré un intérêt si puissant, par suite des cures extraordinaires que j'ai vues se produire sous mes yeux; il y a dans ce précieux végétal des principes tellement efficaces pour combatire certaines affections qui font si souvent le désespoir de la médecine, telles, par exemple, que la goutte et le rhumatisme, qu'après avoir publié la note qui a figuré d'abord dans le Répertoire de pharmacie, au folio 276 du cahier de février dernier, et que tous les journaux de la capitale ont reproduite, je n'ai pas pu résister au besoin d'étudier sérieusement et avec une certaine persistance, cette intéressante jasminée, déjà si recommandable par les

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